On s’épuise, en vain, à énoncer ce qui devrait être ou qui devrait ne pas être. Le rejet des violences ne peut sérieusement emprunter la voie de la violence.
Répondre à des rapports forcés par des rapports de force est une contribution à la culture du viol.
All men ? Bien sûr que oui. Sous corset, bien sûr que oui.
C’est le corset, ce qu’il faut faire, ce qu’il faut ne pas faire, qui forge les violeurs.
Qui est prêt, dans ce monde débile où on hurle au laxisme de tribunaux pourtant toujours plus répressifs, plus excluants, à regarder posément cette réalité ?
Qui est prêt à poser sur toute l’humanité un regard de tendresse, à prendre soin de toute l’humanité ? À défaut de quoi le viol reste volontairement cultivé.
« Saleté de mec », écrit M. Dragan dans son dernier billet: non merci, la détestation se nourrit d’elle-même.
Il y a cette vision binaire, abrutissante, qui conduit à affirmer que si tu ne punis pas tu encourages, que comprendre c’est excuser.
Alors que c’est précisément et contre-intuitivement lorsque tu enfermes, lorsque tu punis, que tu suscites, et seulement lorsque tu comprends un processus qu’il peut aller à son terme.
Cesser de condamner les hommes et les femmes, d’en faire des porteurs exclusifs de fautes, est le premier pas. Les désigner à la vindicte publique, c’est propager ce qu’on déplore.
C’est le paradoxe qui s’impose à nous : ce que nous voulons éviter, nous l’appelons. Parce que nous voulons l’éviter.
Ne pas commettre, cela n’a strictement rien à voir avec vouloir que ne soit pas commis. Les règles séparées, en surplomb, en amont de l’action, donnent de l’impulsion au viol. Parce qu’elles forcent, parce qu’elles imposent, parce qu’elle privent de liberté, elles sont de la même nature que ce qu’elles entendent réduire. Ce constat je le sais, est parfaitement intolérable aux tenants d’une doctrine autoritaire, aussi stupide que retorse.
La sexualité sans la liberté est une abomination. Enfermez un un cheval, un étalon, en permanence dans un enclos, il violera n’importe quelle jument que vous aurez l’imprudence d’introduire dans son parc, ou se fera peut-être tuer si elle ajuste ses coups de pieds. Le problème n’est pas l’étalon, mais l’absence de liberté. Le corset, l’enclos humain, est rarement physique, mais bien davantage psychologique, à haute teneur en droit, édificateur de propriété. Propriété qui est d’abord, qui est seulement, une camisole de force.
Billet de blog 17 septembre 2024
La contention qui rend fou
court essai après lecture de plusieurs billets faisant écho aux récentes affaires de viols en série sur personne inconsciente et la mise au jour d’agressions sexuelles commises par une autorité morale jusqu’alors célébrée.
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.