Est-il possible d’éviter la disparition de la gauche en 2017?
Pour renouveau de la gauche, la primaire générale, s’appliquant tant pour le choix d’un candidat à la présidence que pour la répartition à la proportionnelle intégrale des suffrages aux députés est une procédure nécessaire.
En 2012, la parti « socialiste» a organisé des primaires pour déterminer le candidat qu’il allait proposer, puis a ensuite négocié des alliances avec les « verts » pour répartir les sièges potentiels de députés, se réservant suffisamment de circonscriptions gagnables pour détenir une majorité à la chambre des députés, et mener la politique qu’il choisissait, avec l‘aval de ses supplétifs.
Ceux-ci n’avaient aucune possibilité de parlementaire d’entraver sa politique. Seuls s quelques députés du groupe socialiste ont fait montre d’une capacité de réflexion et d’action autonomes, sans toutefois avoir le courage de mener une action permettant de renverser le gouvernement.
F. Hollande, secondé par J-M Ayrault puis M. Valls, a conduit une politique de libéralisation, de reculs sociaux et de renoncements environnement continue, depuis son accès au pouvoir.
Pour avoir un espoir de rester aux commandes, il compte (comptait) sur une candidature de N. Sarkosy et l’effet repoussoir, pour une part importante de la population, de la candidature de M. le Pen.
Toutefois, les dirigeants du parti « socialiste » mésestiment ou sous estiment le rejet de leur politique, et le dégout qu’elle inspire aujourd’hui à nombre d’électeurs. Ceux-ci, quels que soient les risques politiques d’une victoire électorale de la droite ou de l’extrême droite, rejettent l’hypothèse d’une nouvelle victoire « socialiste », même, surtout s’ils sont convaincus de la nécessité de mettre en œuvre une politique de justice sociale et de respect de l’environnement.
L’abus de confiance, le mépris des promesses et des engagements sont trop massifs et trop persistants pour être oubliés ou excusés. Pour un certain nombre d’entre nous, la méfiance de départ est devenue de la haine.
Mais, malgré tout, je ne me résigne pas à voir la droite ou l’extrême droite prendre le pouvoir. Et en souscrivant à la perspective d’une primaire à gauche, j’essaie d’envisager les modalités qui permettraient d’empêcher les tenants du pouvoir de se renier.
En reprenant les différentes élections de ces dernières années, voire décennies, je constate que seule la gauche unie, rassemblée, peut être en mesure de vaincre la ou les droites.
Toutefois, cette unité a jusqu’à présent été menée par un parti, qui dans le cadre de discussions avec des groupes de moindre importance, a formalisé un programme politique non contraignant et non mis en œuvre, et réparti les investitures aux législatives en privilégiant sa prééminence. Ce même type de marchandage a prévalu au sein du Front de Gauche : Le PCF a récupéré le financement public en échange de son soutien à Mélenchon.
Aujourd’hui, un certain nombre de group(uscul)es ou de personnages se positionnent déjà pour se présenter en 2017. Ils refusent de prendre en compte la leçon des présidentielles de 2001, à savoir que seuls les deux candidats les mieux placés participent au second tour. Promouvoir la division de la gauche, c’est choisir de l’éliminer du second tour, tout en n’ayant ensuite aucun accès à un quelconque pouvoir national. C’est une stratégie perdante.
Des primaires générales sont à l’inverse une méthode permettant à chacun d’être présent, représenté et entendu.
Je préconise que l’ensemble des composantes de la gauche soient présentes à ces primaires, du MRC aux anarchistes en y incluant ceux que je qualifie aujourd’hui de « social-traitres », les écologistes, les décroissants, les trotskistes de toutes obédiences ! Que tous se présentent, en s’engageant à répartir ensuite l’ensemble des sièges à pourvoir à l’assemblée nationale proportionnellement aux suffrages exprimés pour les projets soutenus par les différents candidats aux primaires de toutes ces obédiences.
Ainsi, la présence de représentants de toutes ces composantes de la gauche serait assurée. Celles-ci seraient prises en compte de manière à ce que leurs représentants soient équitablement désignés d’une part sur les circonscriptions gagnables en fonction des résultats des deux tours (meilleurs scores au premier, majorité au second), d’autre part sur les autres circonscriptions afin de maximiser le financement des partis ou des groupes politiques.
Avec un potentiel de 300 députés, même des groupes très minoritaires ( 0,3% des électeurs de ce rassemblement) devraient disposer d’un représentant à la chambre des députés.
Cette modalité permettrait de ne pas lier les députés aux manœuvres partisanes, mais au suffrage des primaires. Elle donnerait aux élus une latitude et une indépendance forte, par rapport au gouvernement et au président, les députés s’engageant à censurer un gouvernement agissant à l’encontre des idées qu’ils défendent. Cette indépendance de la chambre des députés est essentielle, car garante de la mise en œuvre d’une politique débattue de manière contradictoire et recueillant l’assentiment de partenaires divers. Cette proportionnalité vise à entraver, voire à empêcher la mise en œuvre de décisions opposées aux options de l’une ou l’autre composante de ce rassemblement.
Dans un même temps, cette chambre de députés accompagnerait un processus de réécriture de la constitution, que l’on peut imaginer se façonnant sur le modèle de réflexion islandais.
Ce processus de primaire viendrait pallier au refus des « socialistes » à mettre en place une proportionnelle intégrale, et à leur volonté de promouvoir le présidentialisme qui après avoir abouti à l’élimination de Jospin en 2001, a mis en place le pouvoir schizophrénique de Hollande.
Je considère que seule une option permettant à tous les courants de la gauche d’exister et de participer au pouvoir, mise en place de manière claire et transparente, est à même de permettre aux électeurs de revenir vers les urnes et le suffrage universel comme mode de désignation de (ses) représentants.
Dans le même temps, une dynamique de réflexion sur le projet politique pourrait permettre de déterminer les propositions que soutiennent les électeurs, en leur permettant de se déterminer sur des options de gouvernement différentes, thème par thème grâce à l’inscription des participants aux primaires à des forums informatiques permettant de présenter, d’expliquer et de choisir les diverses options en présence…
Enfin, la répartition du financement politique serait liée aux suffrages recueillis
Dans cette perspective, les primaires seront une base de reconstruction et de renouveau de la gauche, et non un éteignoir comme certains apparatchiks peuvent le souhaiter, et comme le P « S » l’a pratiqué lors des législatures précedentes…