ni bonne ni mauvaise à dire
toute vérité s’appuie sur les mots que la cachent
ce qui est découvert n’est qu’un début sans fin
ce qui est attrapé se dissout très vite dans une évidence amère
ce qui t’appartient, c’est la part manquante d’un monde trop grand pour toi
*
pourquoi longtemps en équilibre
naguère tu resplendissais
debout quelque part
le paysage vacillait avec toi
tu agitais les pluriels comme des éventails
et le soir si haut sur l’échelle
*
mon œil touchait la peau du ciel
plus j’étais myope, plus je voyais
dans un élan de prophétisme
j’écartais les approximations
ventre à terre, ma vérité riait
l’usine guettait l’hôpital
l’univers dévorait la solitude
je pris congés de la raison
*
prière mal répétée
plus efficace
enjambement d’un sacrilège
cœur de réconciliation
manœuvre audacieuse
d’un mécréant déchiré
repris par le regard
d’un seul
*
pour dire non
je secoue la tête
et ma tête tombe
j’avance dans le noir
d’un monde sans lumière
trop de tête tue
la terre devient carrée
les angles sont rivaux
plus rien ne va ni ne roule
pour dire oui
j’incline la tête
et ma tête tombe
j’avance dans le blanc
d’une page non écrite
*
nu et cru
je reste un nouveau-né
avec des rides en plus
j’ignore son nom
j’appelle quelqu’un au hasard
un réconfort, un premier secours
un chaud breuvage nourricier
la mollesse d’une peau, d’un ventre
quand tout mon corps joue à être bouche
et que tu te caches dans la nuit déserte
*
que peut saisir un homme
de la solitude d’une femme
comme on saisit sa proie ?
qui peut rassurer ce monde
quand les yeux sont mal ouverts
et tant de poings fermés ?
que peux-tu me dire avec des mots
avec des gestes et ton regard
si nous ne sommes présents l’un à l’autre ?
que puis-je écrire dehors
si les murs sont interdits
si les réponses ne répondent plus
de rien ?
jcl (2025)
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