Les mots sont un peu comme des papillons, ils se posent d'une façon qu'on juge erratique, laissent aux yeux une vapeur de couleur incertaine, tant leur visite est éphémère…
À peine écrits
Les mots perdent leur âme,
Comme perd sa vie
La fleur à peine coupée.
Déjà ils ne sont plus aptes à dire
Ce qu’ils étaient destinés à dire
Déjà s’écoule leur sève, d’une mortelle et définitive blessure
Qui se referme sur le vide.
Le poète tente en vain de reconstruire ce pâle
Reflet du sang premier,
Et voit son âme mourir en s’exhalant.
Tentative inutile, jonchée de l’indifférence des autres,
Qui glorifient la beauté sans comprendre
Que le sacrifice à chaque fois est ultime,
D’où ne viendra pas la moindre résurrection.
Lors, que dire d’une fleur déjà coupée
Que la mort emporte dans l’oubli ?
Qu’elle fut belle et pleine de senteurs,
Que son cœur cachait en son sein secret
L’abeille butineuse
et que le miel à jamais s’en perd…
Jean Gelbseiden