J’ai écouté Marine Le Pen, hier matin sur France Inter. Les auditeurs l’ont interrogée sur son programme. Les journalistes lui ont posé des questions pertinentes. Ils ne l’ont pas moins, ni plus, ménagée que n’importe quel autre candidat à l’élection présidentielle…Et pourtant, Marine Le Pen s’est estimée attaquée… elle a même parlé de diffamation !
Qu’est-ce que cela veut dire ?
Dès que l’on aborde les problèmes de fond et que l’on manifeste son désaccord, on est qualifié, aujourd’hui, de produit ou d’agent du « système ».
1984 fut l’année qui vit le Front National marquer les esprits, par l’élection de dix députés au Parlement européen.
Jean-Marie Le Pen est venu présider un meeting à Marseille, au printemps de cette année-là. Il y dénonça, notamment, le « socialo-communisme ».
J’étais alors permanent de la Cimade et, devant le danger que représentait le Front National, nous avons manifesté, pacifiquement, avec une vingtaine d’autres associations.
Comme pasteur de l’Eglise Réformée de France, à Vitrolles, j’ai eu à faire à Bruno Mégret, Délégué général du Front National et candidat à la Mairie en 1995 (j’en ai parlé dans mon billet du 25 mars 2011).
Le slogan de l’époque était : « mains propres, tête haute »….
Qu’est-ce que cela a changé pour les 4 communes (Vitrolles en 1997, avec madame Mégret) gérées dès lors par des maires frontistes ? Si la culture a été la première à en souffrir, les belles paroles et promesses, adressées à leur électorat ont eu leurs limites. Le Front National ne savait pas mieux gérer les mairies qu’il avait conquises.
Et il n’était pas, non plus, un parti que la « corruption » risquait de moins atteindre qu’un autre.
Donc la « pureté », la « préférence nationale », « mains propres, tête haute », l’« état-nation », les «hommes et les femmes patriotes », et j’en passe, sont, depuis 1972 (naissance du Parti), des défis menés contre la diversité et.... l’impureté.
La sémantique est toujours la même.
Bien sûr, puisqu’on ne l’a pas interdit, lorsqu’il était un groupuscule, le Front National est à sa place sur l’échiquier politique. Mais les quelques 30 % qui voteraient pour Marine Le Pen au premier tour devraient réfléchir. Les autres partis ne sont pas « tous pourris », comme on se plaît à le dire à cet extrême-là. Même si aucun ne se targue d’être le « paradis » !
Dans ce pourcentage, il y a, bien entendu les militants. Mais de ceux-là, à mon sens, on n’a rien à attendre.
Quoique, si : suivront-ils Marine Le Pen jusqu’au bûcher exclusivement ou …inclusivement ?
Sous des dehors plus « soft » que son père, elle poursuit son « œuvre » commencée il ya quarante ans.
Aux électeurs de faire leur choix.
Mais, s’ils ne veulent pas que la France devienne un pays rabougri, replié sur lui-même, montré du doigt pour sa « préférence nationale », alors qu’ils votent pour un candidat du « système » !