À l’ami Cham Baya qui m’avait offert en commentaire, à propos de recherche médicale et de big pharma, s’agissant du sens de chercher pour de vrai :
Chercher des gains personnels infiniment au-delà de ce qui est nécessaire pour vivre décemment, ou chercher à résoudre une maladie grave par sa compréhension systémique, n’ont rien à voir me semble-t-il.
J’ai répondu ce qui suit, puis décidé d’en faire ce billet.
Je dis autre chose.
Si je cherche mes clés, je ne les trouverai jamais, je ne pourrai que les retrouver. Il en va de même pour toute recherche, qui a un objectif, un but, elle retrouve sans rien découvrir. La démarche du chercheur n’est pas celle d’un trouveur, mais celle d’ un retrouveur. Chercher quelque chose, re-chercher, est reproductif, de l’ordre de la re-connaissance plutôt que de la connaissance.
Il s’agit ni plus ni moins de consolider les barrières, les membranes, la maladie hostile, l’hostilité maladive, l’opposabilité.
On ne trouve que sans chercher, l’attention, l’écoute, ne cherche pas.
Chercher à résoudre une maladie grave par sa compréhension systémique, c’est de la re-cherche, et c’est à cet égard du même ordre que de chercher des gains personnels infiniment au-delà de ce qui est nécessaire pour vivre décemment
Le problème est simple : l’objectif, le motif à l’action, qui est voué à l’ineptie reproductive, au vieillissement donc à la mortalité. Retire le motif, il ne reste plus rien de l’absurdité reproductive. Pas même la mort.
Différencier le soin qui n’isole pas la maladie dans le malade ni le malade par la maladie, le soin inclusif, en totale reliance, d’un soin-acquisition qui se ferait au bénéfice exclusif de la personne qui le reçoit est essentiel, à condition de bien saisir les enjeux respectifs de ces deux types de soins.
Il existe une limite au soin, au delà de laquelle il n’est plus que nuisance, c’est lorsqu’il devient dû. Lorsqu’il est prodigué ici et pas là, lorsqu’il est destiné à un lieu déterminé, isolé.
Chercher des gains personnels n’est possible que si l’on personnalise le soin, et il est impossible de personnaliser sans faire intervenir la volonté (personne n’existe sans l’entremise de la volonté, tu ne peux penser que si j’impute une pensée au dehors de moi, au dehors du soi), initiatrice de la séparation donc du droit donc de ce qui se doit donc de ce qui nuit sans prendre soin.
Le soin, le bien-être moteur, est une vocation constante du vivant mais s’il est cloisonné, il devient mise en concurrence, par là-même impossible. Je peux prendre soin, mais je ne peux jamais prendre soin de toi sans nier par là-même le soin réel. De même que je ne peux prétendre t’aimer sans m’écarter de l’amour. C’est-à-dire que ça ne peut pas être réservé, c’est nécessairement sans objet, sans réserves.
La violence est polymorphe et constitutive de l’existence voulue, l’existence personnelle, identitaire, raison pour laquelle en condamner une forme particulière revient à nourrir toutes les autres.
Condamner telle violence pour croire s’en exonérer, c’est ignorer la violence dans son ensemble, c’est aussi la confirmer, l’instituer. C’est même la générer, depuis la réaction que cela représente et donc suscite.
Raison pour laquelle le statut de victime, la victime définie, exclusive, est une abomination reproductive.
C’est notamment le drame porté à son paroxysme dans l’équation juif=victime, le pire s’y engouffre. Inévitablement.
PS: je ne comprends pas la notion de « désir de l’intelligence de l’autre », m’expliquerais-tu ce que tu entends par là ? Je ne comprends pas l’idée d’un lieu déterminé (ce que l’autre est, concrètement, en tant que postulat non réfutable, en tant que volonté donc temps donc distance donc lieu) pour l’intelligence. Je ne comprends pas non plus le désir, moteur de l’existence, moteur du bien-être tel que je l’entends, constant, infiniment polymorphe, qui aurait quelque objet que ce soit sauf à le confondre avec la volonté, avec ce qui doit être, sauf à répartir, subjectiver l’existence.
Le besoin n’a rien à voir avec le droit, le besoin de se nourrir n’implique aucune appropriation, c’est tellement difficile à comprendre quand on est formaté et rompu à l’exercice de la cloison.