On a déjà raillé les Travaux Pratiques de quelques étudiants de l’IEP de Strasbourg sur le thème de la Nation qui serait le meilleur moyen pour eux de lutter contre le capitalisme mondialisé. Les TP se nationalisent aussi, comme on peut le, voir ici: http://www.lepartidegauche.fr/viedegauche/article/marx-la-nation-22028 Sous prétexte de restituer le sens de la vraie et forte parole marxienne selon laquelle “les ouvriers n’ont pas de patrie“, des pégéistes effacent les siècles qui nous séparent à la fois de Valmy et du Manifeste Communiste. Explication de texte pour explication de texte, celle du co-secrétaire, “En aucun cas ils (Marx et Engels) nient l’idée de nation, et jamais ils ne disent que les prolétaires ne doivent pas avoir de patrie ! Au contraire, le prolétariat doit “conquérir la nationalité” et “conquérir la démocratie.“, est rien moins qu’erronée! D’abord, cette phrase de Marx et Engels vaut pour 1847, et le 19e siècle, le siècle de constitution des nations et du développement des nationalismes. De nos jours et au moins depuis août 1914, les nations ont perdu, dans les pays les plus développés, leur caractère progressiste d’unification des marchés. Que dire en 2013! A l’exception de quelques endroits rares, comme la Palestine, nation sans État, on ne voit guère où il y aurait encore un caractère progressiste à cette construction. C’est pourquoi, conditionner la lutte des classes en France ou ailleurs, dans les États capitalistes dominants à la question nationale désormais désuète et réactionnaire, c’est, de fait s’engager, qu’on le veuille ou non, dans la collaboration des classes avec sa propre bourgeoisie nationale, ou ce qu’il en reste. “Les ouvriers n’ont pas de patrie“, aujourd’hui à l’époque de la mondialisation néo-libérale, c’est encore plus vrai. Cela signifie qu’ils ne doivent pas en avoir, même si les luttes de classes commencent dans le vieux cadre des États-Nations. Les banques, les grands groupes capitalistes, se moquent des frontières nationales depuis l’ère de l’impérialisme dénoncé par Lénine. Les travailleurs du monde entier doivent accéder à la conscience de ne former qu’une seule classe, internationale, opposée aux intérêts de la bourgeoisie mondiale. La libération des travailleurs de l’exploitation capitaliste ne pourra se faire que dans le cadre de ce système mondialisé, pour le meilleur ou le pire, jamais dans un retour à l’État-national fusse-t-il républicain. Le gros problème c’est que si la classe capitaliste a son organisation internationale, ce n’est plus le cas des travailleurs, même s’il existe des organisations ouvrières globalisées. La CES réformiste en est une. La Seconde Internationale aussi, passée à l’ennemi depuis belle lurette. La Troisième, stalinisée a disparu corps et bien, comme le mur de Berlin. La Quatrième est trop petite. Le Forum social mondial qui vient de se réunir à Tunis est l’esquisse d’une autre formation qui dépasse les frontières continentales. Les gauches radicales, au contraire du Parti de Gauche, ne veulent pas maintenir les classes ouvrières dans le cadre étriqué des frontières nationales. Au projet mondial néo-libéral, il faut opposer un contre-projet lui aussi mondial mais anti-capitaliste. Sans quoi on opposera encore longtemps le plombier polonais au travailleur français ou l’ouvrier de Renault-France à celui de Renault Maroc, à Tanger. Plus que jamais, “Prolétaires de tous les pays unissez-vous” et ne suivez pas les dirigeants réformistes, seraient-ils de “gauche”, du PS au PG, qui vous mènent dans des impasses meurtrières et, de fait, sont aussi chauvins que les extrêmes-droites de partout.