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Billet de blog 16 novembre 2015

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Ce qu’il y aura après les attentats de Paris

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Par le comité de rédaction du New York Times. Article paru le 15 novembre 2015: What Will Come After Paris

Les attaques terroristes de vendredi, à Paris, en compagnie du double attentat à la bombe à Beyrouth, la veille, et de la destruction en vol de l’avion de ligne russe au-dessus de la péninsule du Sinaï, le 31 octobre, montrent une nouvelle phase de la guerre que mène l’Etat Islamique contre l’Occident : son aptitude à frapper loin des zones qu’il contrôle en Irak et en Syrie, et, de façon croissante, en Libye.

Le défi pour les pays menacés est immense. Le type d’attaques que l’Etat Islamique, EIIL [ou Daech], a lancées est difficile à anticiper et à prévenir, alors même qu’en Europe, chacune d’entre elles intensifie la xénophobie tapageuse des nationalistes d’extrême droite, toujours prêts à diaboliser les citoyens, immigrés et réfugiés musulmans, et à fermer les frontières intérieures ouvertes de l’Europe [l’espace Schengen]. L’Etat Islamique doit être écrasé, mais cela requiert de la patience, de la détermination et la coordination des stratégies et des objectifs, coordination qui a cruellement fait défaut parmi les pays impliqués dans la guerre contre Daech, en particulier les Etats-Unis et la Russie.  

Le Président français François Hollande a déclaré dans un acte de défi que les attaques de Paris étaient un « acte de guerre » et a promis une riposte « impitoyable ». Dimanche, des avions de guerre français ont bombardé Racca, la ville syrienne, fief de l’EIIL. On s’attend à ce que M. Hollande fasse d’autres propositions lorsqu’il s’adressera au Congrès, réuni en session spéciale à Versailles, lundi. La France a déjà une politique antiterroriste parmi les plus intensives d’Europe ; adopter des mesures draconiennes du type de celles exigées par les nationalistes d’extrême droite, comme Marine Le Pen et le Front National, ne peut qu’aliéner encore plus une population musulmane de cinq millions, sans offrir de garantie contre de nouvelles attaques.

La découverte d’un passeport syrien près de l’un des assaillants, correspondant à celui utilisé par un demandeur d’asile qui était entré en Europe par la Grèce, ne pouvait qu’exacerber les sentiments contre les réfugiés et les appels à fermer les frontières [à l’intérieur de Schengen]. Il n’y a aucune preuve que le propriétaire de ce passeport était l’un des assaillants. Et même si l’un d’eux était entré en Europe en se faisant passer pour un réfugié, le premier assaillant qui a été formellement identifié, Omar Ismail Mostefaï, n’était pas un réfugié, mais un citoyen français né en France et qui a grandi dans une ville en banlieue sud de Paris.

Attiser les passions braquées autour des réfugiés et des musulmans en Europe était sans aucun doute un objectif majeur de l’attaque de l’EIIL. Le choix des quartiers où la plupart des attaques se sont déroulées, un lieu de diversité ethnique à l’est de Paris, de plus en plus peuplé de jeunes actifs, semblait destiné à envoyer le message que la tolérance ne serait d’aucune protection contre ce que l’EIIL a décrit dans un communiqué comme la « tempête » à venir.

La France doit prendre des mesures pour protéger ses citoyens, comme doivent le faire les Etats-Unis, la Russie et tous les autres pays – en Occident ou au Moyen-Orient – menacés par le rêve meurtrier de l’Etat Islamique d’un nouveau califat. En même temps, il est clair que la prévention contre de nouvelles attaques de l’EIIL requérra de la part des Etats menacés qu’ils trouvent un moyen de mettre fin à la guerre civile en Syrie, laquelle a rendu possible pour ce groupe terroriste d’obtenir richesse, territoire et puissance. Cela veut dire que les pays déjà engagés dans ce combat doivent coordonner leurs actions de façon étroite – et surtout les Etats-Unis et la Russie – et cela veut dire persuader plus de pays européens et du Moyen-Orient à se joindre à cette mission.

Jusqu’à cette dernière avalanche d’attaques de l’EI, la focalisation des Etats-Unis sur cette organisation terroriste, en tant qu’ennemi principal, n’a pas été entièrement partagée par la Russie, qui a plus utilisé ses actions militaires pour défendre son allié, le Président syrien Bachar el-Assad. Mais il y a eu récemment plusieurs changements prometteurs en direction d’une plus grande coopération. 

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