C’est à l’autre bout du monde.
Cela fait partie de la Nouvelle-Calédonie. Territoire encore presque totalement français auquel on ne s’intéresse que lorsqu’il y a des manifestations violentes ou des drames comme celui d’Ouvéa en 1988 et les assassinats de Jean-Marie Tjibaou et de Yeiwéné Yeiwéné en 1989.
Et maintenant qu’on a dénombré des morts et des blessés sur l’île de Maré, à cause d’un conflit entre des usagers et la compagnie aérienne Air Calédonie… on reparle du « Caillou ».
Et pourtant la question de la desserte des Iles est problématique depuis des années.
Nidoishe Naisseline, Président d’Air Calédonie et, par ailleurs Grand Chef de Maré, avait notamment, en vain, lors d’une réunion récente des signataires des Accords de Nouméa à Matignon, souhaité que soit inscrite à l’ordre du jour, la desserte des Iles Loyauté.
Mais on avait d’autres chats à fouetter dans notre Hexagone que d’écrire ou de parler des questions de fond qui se posent à 20.000km…
On a donc pris l’habitude d’imaginer, la majorité de la Presse de chez nous y aidant, les Kanaks (Mélanésiens premiers habitants de Nouvelle-Calédonie et des Loyauté) comme « naturellement » violents.
Par ailleurs, on nous a accoutumé à ne lire le comportement des Kanaks (et de bien d’autres) qu’à travers le prisme occidental et de l’ancien pays colonisateur.
Et pourtant que de leçons aurions-nous à tirer de l’histoire et des coutumes kanaks, nous qui sommes de plus en plus individualistes et de moins en moins optimistes quant à l’avenir !
A commencer par le sens de la communauté et le respect des aînés (anciens), de la terre et des traditions.
Christian Karembeu rappelle, dans la préface du livre que lui consacrent Anne Pitoiset et Claudine Wéry, que la devise de Kanaky est « Terre de parole, terre de partage » et que l’accent est à mettre « sur le fait que ce « partage » ne doit pas concerner que les insulaires ».*
Alors mes souhaits sont de trois ordres.
D’abord, que soit réglé rapidement le problème conflictuel avec Aircal.
Ensuite, que soit sérieusement prise en compte la question de fond de la desserte des Iles. Enfin, que nos Medias se préoccupent de la Nouvelle-Calédonie autrement qu’à travers ses drames, mais nous aident à voir quels seront les enjeux du prochain référendum de 2014 sur les Accords de Nouméa à Matignon (émancipation ou rester dans le giron de la France).
* Anne Pitoiset et Claudine Wery Avec Christian Karembeu Kanak
Don Quichotte éditions, février 2011.