Jean-Claude Moog

Abonné·e de Mediapart

44 Billets

0 Édition

Billet de blog 2 septembre 2022

Jean-Claude Moog

Abonné·e de Mediapart

Un certain désir de défaite

A ce jour, après une démarche dynamique puis une désillusion en 2017, ce mouvement est en butte à une série d’échecs électoraux successifs, qui se sont conclus par une double défaite aux présidentielles et aux législatives de 2022. Celles-ci sont ont des causes multiples :

Jean-Claude Moog

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un certain désir de défaite.

La France Insoumise a-t-elle un avenir, y a-t-il un avenir pour la France Insoumise.

A ce jour, après une démarche dynamique puis une désillusion en 2017, ce mouvement est en butte à une série d’échecs électoraux successifs, qui se sont conclus par une double défaite aux présidentielles et aux législatives de 2022.

Celles-ci sont ont des causes multiples :

Je vais détailler ces critiques qui rendent la survie du mouvement illusoire, après l’échec programmé à la dernière élection présidentielle.

Le mode de fonctionnement et l’inorganisation autocratique

Ils sont dans la logique du « mouvement » dont se glorifient un certain nombre de militants. Voilà, ils sont fiers de ce que ce ne soit pas une organisation, c’est-à-dire qu’il n’y ait à aucun moment un mode de fonctionnement et des règles de fonctionnement clairs. Ainsi, dans une ville comme Strasbourg, une dizaine de groupes d’actions se côtoient, éventuellement coopèrent, sans que personne n’ait ni responsabilité ni mandat. Il n’y a pas de structure municipale, départementale ou régionale de débat ou d’organisation, permettant la décision. Ni personne de mandaté clairement, en dehors des quelques personnes bien en cour au niveau parisien Personne  pour engager le mouvement, sur des dosiers locaux, après délibération  ou discussion collective.

Personne n’est responsable, personne n’est mandaté, et chacun se réclamant de la FI à un moment peut prendre l’engagement qui lui semble opportun, sans cadre clair et sans règle, sans assumer.

Les groupes d’actions se sont constitués par affinités, certains d’obédience marxiste-léniniste, d’autres issus du PG par exemple. Il n’y a pas de cohérence dans leur fonctionnement et leur pratique.  Chaque groupe d’action peut se sentir légitime pour agir dans son coin, mais il n’y a pas d’instance qui puisse débattre, élaborer ou porter la parole collective, en dehors des paroles d’évangile du leader.

Alors qu’une structuration par secteur géographique aurait amené une mixité  et une diversité, ce mode de fonctionnement affinitaire a sclérosé les clivages, stérilisé les débats et entravé la possibilité de structurer une cohérence et une action locale.

Cette juxtaposition de groupes a aussi empêché toute existence et toute parole légitime à l’échelon local, départemental ou régional…

La misère des groupes d’action locaux

Au regard de l’auberge espagnole que sont ces groupes d’actions qui se juxtaposent, la seule manière de contrôler peu ou prou la situation est de ne pas leur laisser d’autonomie financière, et de faire contrôler toutes les initiatives qui engagent des fonds par le siège du mouvement. Ainsi, toute action locale doit être agréée par le siège pour bénéficier de financements, ou, à défaut, s’organiser sans moyens, ou avec les moyens du bord ou une caisse noire. Ce qui implique que les groupes d’actions n’agissent pas, ou uniquement dans le cadre de tractages de documents nationaux.

Le fait que les groupes d’actions locaux ne disposent pas de moyens les conduit à ne pas organiser d’actions locales, et à ne pas chercher à se développer localement.  Ou s’ils agissent, c’est sur des fonds collectés de manière clandestine, et sans aucune possibilité de contrôle au niveau local ou national. J’ai pu soulever ces questions lors d’universités d’été, et recueilli un large assentiment des participants à des groupes de la France entière…

Une autre difficulté des groupes d’actions tient à leur composition. Autant que j’aie pu le constater, celui que j’animais regroupait deux types de personnes : des anciens du PS ou du parti de gauche relativement désabusés, et des novices complets en politique, attirés par le verbe du leader, mais sans réflexions politique antérieure, très majoritairement issus des professions intermédiaires de l’éducation, du soin et du social en voie de déclassement, ou à la retraite. Leur manque d’analyse politique aurait nécessité un travail de formation et de débat politique auxquels elles étaient étrangères, et rendait les débats internes relativement inconsistants.

L’absence de débat interne

Il s’est aussi manifestée dans les groupes thématiques que j’ai pu observer : l’outil de communication interne, télégram, est un logiciel de messagerie instantanée fonctionnant sur des smartphones… S’y mêlent échanges incohérents pour fixer un rendez-vous, smileys divers, citations d’articles de presse divers. Il n’y a pas de lieu ou d’espace de réflexion, d’élaboration, de débat, mais juste communications désordonnées et décousues. Dans ce contexte, il n’est pas question d’analyse ou de réflexion collective. Tout un chacun se réfère au programme de 2017, sans qu’aucune  instance de débat sur sa mise à jour ne puisse être localisée, ni qu’aucune personne ne soit clairement mandatée pour organiser ou à minima coordonner un travail ou des échanges.

Entre les groupes d’actions, les seuls échanges horizontaux sont ceux qui ont pu se mettre en place dans une semi clandestinité, lorsque les militants n’ont pas appliqué les directives nationales de monopole des contacts par le siège.

Ce fonctionnement vertical décourageant l’implication et l’initiative militante locale a sclérosé et asséché le mouvement.

Les instances de décision n’ont jamais été efficientes. En effet, la procédure de tirage au sort de personnes non mandatées a permis à certains, à l’affut des publications sur le site, de se porter volontaire à des conventions nationales qui n’ont jamais donné lieu à débat stratégique ni délibération suivie d’effet.

Les propositions issues des différentes conventions n’ont pas été mises en œuvre, tout comme les interventions lors d’amphis sur les thèmes de la structuration locale.

Du fait de cette incohérence et de cette inconsistance, les différentes campagnes électorales qui ont marqué la période 2017-2021 ont été chacune marquée par un recul significatif des suffrages, par rapport à l’élection présidentielle.

Un mouvement de consommateurs :

Mon expérience d’activité militante du groupe local d’action m’a permis de constater le manque de participation des signataires de l’appel pour Mélenchon de 2017, et leur silence absolu face à toutes les sollicitations, toutes les demandes de participation soit à des réunions, soit à des actions locales. L’exemple le plus emblématique est celui d’une personne participant de manière plus que ponctuelle aux réunions du groupe, jamais à ses actions ou aux tractages, qui s’est découverte une passion pour les gilets jaunes locaux, au sein desquels elle prétendait parler au nom de la FI, sans jamais en informer le groupe d’action ni le solliciter…

Comment décourager les militants :

les modalités de (dis)fonctionnement évoquées plus haut me sont clairement apparues lors de la campagne pour les élections régionales. En effet, j’ai participé à un groupe de coordination régional mis en place pour mobiliser et constituer la liste des candidats, et aussi mobiliser les sympathisants.

Il y avait une coordinatrice régionale, des militants désignés par tirage au sort par le national après qu’ils aient posés leur candidature pour faire partie de cette structure ainsi qu’un référent par département désigné par le national. Un des impératifs était une clause de secret sur les discussions internes. Au départ, il était question de rédiger un appel régional et de mobiliser sur cette base. Malgré les difficultés liées au COVID, ce texte a vu le jour en octobre, mais sa publication a sans cesse été reportée, pour diverses raisons plus ou moins futiles, l’une d’entre elle étant l’incapacité de la référente régionale, Céline Léger, de contacter et de fixer une date avec la seule députée FI du Grand’Est, Caroline Fiat. Entre temps, certains membres du groupe ont proposé des formations militantes et un travail préparatif, incluant les militants de terrain. Il va sans dire que l’absence de structuration locale, départementale et régionale a largement obérée ce travail préparatif. Je passe les différentes péripéties. Finalement, une visio-conférence régionale a validé l’appel régional de la France Insoumise, qui a recueilli plus de 500 signataires en une semaine.

Puis Caroline Fiat a lancé la semaine suivante un appel cosigné par Aurélie Filipetti et Pernelle Richardot, socialiste et repoussoir pour nombre de militants de la FI alsacienne… Cette initiative qui s’est faite dans le dos du groupe de coordination régional a cassé la dynamique qui se mettait en place et suscité le rejet d’une bonne partie du groupe de coordination, l’exclusion de certains de ses membres et ma démission de la France Insoumise. Avec en prime l’échec de l’initiative, et un score empêchant cette liste d’accéder au second tour. A la lecture de l’appel inédit, celui-ci était quasiment une copie conforme de l’appel des verts, rejoints par une partie du PS et le PCF. En outre, les candidats FI étaient largement minoritaires sur cette liste, qui privilégiait les arrivistes et les carriéristes. Elle a aussi permis de constater la duplicité de certains de ses membres. Ainsi, les strasbourgeois reconnaitront le positionnement d’un ex candidat à la députation, qui clamait ne pas être candidat pour ensuite se presser en tête de la liste départementale.

Au fil des discussions, il s’est avéré que Caroline Fiat menait ses tractations depuis belle lurette, avec l’assentiment du national, après débat avec les autres députés FI, et que la responsable régionale de notre groupe en était parfaitement informée.

Cette initiative était en contradiction avec le mantra répété depuis 2017 de refuser des alliances avec les socialistes, notamment ceux qui n’avaient pas rompu avec les mesures du président Hollande.

Pourquoi décourager les militants :

Cet exemple montre comment des militants expérimentés se sont retrouvés à devoir accompagner des manœuvres d’appareil contraires à leur convictions. Même si leur départ ou leur exclusion pouvait affecter l’action du mouvement, je considère qu’il permettait avant tous de mettre un terme à tout débat qui aurait pu fragiliser la position de la direction du mouvement. Ce mobile est conforté par la stratégie mise en œuvre pour les présidentielles : les groupes d’action de la FI ont été dépossédés de la campagne, au profit de groupes labellisés « Mélenchon 2022 ». Le peu de débat interne était squeezé par ces nouveaux groupes, uniquement régis par leurs relations avec le national et dépendant de ses directives pour agir.

Le cas Mélenchon :

Apparu en pleine lumière à l’occasion du référendum sur le traité européen, JLM s’est bien gardé de participer à ce qui aurait pu être une candidature unitaire du non de gauche en 2007, restant alors à sa fonction de sénateur socialiste. Puis il s’est lancé, en 2012, avec le PCF, dans le front de gauche, alliance de partis ne laissant aucune place aux adhésions individuelles. En échange de sa place de candidat, il négociait 80% des circonscriptions au PCF, privant ainsi le parti de gauche qu’il représentait de financements publics… C’était avant les trahisons du mandat Hollande.

Après le constat de celles-ci, il a logiquement recueilli, en 2017, les suffrages de ceux qui avaient été floués pendant 5 ans, mais sans avoir su constituer un mouvement effectif, et structuré, notamment à même de soutenir les candidats aux législatives.

En outre, leur élan a été entravé par les manœuvres d’appareil lors des désignations des candidats aux législatives, d’une part, mais aussi par son positionnement défaitiste au soir du premier tour des présidentielles 2017.

Déjà à ce moment-là, la volonté d’écraser ses partenaires lui a fait perdre la possibilité d’alliance avec le PCF aux législatives et nombre de députés, dans un conflit perdant –perdant.  Il a ensuite été incapable de gérer ses interventions publiques, le cas le plus emblématique étant  celui de la perquisition du siège du mouvement, avec son fameux pêtage de plomb qui l’a durablement ridiculisé. Comme quoi un tribun n’est pas forcément un responsable politique. La gestion juridique de cet épisode, avec l’acception de sa condamnation à laquelle il n’a pas fait appel, est pour moi significatif d’un manque de courage, de pugnacité et de combativité.

D’autres prises de positions générales, de son soutien à Poutine au refus de s’engager pour le désarmement nucléaire, en passant par son nationalisme et son centralisme sont tout aussi critiquables à mes yeux. J’y reviendrai plus loin.

Ainsi, les causes de l’échec sont multiples :

le mode de fonctionnement et l’inorganisation autocratique, le manque de moyens, des erreurs de ciblages politiques, la pression médiatique, l’absence de débat interne, l’absence de communication interne, l’absence de clarté et de cohérence politique, la volonté hégémoniques des responsables du mouvement, leur absence de capacité d’analyse de la situation, leur totale immodestie, l’incapacité à être dans le débat et la négociation, l’opacité du fonctionnement interne et de la gestion, l’absence d’autonomie et de moyens des niveaux locaux, l’absence de structuration politique aux échelons intermédiaires de la vie démocratique, des positions centralisatrices, des positions politiques rétrogrades, des erreurs de ciblages politiques, la pression médiatique, la personnalité clivante du leader autoproclamé et des fautes de communication,  l’absence de capacité d’analyse de la situation, la totale immodestie, l’incapacité à être dans le débat et la négociation, l’opacité du fonctionnement interne et de la gestion, … entre autres…

Des sondages pour orienter un scrutin.

Après les présidentielles, une fois de plus, Mélenchon vient d’échouer à se qualifier au second tour des élections présidentielles.

Malgré l’antipathie qu’il suscite, des positions clivantes, son manque de maitrise dans les situations conflictuelles, le manque de possibilité de débat au sein de la France insoumise, le caractère autocratique de son mouvement, ses positionnements fluctuants, il a réussi à totaliser 22% des suffrages.

Sa volonté d’hégémonie l’a empêché de proposer des convergences et des alliances depuis 2017, et au fil des scrutins, jusqu’au moment des présidentielles, où il a été incapable de générer un rassemblement.

En effet, derrière les appels à rassemblement, la volonté hégémonique était toujours en filigrane, dans la manière de le proposer et de l’exprimer.

Comme dans les pratiques du PS des années 80 et 90, toute alliance devait se faire derrière, et non avec. Cette posture implicite d’hégémonie était un frein à tout débat équilibré.

De ce fait, il n’y a pas eu d’échanges critiques pendant toutes les années qui ont séparé les échéances présidentielles. La France insoumise s’est perdue dans son inorganisation, alors qu’elle  aurait pu et dû permettre de structurer un débat critique sur les années Hollande, la trahison du ralliement du social libéralisme à la macronie, et mener un travail d’éducation et de réflexion populaire sur son programme.

Bien au contraire, la structure fumeuse de son mouvement, la dispersion de groupes d’actions sans coordination, leur manque de moyens a rendu le mouvement invisible et inaudible, localement et régionalement.

En effet l’absence de coordination, de représentation locale a gommé la France Insoumise, en dehors des scrutins nationaux. Puis la volonté nationale d’ignorer les groupes d’action France Insoumise pour les remplacer par des groupes locaux de la soi-disant union populaire a permis de confirmer l’invisibilité du mouvement.

L’information sur les évolutions du programme a été discrète et lacunaire. Comme la structure des groupes chargés de ce travail flottante et approximative…

Depuis 2018, malgré une proposition de programme pertinente, il fallait défendre le candidat qui nuisait à la popularisation du programme, au lieu qu’il le porte.

Son seul atout a été d’avoir déclaré sa candidature bien en avance, d’avoir empêché toute discussion à ce sujet au sein de son mouvement, pour s’imposer dans le paysage suite à une consultation contrainte. En effet, après avoir demandé des avis sur une boucle internet, il a soigneusement évité de divulguer le résultat de la consultation. Et si les militants critiques, comme moi, voulaient rester dans la boucle, il leur fallait signer le soutien au candidat ! Il s’était ainsi constitué une apparente légitimité.

Au fil des mois, du fait de la permanence de sa présence, il a été le moins mal placé, à gauche, pour recueillir les suffrages des gens de gauche qui ne voulaient plus de Macron.

Il a aussi consciencieusement saboté la tentative de rassemblement de la gauche qu’a constitué notamment la « primaire populaire », en s’appropriant un nom voisin et un discours unificateur, mais aussi en affirmant de manière insistante son refus des alliances et en exigeant des ralliements. Ainsi, les personnalités insoumises bien placées par les participants aux choix de la primaire populaire ont-elles dû se retirer de cette démarche alors quelles recueillaient quatre à cinq fois plus d’assentiments que Mélenchon, tout comme les postulants à la primaire écologiste en présence recueillaient 3 à 4 fois plus de suffrages que Yannick Jadot.

Ainsi, le retrait des candidats potentiels les mieux placés à la primaire populaire a affaibli celle-ci, et propulsé Christine Taubira qui au départ n’était qu’une bien placée parmi d’autres.

Globalement, ce sont les candidats les moins bien placés dans ce suffrage indicatif qui ont été présenté aux votes majoritaires.

Comme depuis 2017 le propos de la France Insoumise était une volonté d’hégémonie sur la gauche, les « mauvaises manières » et la position d’EELV, qui avait réussi à prendre une position forte dès les élections européennes, puis ensuite lors des municipales et des régionales, ont fragilisé cette posture. Avec sa prétention, la FI singeait et singe encore le PS, y compris dans ses propositions envers les autres partis de gauche à l’issue du premier tour de ces présidentielles. Cette manière de vouloir s’imposer a encore une fois conduit à l’échec.

A partir de septembre 2021, le discours « unificateur » s’est fait par l’obtention de ralliements  de figures médiatiques du mouvement associatif, motivées par la proposition de circonscriptions éligibles.

Au fil du temps, l’aversion dont Mélenchon faisait l’objet pour nombre des personnes de gauche de mon entourage avec qui j’ai pu m’entretenir s’est transformée en résignation, avec l’objectif de pouvoir battre Macron.

Ce qui a fait le score final de Mélenchon, c’est l’absence de toute candidature populaire, engageante et entrainante, et la résignation. Je considère que des recalés d’EELV ou les personnalités, notamment parmi les « insoumis » repérées au niveau de la primaire populaire auraient pu générer une toute autre dynamique, et non un vote à reculons, à l’inverse de celui recueilli par les candidats désignés.

Aujourd’hui, il m’apparait que seule l’évolution des intentions de votes dans les sondages a fait évoluer le score final de Mélenchon.

En effet, depuis l’officialisation de l’ensemble des candidatures des groupes et partis classés à gauche, le total des intentions de votes puis des votes est resté stable, aux alentours de 27 à 30% selon les sondages, puis au final pour le scrutin.

Le total n’a pas varié, c’est la répartition qui a fluctué pour aboutir à ce que les votes se regroupent sur celui qui au départ était un peu mieux placé, malgré les réticences (voire plus) qu’il inspire.

Cette répartition a été largement dictée par le raisonnement du « vote utile » et l’évolution structurelle du vote au premier tour. Avec la montée de l’extrême droite et l’existence de 3 pôles politiques, capitalo-nationaliste, capitalo-libéral et social-démocrate, ce n’est plus un vote sur la base d’idées ou pour l’un ou l’autre projet, mais bien un scrutin pour valider deux finalistes, avec une prime à la séduction ou à la résignation.

Un autre aspect important de la campagne a été la nullité médiatique, et l’acharnement des médias de masse de ne pas parler des projets politiques, de ne pas les présenter, de ne pas faire de travail d’enquête et d’explication sur ce thème.

Sans jamais parler du fond, les commentaires se sont focalisés sur l’image et non les propositions.

Ainsi, Marion Le Pen dite Marine a été décrite comme ayant « dédiabolisé » ses propositions, alors que le fond raciste, xénophobe reste entier et que ses propositions économiques restent en l’état.

Cette affirmation ne s’est appuyée que sur la forme du discours, les commentateurs médiatiques étant incapables de faire un travail et une analyse sur le fond. Ainsi, sa position sur la retraite à 60 ans si les personnes ont le taux plein n’a-t-elle jamais sérieusement été expliquée comme ne pouvant autoriser la retraite à taux plein qu’aux personnes ayant travaillé de manière ininterrompue avant leur 18° anniversaire, et comme un habile enfumage.

Le début de campagne, pendant tout l’automne 2021, n’a été qu’une promotion de Zemmour, et l’évocation de sa concurrence avec le FN, en dehors de toute explication et de toute enquête. Ces deux candidats étaient amplement cités, sans explication ni critique. Pendant toute cette période, le battage à leur profit a éclipsé toutes les autres candidatures et toutes les autres initiatives.

Après le 3° échec de sa candidature, dont il porte largement la responsabilité, Jean-Luc Mélenchon revendiquait un poste de premier ministre du futur président, quel qu’il soit…

Là encore, il se discrédite  en considérant que la candidate néo-fasciste Le Pen et le technocrate Macron sont des dangers équivalents, au regard du potentiel dérapage autoritaire du pays, et pour les étrangers résidant régulièrement ou non sur notre sol.

De même les premières postures de demande de ralliement aux législatives, refusant de considérer la réalité du vote sur sa personne, ont été outrancières.

Elles ont été imposées, par la direction de la FI, de manière autocratique au mouvement, sonné par sa troisième défaite, sans débat, en allant à l’encontre de toutes les postures et les positions antérieures.

Leurs partenaires de la « NUPES » ont accepté le diktat pour continuer à exister et sauver les meubles, mais finalement, malgré son nombre de candidats, la France Insoumise compte moins d’élus que le FN… Les électeurs n’ont pas suivi le désir de JLM de se retrouver 1° ministre de Macron.

Pour conclure, quelques réflexions sur la légitimité du scrutin : 42% des électeurs se sont déplacés, les partis macronistes ont recueilli 16.5 % de voix pour 244 députés, la Nupes 13.5% pour 127 députés et le FN 7.4% pour 89 députés.

Il fallait en moyenne 36082 électeurs pour élire un député. Mais il en fallait 51622 pour un député NUPES, 32797 pour un député macroniste et 40329 pour un député FN.

Avec 1.5 millions d’électeurs de plus que la NUPES, les macronistes recueillent le double de sièges.

Jean-Claude Moog, le 30 aout 2022

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.