JEAN GELBSEIDEN

POÈTE, président de l'association Mots Passants, et animateur en son sein d'ateliers d'écriture narrative et poétique, ainsi que d'ateliers de lecture destinés à la production de lectures publiques

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Billet de blog 29 octobre 2015

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au diable les poètes.

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Eh bien voilà ! cela faisait longtemps que me chatouillait, me démangeait plutôt, l'envie de dire. L'envie de poser une question, plutôt; à quoi servirait-il que les poètes se mettent en colère, dégoûtés par le chemin que prend l'humanité, que prennent les institutions, les politiques… à quoi cela servirait-il puisqu'ils n'ont – pratiquement – plus le droit de cité ? Puisque si certains sont encore lus parce que déjà édités, les autres ont un mal fou à se faire entendre, fût-ce par écrit ? En quoi pourrait-on revendiquer le droit à dire, nous qui n'avons pas fait science-po, ni normale-sup, ni n'avons d'émission sur France-Culture, le samedi matin de 9 heures à 10 heures ? Sans avoir le droit à la moindre réplique, nous n'avons non plus le droit à dire ce que nous sommes, quel est notre rapport au monde, comment pour nous les nuages sont vert pomme, et les téléphones portables des fourmis-sauterelles ? Sommes-nous seulement perçus comme aptes à donner du sens aux êtres, aux choses, aux événements qui nous entourent ? Certains d'entre nous ont choisi un langage qui les exclut de fait de toute compréhension du lecteur lambda, comme si le beau était nécessairement incompréhensible au commun des mortels ! Certains autres se débattent dans un vocabulaire incapable de faire ressentir leurs états d'âme, tellement ils sont victimes consentantes d'un certain marketting. Et la poésie dans tout ça ? Quel en est le poids, à l'aune des faits relatés chaque jour par les médias de tout poil ? On finira bien par nous dire que notre choix n'est ni sérieux ni prioritaire, que la référence à Villon, Ronsard, Baudelaire, Darwich est de l'ordre de la masturbation intellectuelle, passée de mode et de jouissance... Et pendant ce temps-là, nous pleurons en silence, mangeons nos ongles, et rongeons notre frein. Où est-il donc passé, ce poète qu'on citait à toutes les occasions, quand toutes les occasions étaient bonnes ? j'ai relu récemment l'oeuvre de Sénac, je suis aujourd'hui plongé dans les sonnets de Shakespeare, et cela ne me donne pas l'impression d'être un zombie, mais aux yeux de l'immense majorité, je suis un animal préhistorique. Alors qu'attendez-vous, amis de Médiapart, que je lis à plusieurs reprises chaque jour, dont j'écoute avidement les débats, qu'attendez-vous pour bercer aussi notre vie de poésie, baume indispensable à panser les blessures de notre quotidien ? Si vous n'en avez pas le temps, je me porte volontaire: j'ai créé il y a cinq ans un site nommé " Mots Passants " sur lequel, jour après jour, j'essaye de faire partager ma passion. Je ne vous oblige pas à créer un lien vers lui, mais je serais heureux que des journalistes y aillent passer un moment, quand ça leur chante… 
Bien sûr ce texte pourrait se prolonger, mais je ne le crois ni souhaitable ni utile. 
Bien à vous pour votre excellent travail,

Jean Gelbseiden 

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