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Billet de blog 26 avril 2017

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Macron, Le Pen... Qu’avons-nous sous les yeux?

Ils usent du bobard et alignent "conneries sur conneries" (cf. "De l'art de dire des conneries" d'Harry G. Frankfurt, 2005) en se mettant à l'abri de toute réfutation puisque, précisément, ils se posent comme indifférents au vrai (façon Trump!)...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'histoire est laborieuse... Nous voici obligé, avec le tandem Macron-Le Pen à une analyse des moteurs de la politique.. Rien n'est donné et surtout pas par les spécialistes qui brassent leurs cartes à l'ancienne, avec le blabla infatué, les certitudes qui caractérisent les gagnants des grands écoles d'administration et de commerce...

Spécialistes qui ne disent rien et peut-être n'entrevoient même pas l'envergure des dangers qui assombrissent le ciel, potentiellement si beau, de la démocratie...

Tous les commentaires, ceux des médias, des réseaux, des individus  (et les miens mêmes) se construisent en faisant plus appel à l'émotion plutôt qu'aux faits...

Nous voici jetés dans l'ére de la post-vérité qu'est l'Antropocène... Période si ténue au regard de la mesure du temps géologique et si importante à l'échelle de notre génération! Les petits aléas électoraux qui nous préoccupent ne laisseront que très peu de traces dans quelques millénaires!!! Et il y a de fortes chance que l'Anthropocène soit l'époque la plus ténue du Quaternaire! La post-vérité plus encore que ses déchets plastiques marque cette nouvelle période créée en 2015...

Mais combien d'heures jetées à l'aune d'oiseuses et passionnées, sommaires et dogmatiques parlottes se terminant en engueulades enfiévrées... Dans ce jeu tout est fiction... Tout se joue au niveau du langage... Et c'est pour éviter les contradictions, les contre-sens que les slogans ne dépassent guère une dizaine de mots... La post-vérité se nourrit du récit le plus simpliste possible. La post-vérité se construit sur des dogmes (quelques mots répétés à l'envie) qui construisent la pensée magique... On fait semblant de parler factuel... On invente un récit simpliste pour faire appel à l'émotion!

....

Macron construit son discours autour de la main invisible du marché", et sa mesure la plus emblématique, celle qui fait ressortir le mieux la pensée magique, c'est le projet de restreindre l'ISF en en épargnant les revenus qui seront réintroduits dans la production... Tout est faux dans ce projet (qui sera imposé par ordonnance): anti-égalitaire, anti-écologique (produire pour produire est le moteur le plus dangereux écologiquement), anti-social puisque Macron fait plus confiance aux patrons qu'aux ouvriers...

Le pire c'est que ce menteur cynique sait qu'il ment... Le menteur s'écarte délibérément de la vérité (ici la nécessité d'élargir la grille d'imposition en taxant plus lourdement les très riches) tout en sachant ou se situe le vrai. Macron n'a qu'un programme sommaire... Pour lui, il l'a dit, point n'est besoin de programme... Il affiche les slogans les plus stupides en pensant comme Guizot: s'enrichir (le rêve de la jeunesse serait, selon Macron, de devenir millionnaire).

Pour Macron, comme chez Saint-Simon, l'industrie doit prendre le pas dans la société. Et les industriels sont invités à former un parti et à prendre le pouvoir. Chacun doit pouvoir grimper dans l'échelle sociale et arriver au premier rang en fonction de ses mérites... En laissant l'immense majorité des travailleurs exploitée comme des larbins, des esclaves, par une petite minorité de puissants diplômés et très riches... Toujours issus des familles aussi aisées qu'oisives! Leur haine du peuple (le vulgaire) ressemble à celui que proféraient les petits nobliaux poudrés auxquels se coltinait Beaumarchais. Macron reprend la litanie des slogans du MEDEF... Il méprise l'ouvrier en bleu de travail. Et s'il lui serre la main, pour des raisons électoralistes, il prend tout aussitôt son mouchoir pour s'essuyer de crainte d'être contaminé par le manant! Macron est donc un salaud parfait!

Le Pen construit son discours autour de l'envahissement, de la crainte des hordes barbares... Au mépris de toutes les statistiques elle affirme que l'immigration n'a jamais été aussi forte... Là aussi on a un mode de propagande se construisant autour de l'émotion... Cette pensée magique (car c'en est une!) infiltre les esprits et surtout en province... Dans de tout petits villages qui ne voient que quelques saisonniers issus de l'immigration, se tuant à faire les travaux que tout le monde refuse! La xénophobie et le racisme relèvent bien de la pensée magique. Clichés attribuant des comportements spécifiques selon les pays d'origine mais le le faisant dans l'indistinction ("ils se ressemblent tous")...

Marine Le Pen en bonimenteuse se moque de l'idée même de vérité... Elle s'empare des idées de la gauche pour servir son dessein xénophobe. Son propos ne vise qu'à dominer en faisant croire qu'il convainc... Elle ne s'intéresse qu'à ses propres objectifs... Elle use savamment de la rhétorique... La rhétorique qui est l'art de gouverner son auditoire par l'usage virtuose d'un rapport au monde qui est complètement détaché du réel... C'est une ultra-riche qui fait croire qu'elle soutient les modestes, les fragiles, les mal-menés de la vie... Pourvu qu'ils soient français! Elle vit dans un monde "héliocentré" où l'on préfère son pays à l'Europe, sa région au pays, son département à la région, sa commune au département, son immeuble à sa commune, sa famille à son immeuble, et soi-même à sa famille... Le règne de l'égoïsme discriminatoire... Marine Le Pen est une salope parfaite!

Et ceux qui n'entrent pas dans le jeu de ces deux là ce sont des paresiastes, c'est-à-dire des citoyens qui visent la paresia, le courage de la vérité (M. Foucault)

Ce sont ceux qui parlent en se risquant eux-mêmes et qui engagent leur relation aux autres dans le parler vrai. C'est un engagement et un rapprochement. Engagement de celui qui parle, dans ce qu'il dit. Rapprochement par ce dire de ceux qui l'écoutent avec le monde réel. C'est là le rôle du politique. Macron et Le Pen n'en font pas partie! Ils savent user de la rhétorique pour éloigner et masquer le monde réel! Ils usent du bobard et alignent "conneries sur conneries" (cf. "De l'art de dire des conneries" d'Harry G. Frankfurt, 2005) en se mettant à l'abri de toute réfutation puisque, précisément, ils se posent comme indifférents au vrai (façon Trump!)

Le parler vrai ne s'oppose pas seulement à l'art du mensonge politique, il s'oppose à toutes les formes de déréalisation du langage politique que nous font entendre les deux margoulins promis au second tour de la présidentielle... Car leur langage procède par approximation, par euphémisation, par dissimulation, par indétermination et est frontalement en opposition à la franchise du langage telle que défendue par un Mélenchon, par exemple. De ce point de vue un Poutou, une Arthaud ou un Lasalle tenaient un discours bien plus dans le réel, donc bien plus républicain, que ces deux là, et que les autres "grands candidats"... Tous furent balayés dans le grand jeu de la société du spectacle...

Le premier qui dit la vérité... On connait la chanson!

Le plus grave dans toute cette affaire, cette petite affaire finalement, c'est l'impossibilité de faire entendre le petit son de cette vérité... Le fact -checking, la vérification des faits par le péquin ordinaire, curieux et n'ayant pas la vérité infuse est quasi-impossible... Pas de décodage, de désintoxication! Les médias officiels sont tenus par deux propriétaires qui évidemment n'y ont pas intérêt... Quant aux médias dits alternatifs ils nous enfument dans des séries algorithmiques... Nous n'avons aucune chance d'être atteint par une autre opinion, une opinion contraire à celle qui est calculée pour nous et tenant compte de nos goûts les plus variés... Banalités sur la crédulité, le complotisme, la société du spectacle... On avale tout!

D'ailleurs il ne suffirait pas d'opposer à des récits mensongers, une déconstruction, une désintoxication... Il faudrait en proposer d'autres et qui soient entendues... Mais le péquin ordinaire n'a pas de véritable relais... Et eux, les Macron, le Le Pen leur réseau s'organisent avec les banquiers, les financiers, les possédants, les très riches... Ceux qui se retrouvent dans des clubs très select une fois par mois... Comment voulez-vous qu'ils comprennent quelque chose à notre monde?

On n'est pas dupe en regardant ce jeu électoral qui s'apparente de plus en plus à de la télé-réalité... Télé-réalité dont est issu le modèle de Macron et de Le Pen, Trump que les deux ont essayé de rencontrer...

On n'est pas dupe en regardant cette télé-réalité...

Et on ne confond pas ce que disent Le Pen et Macron avec la réalité...

On les regarde.

Voila tout!

Et l'on aura les jambes coupées pour se rendre dans l'isoloir.

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