Hier, sur RTL, Montebourg invitait tous les Français (électeurs de droite compris) à la primaire BAP de janvier: Je leur propose de battre le président de la République avec ma candidature. Est-ce à dire que Montebourg se serait "disqualifié" (MGarand) par un manque de "probité intellectuelle, de respect de soi et des autres sans lesquels il n'y a pas de vie démocratique possible"?... Comme je crois (mon blog en fait foi) qu'un mélenchonien ne devrait pas insulter l'avenir de Montebourg, je me fais volontiers l'avocat du diable.
D'abord, qui seraient ces électeurs de droite assez mobilisés pour voter contre Hollande, et pour Montebourg? Sûrement pas ceux qui ont voté à la primaire des droites: cette oligarchie élargie au premier décile (sauf exception), passablement satisfaite de Oland et estimant que Fillon fera encore mieux pour elle. Donc, pas le noyau dur de la bourgeoisie, mais peut-être les gens qui ne savent pas ce qu'ils sont mais savent ce qu'ils ne veulent pas - bref, le peuple de droite accablé comme on sait de "charges sociales". Or, qui peut croire à cette fable: un peuple de demi-bourgeois optant pour Montebourg, au motif qu'il aurait pour carte de visite Entrepreneur ? Ce peuple-là sait compter et calculer au mieux: Oland est un adversaire (de Fillon) infiniment plus facile à battre que Montebourg, surtout si ce dernier reçoit (au bon moment) le soutien... de Mélenchon - sait-on jamais? Donc, exeunt les électeurs de droite, sauf marges habituelles.
Battre le président de la République... Voilà une énième facétie de Montebourg: il semble croire à l'honneur du Président pour un retrait définitif de la vie politique, sachant bien que Hollande, en bonne intelligence, ne se représentera pas, mais présentera Valls pour rafler la BAP... Bon sang, mais c'est bien sûr! Cet appel à tous les électeurs (pour la primaire BAP) n'était jamais qu'une adresse au peuple de gauche, et à lui seul! En fait, si le corps électoral se limitait aux affidés du PS, Valls ne risquerait pas la défaite: il peut toujours compter sur "le fraudeur" Cambadélis. Aussi, Montebourg se doit de trouver hors parti un soutien neuf. Déjà, il peut compter sur Chassaigne qui jouera (jusqu'en janvier) à la Présidence... pour mieux rabattre sa petite compagnie sur le champion de la BAP, et pourquoi pas proclamer l'Unité populaire. Peu importe ici que, pour ces TSM, Valls fasse aussi bien l'affaire: ce WE verra si Chassaigne & Co. est suivi à l'aveugle, et par "combien de divisions". Alors, qui d'autre en soutien de Montebourg? Faudra pas compter sur les Insoumis assez capables de voter Valls pour assurer Mélenchon d'une plus grande gloire "à gauche". Faudra pas non plus compter sur les Verts: les lib-environnementalistes ont Jadot et les éco-politistes Mélenchon par défaut. Encore moins les gauchistes, bien trop affairés à chasser la Méluche... Au final, ne resteraient pour Montebourg que les abstentionnistes! Ainsi, partout où il se tourne... la morne plaine des Absents.
En appeler à tous les électeurs pour n'en voir venir aucun - ni de droite ni de gauche - ne semble pas très raisonnable. Et pourtant, Montebourg garde toutes ses chances, puisque Valls n'aura pas plus de soutien extérieur. En effet, nos bourgeois & demi-bourgeois de droite ont déjà leurs champions (Fillon et Le Pen) et ne se disperseront pas plus. Donc, Valls ne pourra s'appuyer que sur des élus à la ramasse ou en voie d'extinction, à l'exemple du vallsiste Castaner parti chez Macron. Et c'est ainsi que la BAP aurait sa bataille d'Égaux... n'était la fraude hautement probable. Justement, et c'est pourquoi Mélenchon ne peut pas insulter l'avenir de Montebourg: si la "fraude camba" était peu ou prou certifiée, nous verrions Montebourg se rapprocher assez vite de la France Insoumise pour affirmer ce qu'il disait "en l'air" sur RTL: Une présidence Hollande faite de reniements et de renoncements (...) ne peut pas lever l'espoir sur un échec.
Mais si Montebourg, d'aventure, gagnait la BAP?... Pas plus Mélenchon ne devrait insulter l'avenir. Certes, la "gauche" serait éliminée dès le premier tour, sauf à imaginer un Macron et une Le Pen pompant nombre de voix à Fillon (or, tout laisse à penser que l'oligarchie ne le permettra pas: Macron sera "acheté" par Fillon). Voilà donc cette gauche out, à calculer selon la logique du pire - Fillon la caricature ou Le Pen la montretout? Mélenchon et Montebourg savent bien que "le danger sauve" et que seule une très grosse émotion (Le Pen-présidente!) les obligerait à une union de raison pour les législatives. Mais non, ils semblent encore préférer une moindre émotion (quoique...) avec l'arrogant Fillon.
Moralité de l'avenir? Encore un effort, Mélenchon & Montebourg, si vous voulez devenir ce que vous êtes: raisonnables.