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GESTE ULTIME D’UN ACHÈVEMENT
Tu parlais de s’accueillir contre la dispersion, dans la proximité de soi à soi. Et pensais que le premier apprentissage était d’écouter le remuement des galets sous la cadence régulière et profonde de la marée. Se sentir, ajoutais-tu, gagné par elle dans la coïncidence des passages du sang et de l’eau ‒ comme si l’océan habitait notre corps ou que celui-ci avait de l’océan fait demeure.
Puis après un silence, tu murmuras qu’alors quelque chose de nous se mourrait sous l’émotion d’une impitoyable clarté.
*
Ce corps abrite la chaleur tel l’équilibriste progresse sur le fil. Il sait, lui, la rupture possible, mais le corps d’usure en usure reçoit le froid comme un événement inédit.
*
Et, l’enfance n’est pas le bleu des mers. Elle ne reçoit que la chaleur octroyée pour une vie d’homme derrière laquelle attend le froid.
Geste ultime d’un avènement.
Michel Dugué
in Le salut à l’hôte, éditions Folle Avoine, 1989.

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