Plus le temps passe, plus je suis heureux de pouvoir encore défendre le pré carré du protestantisme dans lequel j'ai été élevé. Protestantisme historique, issu de la Réforme, où comme pasteur, j'ai pu, et je peux toujours, affirmer mes convictions et les valeurs auxquelles je tiens.
Bien que ma retraite se rapproche à grandes enjambées (retraite à 65 ans pour les pasteurs depuis belle lurette...mais, en France, se battre pour son maintien à 60 ans n'a rien d' anachronique !), ces valeurs sont les mêmes qu'il y a quarante ans, au sortir de la faculté de théologie: liberté, justice, équité, antiracisme, amour du prochain (ami et ennemi), démocratie, dialogue-débat.
Dieu étant, depuis que je le nomme, «Celui » dont John Cobb écrit qu'il « nous attire vers l'avenir ».
Il n'est pas, selon moi, pour poursuivre avec le théologien américain, « un Dieu qui légitime des normes et des institutions établies dans le passé...un Dieu qu'on cherche à travers le sens du Tout, de la dépendance absolue, de l'ordre, de l'obligation et du sacré... ».
Je suis chrétien parce que, en cherchant « Dieu dans l'appel à aller de l'avant, au-delà de ce qui a été réalisé dans le passé et au-delà de ce qui est établi et habituel » (John Cobb), je suis en continuité avec Jésus de Nazareth, ce qu'il a dit et fait. Si je ne cherchais pas Dieu ainsi alors je ne vois pas en quoi je serais chrétien.
Les valeurs et les convictions théologiques (qui ont souffert mais ont tenu bon!), que je mets donc toujours en avant, m'amènent à sortir de mes gonds lorsque je vois des évangéliques américains (mais de quel Evangile se réclament-ils donc ?) combattre, avec de plus en plus de virulence, l'évolutionnisme au nom du créationnisme et, tout aussi grave, aller jusqu'à penser que Barack Obama est l'Antéchrist !!!
Et il n'y a pas que cela. Que dire du Pape qui se permet d'intervenir dans la campagne électorale à quelques jours des présidentielles au Brésil, sous prétexte que, dans le plus grand pays catholique romain, le droit à l'avortement pourrait être instauré ?
Deux exemples parmi tant d'autres qui font de la religion chrétienne...et de Dieu, un rempart contre
ce qui pose problème à beaucoup, hélas !
Alors est-ce que je recherche le même Dieu qu'eux ? Non.
Nous avons la chance de vivre dans un pays laïque. Et nous devons en défendre la grande originalité, pour empêcher les hommes de faire de celui qu'on appelle Dieu, une divinité impérialiste et totalitaire qui réponde à leur peur d'aller de l'avant.
On n'est jamais trop vigilant...
« La laïcité permet à la religion d'être vraiment une religion, et de ne pas se transformer en un système impérialiste d'endoctrinement et de domination, éternelle tentation de ceux qu'habite et que travaille l'attrait de la transcendance, écrit le théologien André Gounelle. A l'inverse, la religion aide la laïcité à être et à rester authentiquement laïque, à ne pas devenir une idéologie dictatoriale, à ne pas tomber dans cette déviation qui croit que défendre le profane, préserver l'espace public et laïc oblige à le fermer et à le rendre exclusif ».
Le Président de la République et les élus locaux, départementaux et régionaux devraient faire leur ces quelques lignes sur la laïcité, sans jamais s'en écarter pour de basses raisons politiciennes.