jean-claude pacitto

Abonné·e de Mediapart

1 Billets

0 Édition

Billet de blog 28 octobre 2015

jean-claude pacitto

Abonné·e de Mediapart

AFFAIRE DE L'IUT DE SAINT-DENIS: QUI A PEUR DE LA VERITE ?

jean-claude pacitto

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

AFFAIRE DE L’IUT DE SAINT-DENIS : QUI A PEUR DE LA MANIFESTATION DE LA VERITE ?

« Ce n'est pas de tuer l'innocent comme innocent qui perd la société, c'est de le tuer comme coupable »

Chateaubriand

Cette affaire n’aurait jamais dû exister. Et, ce, pour une raison simple : elle a été inventée aux seules fins de se débarrasser d’un collègue un peu trop indépendant, et d’assurer, ce faisant, la promotion politique de l’instigateur de cette ténébreuse histoire qui n’a que trop duré et dont il convient désormais, à l’heure où les indices de la manipulation deviennent de plus en plus nombreux, de débrouiller les fils.

A l’origine de cette affaire, une sordide histoire de règlement de compte politico-syndical comme une certaine gauche sait si bien les commettre. Il s’agit tout simplement d’éliminer un syndicat indépendant (mais que l’on catalogue toujours à droite) qui, circonstance aggravante, vient de rejoindre la confédération FO (qui a défendu Rachid Zouhhad avec constance et détermination). Le soldat Rachid Zouhhad responsable de ce syndicat doit donc disparaître du champ syndical de Paris 13. On commence donc par lui inventer une histoire de détournement de fonds qui fait sourire tout le lanterneau des IUT tant détourner une telle somme est tout simplement impossible, on y reviendra . Mais bon, ces histoires de malversations financières au sein de l’université cela n’intéresse la presse qu’une demi-heure : pas suffisant pour flinguer un collègue et assurer sa propre promotion. C’est alors que les instigateurs de cette histoire vont avoir une idée de génie : celle de transformer Rachid Zouhhad en islamiste par le biais d’une affaire de local aux tapis de prière géré par une association avec laquelle Rachid Zouhhad n’a pourtant aucun lien. Peu importe, on tient le cocktail explosif : l’islamisme tendance Al Capone. Et là ça marche ! La presse est unanime : on a débusqué le nouvel islamisme : celui de l’alliance de la religion et des malversations financières. L’infâme Zouhhad et sa clique communautariste doivent payer et vite. Feu le juge Lynch eût aimé cette séquence. Pas un jour sans un portrait acide de notre collègue sans jamais, d’ailleurs, l’avoir rencontré ou quand c’est le très rare cas en ne l’écoutant pas. Et pourtant, une simple investigation menée avec objectivité aurait vite amené nos journalistes à se rendre compte que Rachid Zouhhad était aux antipodes du portrait distillé de manière insidieuse par le directeur de l’IUT. Une enquête journalistique menée dans les règles de l’art eût vite débouché sur cette conclusion : accuser Rachid Zouhhad de prosélytisme religieux et de communautarisme reviendrait à accuser Manuel Valls de sympathies catholiques intégristes ! Rachid Zouhhad n’a aucune sympathie pour l’islamisme et encore moins pour le communautarisme. C’est un républicain si bien décrit par Régis Debray. Et le paradoxe de cette histoire, le paradoxe tragique est de voir des Républicains sincères taper sans retenue sur un des leurs ! Il faudra attendre un an pour qu’enfin des journalistes arrivent à la conclusion, qu’en effet, Rachid Zouhhad n’est pas un islamiste. Mais comme effrayés par cette découverte, ils n’iront pas plus loin. N’est pas le lieutenant-colonel Picquart (l’un des rares protagonistes honorables de l’affaire DREYFUS) qui veut !

Une simple enquête sur le fonctionnement des IUT aurait révélé aussi que sans la signature du directeur il n’y a pas de mandatement ! C’est aussi simple que cela.
Mais voilà les instigateurs de cette manipulation ont su créer un tel climat autour de cette affaire que tout le monde a peur et dans la France de 2015, les Zola, Péguy, et Clemenceau ont tout simplement disparu. Chacun cherche à sauver sa peau et ceux qui savent des choses préfèrent se taire. A quoi bon se faire flinguer pour un collègue avec un tel nom ?

Tous ceux qui émettent des doutes sur les dires du directeur sont voués aux gémonies. Tout ce qui arrive à ce pauvre directeur est forcément lié aux histoires de l’IUT de Saint-Denis et bien sûr à l’infâme Zouhhad. Une dénonciation anonyme et voilà notre collègue en garde à vue. On vient le chercher à 6 heures du matin devant ses enfants pour, bien sûr, ne rien trouver. On ne pourra qu’être étonné du fait qu’en deux ans d’enquête la police avec tous les moyens dont elle dispose n’ait pas fait la lumière sur ces envois de SMS menaçants, de graffitis et d’agressions. Interventions politiques ?

La dimension politique de cette affaire est évidente. Le directeur de l’IUT est membre du parti socialiste et fréquente les multiples réseaux de ce parti. Rachid Zouhhad est plutôt catalogué à droite mais celle-ci fidèle à elle-même ne l’a guère défendu ! Elle tenait son affaire Dreyfus et elle a préféré le confort de la lâcheté et de la bien-pensance au combat pour l’honneur. Une vieille histoire en somme  !

Il est clair qu’aujourd’hui la manifestation de la vérité porterait à la gauche gouvernementale un coup terrible dont elle ne se relèverait pas. Alors, entre un séisme politique et le sacrifice d’un obscur collègue universitaire le choix a vite été fait : rien ne doit être tenté pour que la vérité éclate. Imaginez un seul instant la séquence : un premier ministre en personne qui se déplace pour récompenser notre directeur sur qui des soupçons de plus en plus lourds pèsent et des enquêtes sont en cours depuis la publication du communiqué de l’Université Paris 13 faisant état d’une vidéo enregistrée par les caméras de surveillance le montrant rentrant avec deux sacs et ne ressortant qu'avec un dans le fameux local étudiant. Il peut se retrouver très rapidement dans le rôle de l’arroseur arrosé ! Il n’est même pas utile d’évoquer les nouvelles informations divulguées par le site « L’œil Pour Le Dire » (lpld.fr) qui, si elles s’avéraient exactes, impliqueraient plus encore le directeur de l’IUT dans les actes abjectes que constituent les tags antisémites et nazis.

A un mois des régionales, cela serait suicidaire !

Il faut donc continuer à pilonner Zouhhad et sa clique. Triste France où la somme des démissions individuelles crée cette faillite morale collective dont nous sommes les témoins depuis longtemps et dont cette sinistre affaire n’est qu’un épisode de plus.

Jean-Claude Pacitto

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.