Au début, les Malgaches qui sont aujourd'hui encore dans la rue ne demandaient pacifiquement qu'un accès à l'eau et à l'électricité. Ils dénoncent aujourd'hui une corruption endémique et réclament le départ du président malgache...
Manifestations pacifiques ? Réponse du pouvoir : 22 morts et des centaines de blessés. Dans ce pays rongé par la corruption, certaines voix s'engagent pourtant depuis des années pour mettre fin à ce fléau qui ronge la grande île depuis l'indépendance. Mais les multinationales qui veulent faire main basse sur les richesses minières de l'île ont le bras long et, avec la complicité de politiciens véreux, elles sont capables de tendre des pièges particulièrement pervers à ceux qui osent mettre le nez dans leurs pactes de corruption, au point parfois de renverser spectaculairement la situation et les présenter comme des corrompus !
L’actualité à Madagascar me force à boucler ces prochaines semaines une enquête commencée il y a plusieurs mois sur un incroyable dossier qui a éclaboussé l’entourage immédiat du président malgache qui fait face aujourd'hui à une révolte populaire risquant bien de précipiter sa chute, puisque l’armée vient de prendre le parti des manifestants qui dénoncent désormais la corruption.
Dans un pays rongé par une corruption endémique, les lanceurs d'alerte, ceux qui conduisent des investigations particulièrement complexes, prennent des risques qui nous échappent le plus souvent tant ils semblent démesurés. Ainsi, une très proche d’Andry Rajoelina s’est retrouvée piégée il y a plus d’un an par ceux qui voulaient faire main basse sur une concession minière : une multinationale britannique et des politiques malgaches véreux. Alors que l'ancienne directrice de cabinet du président malgache s’investissait personnellement dans une enquête sur la corruption au cœur de ce dossier sensible, c’est elle qui s’est retrouvée emprisonnée, prise au piège tendu par une multinationale britannique qui siphonne les ressources minières de plusieurs pays d'Afrique avec la complicité de politiciens véreux.
Lorsque j’épluche les différentes pièces du dossier que j’ai commencé à constituer, je crois tourner les pages de The Constant Gardener, le best-seller de John Le Carré !
Dans les pays africains gangrénés par la corruption, parfois depuis l’indépendance, tous les moyens sont bons pour réduire au silence les lanceurs d’alertes. Comme Romy Andrianarisoa, ceux qui se battent pour assainir les pratiques publiques s’exposent dangereusement, mettent parfois leur vie en danger, et sont jetés en pâture comme des coupables. C’est un jeu particulièrement pervers de la part des corrupteurs et des corrompus… Pourtant, plus j'avance dans mon enquête, plus les éléments du piège tendu par une multinationale minière avec la complicité de politiciens véreux s'accumulent.
(À SUIVRE…)