Les entrepreneurs du Votutile, ou Votutiliens, on peut les nommer a minima (JAM & Co.) pour reporter utilement le lecteur au billet de JAM La querelle du Votutile... Mais soyons charitable: faire une querelle à la France Insoumise (et partant à Gérard Miller) n'est vraiment pas un métier de ps-analyste, sauf à vouloir faire une quenelle à la FI! Rien d'antisémite, of course.
Le vote utile, dans la FI, on le vomit de conserve - et non de concert comme au ps. Voter Macron, l'ennemi du genre humain salarié, pour barrer la route de l'Élysée à Le Pen est devenu inutile et incertain et pénible, comme écrivait Pascal (Pensées, S. 118). Soit dit en passant pour déqualifier sans disqualifier le registre de la dénégation cher aux ps-analystes.
Déconstruire cette quenelle (au demeurant tendue d'un seul élément de langage ps, le n°3: Nikè Le Pen - l'irrésitible victoire de Le Pen aux présidentielles) est bien un travail d'insoumis, même que... Spinoza pourrait être le bon opérateur de déchiffrement. On laissera ainsi le jeu de dupes/non dupes aux ps-analystes pour emprunter les erres spinoziennes toute indiquées pour évaluer la peur de la jouissance indicible que l'élection de Le Pen au premier tour procurerait à un clubber de Médiapart. Pour une bonne politique des affects, mieux vaut être dupé par Spinoza que par Freud & Lacan.
Cette fameuse jouissance indicible (honnie par JAM), on pourrait sans peine l'indexer sur le premier genre de connaissance: le régime des passions tristes, ou plutôt faussement joyeuses parce qu'indicibles, justement. La joie est bien là, mais comme réduite à un cri... Il y va même d'une jouisance indécente ne respectant pas le Votutile porté à son maximum d'intensité: 49 points. Tous les gauchisants (gauchistes compris) auraient voté Macron-Utile, et voilà cette gôche perdante et perdue. Le Pen au premier tour! Comme quoi la joie fondée sur l'imagination peut se réaliser, au moins dans l'imagination des Votutiliens.
Heureusement, la jouissance "dicible" est toujours possible: l'élection de Le Pen au second tour! Mais si on peut la dire, c'est qu'il s'agit d'une joie adéquate, guidée par une raison déontique, pour une certaine obligation. Le Pen élue présidente, voilà le "gros affect" qui affecterait assez Hamon et l'obligerait à la compagnie de Mélenchon pour les législatives. Soit une alliance de raison indexée sur le second genre de connaissance. Oui-mais, dira-t-on, si c'est pour résister dans la rue et se bunkériser dans l'Assemblée Nationale... un peu triste comme joie adéquate, non?
Insoumis(e)s, chers ami(e)s, soyons vraiment fous de joie: pourquoi pas... jouir en gagnant les législatives! Ça serait, sous notre horizon de finitude négative, gagner la béatitude, la joie indexée sur le troisième genre de connaissance. Ce n'est pas parce qu'on a réprimé les affects qu'on jouit de la béatitude, mais au contraire, c'est le pouvoir de réprimer les désirs capricieux qui naît de la béatitude même. (Éthique V, Prop. XLII, Dem.) Autant dire: le désir capricieux du clubber-à-jouissance-indicible serait dûment réprimé, tout comme... la ps-analyse du Votutilien macronisé par son énoncé lacanien: Je me donne à toi, mais ce don de ma voix - comme dit l'Autre - mystère! se change inexplicablement en cadeau d'une merde.
Ainsi, bien loin d'être "travaillée à son insu par le désir innommable de s'abandonner dans les bras de la monstrueuse Walkyrie", ladite France Insoumise ferait joyeusement travailler les bras de la Montretout à sa propre perte: une Le Pen-présidente battue, cocue et pas contente!... Reste plus à la FI (qu'elle soit par excès ou par défaut) à faire une quenelle continuée aux Votutiliens. Ça a déjà commencé... et grâce soit rendue à Gérard Miller, place de le République, 18.3.2017, 16.30:
Soyons tous réalistes, votons Mélenchon!