Le ministère publie un rapport extrêmement riche qui mène à des conclusions quasi évidentes :
Le budget de l’enseignement supérieur (environ 30 Milliards d’euros) correspond en 2012 à 1.4% du PIB contre par exemple 2.8% aux USA ou 2.4 % au Canada. Dans un futur où le savoir et la formation des populations sont les clefs pour le redressement national, un tel différentiel est une faute majeure. Il faut donc s’engager au minimum pour le quinquennat à approcher les 2% au moins soit un effort de 2,5 à 3 milliards par an.
Les deux tiers du budget sont consacrés aux dépenses de personnel et seulement un tiers au fonctionnement hors salaires et aux investissements, ce qui est notablement insuffisant. Le financement de l’enseignement supérieur est réalisé à 70% par l’état et seulement à 9% par les ménages. L’effort de dépense devra mettre plus à contribution les ménages et en particulier les plus favorisés qui en général profitent des formations dans les grandes écoles, formations parmi les plus coûteuses pour l’état.
Je propose que la moitié des 3 milliards d’effort par an soit à la charge des ménages à travers les frais de scolarité.
Pour illustrer ce manque de moyens, je citerai deux exemples parisiens :
• L’université Pierre et Marie Curie, meilleure université française dans les classements internationaux, est dans un état de délabrement indigne.
• L’université d’Orsay, siège de nos médailles Field de mathématiques, coupe parfois le chauffage en hiver par manque de budget de fonctionnement.
Sans parler de l’état des cités universitaires, peu accessible aux français et dans un état indigne.
Les moyens sont une chose mais ce sont les résultats qui comptent. Avec une massification de l’enseignement supérieur (78% d’une classe d’âge est bachelier), l’accès libre à l’enseignement supérieur n’est plus possible. Certaines disciplines avec peu de débouchés professionnelles (psychologie, lettres et sciences humaines et sociales) et qui représentent actuellement la moitié des étudiants doivent avoir un contingent maximum d’étudiants. Par contre les filières courtes (IUT et BTS) avec d’excellents débouchés sur le marché du travail doivent être développées.
La massification nécessite aussi un changement pédagogique. Un encadrement plus important doit être mis en place pendant le premier cycle de manière sinon similaire mais proche de celui des classes préparatoires ou des IUT. La sélection par le vide du premier cycle est un gâchis d’argent public.
Un équilibre homme/femme dans toutes les disciplines doit être favorisé.
La recherche française attire énormément d’étudiants venus du monde entier sauf des grands pays scientifiques. On note la présence de 41% d’étrangers parmi les quelque 70.000 doctorants inscrits dans nos universités. Un quart des doctorants vient du Maghreb, selon l’enquête réalisée en 2010, par la Confédération des Jeunes Chercheurs .Tandis que les ressortissants d’États membres de l’Union européenne sont 19%, la Chine, le Brésil, le Mexique, la Russie avec qui la France a des accords sont également bien représentés, tout comme la Colombie et le Pakistan. En revanche, les grands pays scientifiques comme les États-Unis, le Japon ou la Corée du Sud sont pratiquement absents de nos centres de recherche. Par ailleurs, la proportion de doctorants étrangers reflète aussi... la désaffection des thésards français en particulier issus des grandes écoles d’ingénieurs qui soit ne voient pas l’intérêt d’un sacrifice financier sans un retour évident ou qui redoutent de ne pas trouver de débouchés en poursuivant leurs études encore trois ans.
Je propose donc que, comme cela existe déjà pour certaines écoles, les diplômés des grandes écoles d’ingénieurs dont la scolarité a été plus que subventionnée par l’argent public doivent quelques années à l’état et en particulier par l’accomplissement d’un doctorat. Un effort doit être fait pour attirer les étudiants des grands pays technologiques. Ce serait la preuve de notre qualité et attractivité scientifique.
Les thésards issus des pays du Maghreb et autres pays en « voie de développement » devront correspondre à une vraie valeur ajoutée et pas à l’exploitation d’étudiants d’un niveau médiocre par des laboratoires peu scrupuleux. Cela existait déjà largement quand j’étais étudiant et cela perdure.
Un grand défi attend l’université : 43% des professeurs et 19% des maîtres de conférences partiront en retraite dans les dix ans à venir. De fait, l’âge moyen des enseignants du supérieur, qui demeure stable, est élevé : 52 ans et 5 mois pour les professeurs titulaires et 44 ans et 4 mois pour les maîtres de conférences. C’est donc une occasion historique de diversifier le recrutement par un accès à des professionnels du privé et par des enseignants de haut niveau étrangers.