A l'heure où la société SEB s'apprête à réaliser la plus grosse acquisition de son histoire, celle-ci est mal connue et pas si jolie que cela.
Qui ne connaît pas la célèbre cocotte-minute inventé en 1953 au sein de la société SEB ? Comme la société SEB le déclarait en 2003 pour les 50 ans de la cocotte-minute « Elle peut se flatter de figurer parmi les innovations majeures du XX ème siècle et être fière d’avoir conquis 9 foyers français sur 10 ».
La société SEB insiste même dans sa communication institutionnelle sur ce moment fondateur « Un grand pas est franchi en 1953 avec le lancement de la Cocotte-minute, qui donne à l’entreprise, désormais dénommée Société d’Emboutissage de Bourgogne, une dimension nationale. »
La marque SEB est aujourd'hui sans rivale. Nous pouvons lire dans la presse que le best-seller du groupe SEB, toujours sur le marché, s’est vendu à plus de 70 millions d’exemplaires depuis sa conception.
Sous la supervision de Jean Lescure, l’équipe technique reposait sur deux personnes dont le nom est inconnu du grand public,
Raymond Louet à qui on doit en autre la fameuse soupape-toupie et Camille Philippe à qui on doit l’idée géniale de l’étrier en acier inoxydable.
D’ailleurs les importantes inventions faites par Messieurs Philippe et Louet durant une vingtaine d'années, dans le secteur industriel, ont eu leur écho dans le monde entier. Mais ils ont étendu plus encore leur champ de travail : ils se sont consacrés tout entier aux recherches de toutes sortes sur des problèmes modernes intéressant les ménages (cafetière, casserole à fond aluminium, poignées amovibles pour ustensiles divers, système de sécurité pour les autocuiseurs...).
En 1967, Monsieur Philippe est à l’origine de la friteuse électrique et sans odeur qui a permis de réaliser un chiffre d’affaire de plusieurs centaine de millions d’euros, permettant ainsi, je cite « de faire travailler 400 personnes chez SEB » (courrier du 17 septembre 1997 de la société SEB, adressé à Monsieur Philippe à l’occasion du 30ème anniversaire de la friteuse).
On pourrait légitimement penser que Messieurs Philippe et Louet qui ont contribué activement, durant 26 ans, à la croissance mondiale du groupe SEB seraient récompensés à la hauteur de leur contribution inestimable pour le groupe SEB…
Pas du tout, si la société SEB a reconnu leur paternité, les deux inventeurs n’ont reçu aucune rémunération supplémentaire pour leurs inventions. Si c’est parfaitement légal au regard de la législation de l’époque, c’est moralement un véritable scandale. Mais le plus incroyable reste à venir.
Monsieur Camille Philippe, malade à cette époque, a fait l’objet en 1969, d’une modification des plus incroyables de son contrat de travail : son salaire serait garanti en cas d’arrêts de maladie uniquement dans la mesure où il serait à l’origine de brevets exploités.
C’est une version avant l’heure de l’expression « inventions contre nourriture »
En 1972, estimant les nouvelles créations de Monsieur Camille Philippe peu inventives, la société SEB a dénoncé sa garantie de salaire et le licencie dans la foulée conformement à ce contrat de travail des plus scandaleux. Etrange témoignage de reconnaissance du groupe SEB pour l’inventeur dont la création a permis à la société de se hisser au premier rang mondial dans son secteur d’activités. On ne peut qu’être scandalisé par de telle pratique.
En 1975, SEB ne lui a même pas proposé de bénéficier des conditions fortes attractives pour l’introduction en bourse du groupe.
Monsieur Louet est décédé et Monsieur Camille Philippe est un vieux monsieur qui mérite la reconnaissance financière.
On se souvient du slogan « SEB c’est bien » et bien non SEB ce n’est pas bien du tout et il est urgent que Monsieur Thierry de La Tour d'Artaise, PDG de la société SEB et beau-fils de Jean Lescure le précurseur, qui touche une rémunération annuelle globale d'environ deux millions d’euros € dont 20 000 € de jeton de présence, cède quelques jetons à nos valeureux inventeurs.