Comment retrouver le peuple ? dites-vous François Ruffin, avant de donner cette réponse inquestionnée : On a principalement besoin de gens dans la rue pour que le peuple continue de faire pression sur le pouvoir. Je me vois dans ce rôle-là, bien plus que dans celui de ministre du Travail.
Maintenant, vous êtes à la question, vite répondue ici : Il faudrait que je sois l’un des porte-voix qui parviennent aux oreilles des dirigeants pour relayer ce que ressentent les gens. Or, vous savez bien, François Ruffin, que lesdits dirigeants ne sont pas ceux qu’on entend à l’Élysée ou à Matignon - mais que ces dirigeants ont… ces oreilles-là ! Donc, pour "avoir l’oreille" des dirigeants, comme on dit dans les arènes, il vous faut forcément parvenir à l’Élysée. Par quelle rue ? C’est la Question.
Rassurons-nous vite : si c’est la rue qui décide, c’est le président de notre arène qui attribue "l’oreille des dirigeants". Oui, vous aurez l’Élysée si la rue le peut et si Mélenchon le veut... Inquiétons-nous alors. Car ladite gauche semble à la ramasse et quasi immobile.
La discrétion est essentielle pour comprendre un mouvement, aimez-vous à dire. J’aime organiser (…) si mon camp décide de mener une campagne populaire à la présidentielle. Oui, mais est-elle populaire et festive la campagne de Mélenchon ? Manifestement, elle ne mobilise qu’une marge du "centre invisible atomisé" (pour parler le Todd) au point d’être sondée à "13 reste raide" !
Bernard Arnault? Emmanuel Macron? C’est un plaisir de les affronter mais Jean-Luc Mélenchon, j’ai du mal, lâchez-vous à Laïreche. Inutile de vous faire du mal, François Ruffin, c’est l’être même qui fait mal, sous sa forme la plus impérative : la Nécessité qui oblige. À "13 reste raide", Mélenchon (s’il n’est pas devenu fou évidemment) cherchera à rassembler le reste de la gauche - une Union de la gauche naguère abhorrée, avec cette pointe avancée : Vous, François Ruffin !
Il faut que je travaille aussi ma stature! répondriez-vous.
- Non, inutile encore, c’est l’affaire de Mélenchon d’abord, de la gauche restante ensuite.
J’aime bien être un électron libre, mais ce n’est pas une bonne chose pour prétendre à la plus haute des fonctions.
- Pour avoir vos 500 signatures avant le 4 mars, c’est plutôt une bonne chose. Et vous sauriez organiser la fête après ! Car la rue est à vous, François Ruffin.
(pour les citations, merci à Rachid Laïreche, François Ruffin, Les Arènes, juillet 2021)