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Billet de blog 30 octobre 2014

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Les tests de résistance de la BCE et notre Dés-Union bancaire : faillite institutionnelle à tous les étages

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Par Yanis Varoufakis. Tribune publiée le 27 octobre 2014 sur le site de l'auteur : The ECB’s Stress Tests and our Banking Dis-Union: A case of gross institutional failure (traduction: JFG-QuestionsCritiques).

Dimanche dernier, la BCE a publié ses résultats d’assurance qualité, ses tests de résistance de nos systèmes bancaires. Ce fut, depuis mon poste d’observation, un triste jour.

Déjà en 2010, l’Autorité Bancaire Européenne (ABE) s’est déshonorée avec des tests de résistance qui ont validé haut la main des banques qui pourraient faire faillite sans ménagements dans les mois à venir. Ce que nous avons fait est de discréditer la seule institution appropriée dont dispose la zone euro : la BCE.

Suis-je trop sévère ? Je ne le pense pas. Rendons-nous, pendant un instant, de l’autre côté de l’Atlantique. Qu’est-ce qui donne le pouvoir sur les banques à la FED et à la FDIC (l’agence qui assure les dépôts bancaires) ? Est-ce le fait que la FED-FDIC soit l’unique structure qui surveille les banques ? Non. Il est de notoriété publique que ce qui lui confère ce pouvoir est le fait que lorsque la FED-FDIC affirme qu’une banque est insolvable, elle n’a aucun scrupule à le faire. Evidemment, la raison est qu’elle a non seulement des pouvoirs de surveillance (comme l’accès aux livres de compte des banques) mais, fondamentalement, le pouvoir d’obliger à des fusions ou à recapitaliser les banques défaillantes.

Supposez que la FED-FDIC avait à la place, comme c’est le cas pour la BCE, seulement le pouvoir d’examiner les livres de compte des banques ? Imaginez maintenant qu’avec cet unique pouvoir la FED-FDIC découvrait qu’une banque au Nevada ou au Missouri a des problèmes. Si la charte de la FED-FDIC excluait toute autre action que celle d’annoncer l’insolvabilité de cette banque, son pouvoir de surveillance ne signifierait pas grand-chose. Car s’il est rendu public que l’Etat du Nevada ou du Missouri, en situation budgétaire tendue, doit emprunter de l’argent sur les marchés monétaires pour payer les dépôts garantis des déposants, ainsi que du capital neuf dont telle ou telle banque a besoin pour être sauvée, les autres banques de l’Etat en question feraient face à une ruée bancaire, cet Etat verrait le coût de ses emprunts monter en flèche et, rapidement, une crise bancaire et budgétaire combinée pourrait survenir dans toute la « zone dollar ». Pour le dire crûment, les personnes bienveillantes à la FED n’auraient d’autre alternative que de se taire, cacher la mauvaise nouvelle, étouffer les problèmes de cette banque et essayer de trouver, dans le plus grand secret, un moyen de renforcer sa capitalisation.

C’est précisément dans cet état que notre soi-disant Union Bancaire a placé de force les superviseurs de la BCE. Tant que la BCE n’est pas l’unique autorité de résolution bancaire, et tant que les fonds pour venir en aide aux banques insolvables doivent provenir (en fin de compte) des Etats ne disposant pas de marge de manœuvre budgétaire, les Etats faibles et les banques fragiles continueront de se donner le baiser de la mort. De même, se poursuivra le resserrement du crédit dans les régions de la zone euro où l’austérité a lourdement ébranlé la demande, annihilant tout désir d’investir dans des activités productives – plutôt que de simplement brader les actifs improductifs.

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