Il y a cette idée que ce qui a été fait peut être reproché, que ce qui a été fait aurait pu ne pas l’être, ce qui est une manifestation remarquable de la bêtise comme modèle de pensée. Notamment par l’impulsion donnée à cette occasion, à ce que précisément l’on reproche, et parce qu’on reproche.
Une bêtise qui plus est redoublée par l’idée que ce que l’on ne reproche pas, on y consent, on l’encourage. « Si tu n’es pas contre, c’est que tu es pour », « comprendre c’est excuser ».
Quant à la confusion entre juger et prendre soin…tragique fausse route.
Pourquoi tout jugement personnel, tout jugement de valeur, invite-t-il le jugement à perdurer, dans la réitération sans fin de ce qui l’occasionne ?
Parce que le monde expose constamment sa totale justesse, belle ou horrible. Tout événement du monde est rigoureusement juste, est un résultat, est une réponse, et d’abord un apprentissage. Une réflexion qui contesterait ce fait est vouée à l’égarement, à l’erreur revendiquée, à la circulation de fausse monnaie.
Croire qu’en niant l’évidence (ce que tout reproche, tout jugement moral, signifie, substitant précipitamment et en toute inconséquence la culpabilité à la compréhension), on traite un dommage, c’est le cultiver.
Rien ne peut sérieusement être jugé, ce qui a été fait n’est plus, est un savoir qui n’est pas contestable, ou alors seulement de manière démente.
Tant que perdure l’idée du porteur exclusif de faute, tant que Depardieu est un sujet, la voie de la compréhension est niée, refusée, évitée, et l’idée de la faute (exclusive par définition puisqu’elle est un lieu) indéfiniment propagée.
Cette tentation, cette erreur est pourtant celle de tout détracteur/lyncheur, comme de tout défenseur/soutien, de toute pensée qui donne à Depardieu la propriété et la responsabilité exclusive de ce qui par lui est fait. Tandis qu’il n’est, pas davantage que quiconque, un sujet. Tandis qu’il est, comme toute perception, un moyen de la révélation du monde à lui-même, un renseignement. RIen de plus, rien d’autre.