Jean HUCK

Abonné·e de Mediapart

65 Billets

0 Édition

Billet de blog 5 juin 2013

Jean HUCK

Abonné·e de Mediapart

Sens-tu venir l'orage?

Jean HUCK

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je suis fan des "war-fictions" ou des politique-fictions; à chacun son défaut....

Depuis la fin des années 70, les ouvrages du genre publiés aux U.S.A. avec en tête Tom Clancy, passent tranquillement en revue tous les scénarii possibles de guerre contre presque tous les Etats de la planète. Il n'y manque même pas une "guerre de libération" de l'Europe pour la délivrer d'une dictature franco-allemande!

Doit-on rappeler le danger que présentent la banalisation et surtout l'aseptisation de la violence? Lorsque "ça" arrive, le lecteur est HABITUE. Tom Clancy avait prévu bien avant le 11 Septembre la possibilité d'un attentat massif commis à l'aide d'un gros avion de transport. C'est d'ailleurs ce qui fait l'intérêt (? oui, bon, enfin...) de cette littérature: elle essaie de coller au plus près de la réalité.

Rajoutez à cela les présentations souvent biaisées de nombre de media sur tel ou tel pays, et vous obtenez un monde plus ou moins prêt à la guerre. A ce sujet, je suis toujours stupéfait de voir que la "novlangue" si bien prédite par George Orwell fonctionne si bien. "Saddam Hussein, notre ami, notre allié", "Khadafi assagi, entrant dans le concert des Nations" et puis pan! quasi du jour au lendemain: Hussein-Gengis Khan, Khadafi-Dracula. Je n'aimais pas du tout les personnages (l'avion d'UTA par exemple) mais ça m'a laissé rêveur.

Bien entendu, le spectre (SPECTRE était l'organisation criminelle mondiale que combattait Napoléon Solo si je me souviens bien) des islamistes-fous-ennemis-du-genre-humain occupe le paysage médiatique depuis un bon bout de temps. Là, je voudrais faire remarquer, en toute humilité, que TOUTES les croyances ont leur lot de cinglés, de Himmler en herbe ne demandant qu'à exterminer "l'hérétique" et "le païen". Je ne pourrais pas les énumérer toutes, j'en oublierais des wagons au bout de la troisième page. Jusque dans notre France "mère des Arts, des Armes et des Lois", nous avons notre lot d'afficionados du bûcher.

Après 1990, l'évidence est apparue. Non! vous n'y êtes pas! Ce n'est pas la disparition de "la menace planétaire soviétique" qui pose problème. Ce qui menace c'est ceci: si l'ex-Bloc soviétique et les "pays émergents" comme on dit si gracieusement (pourquoi, avant ils avaient la tête sous l'eau,) rattrapent un tant soit peu le niveau de consommation de la "démocratie-triomphante-ayant-signé-la-fin-de-l'Histoire" (tu te caches où aujourd'hui, Francis Fukuyama?) il y aurait des problèmes d'approvisionnement.

Dame! la Terre est un vase clos..... Comme disait Lavoisier (tranchez lui la tête, la République n'a pas besoin de savants! il en dit quoi, le Mélenchon de celle-là?)... je laisserai finir les bons élèves.

Rengaine, hein? Depuis le club de Rome (1957, comme le temps passe!) c'est, en douce, la préoccupation de TOUS les Gouvernements. Mais non! ils ne se préoccupent pas de nous donner à bouffer, ils s'occupent de se faire réélire grâce à l'activité. Quelle activité? on s'en fout! N'importe quoi qui fasse gonfler le P.I.B. comme ça, quand on présentera LE bilan.... D'où la "prière-à-la-croissance" "Donnez nous aujourd'hui notre croissance quotidienne...". LEs Chinois l'ont bien compris: ils dopent leur CROISSANCE avec de la daube qu'ils nous refilent à tour de bras: bijoux en métaux toxiques, voire radioactifs, fringues "apprêtées" avec des produits toxiques, etc.... Et les "experts" d'applaudir.

Oui, tout ça, vous le savez, et souvent mieux que moi. Mais quelle est la conséquence de cette prise de conscience?Prise de conscience qui remonte à loin; je pencherais pour les mercantilistes, bien avant Malthus donc. Mais ça, secret-défense! c'était gardé à double tour dans les cabinets.

Une première "parade"e a été tentée: le "décollage" de la monnaie. Instrument commode d'échange (imaginez vous en train de troquer votre MP3 contre des carottes...) le billon fut longtemps "arrimé" à ce qui était produit et commercialisé, ce qu'on appelle aujourd'hui ô ironie! "l'économie réelle" (comme s'il y en avait une autre...). Puis on l'arrima à l'étalon-or et on pensa même à y rajouter l'argent (le bimétallisme). Mais ce n'était que transférer le problème: la monnaie restait toujours liée aux biens produits et vendus. De plus elle traduisait, bon an mal an la robustesse des économies nationales. Un premier pas fut franchi à Bretton-Woods (1944) avec l'acceptation du dollar comme moyen de paiement international: Une Monnaie Unique avant la lettre (ça vous avait échappé? à moi aussi).

LA "faute": le Plan Marshall. Contrairement à ce qui se dit souvent, le Plan Marshall ne visait PAS à "reconstruire le monde", mais bel et bien à "redonner des clients aux producteurs US" que la fin de la guerre laissait avec des unités de production largement excédentaires. Le ver dans le fruit était la clause de non-rapatriement des bénéfices générés par cette injection massive. Comme en physique avec matière et anti-matière, il y avait DEUX US Dollar, "l'indigène" et l'eurodollar. Vu le gonflement vertigineux de cette masse d'eurodollars, en bonne logique, le Dollar US eût du perdre la moitié de sa valeur, ce qui bien entendu n'arriva pas...

La solution Nixon: L'US Dollar étant convertible en or, était exposé à "une guerre des changes" (De Gaulle l'amorça) qui eut dévalisé Fort Knox, Nixon suspendit la convertibilité (en 1971?). Dès lors, le Dollar, Monnaie Unique Internationale (c'est ça qu'il faut sans cesse rappeler) se trouva "libéré" de ses liens avec la production. Telle une montgolfière, il quitta le sol vulgaire pour atteindre les cieux et leurs nuages propices pour se cacher.

Cette solution, qui va des années mi-70 à exactement 2007 allait permettre la création d'une "nouvelle économie" fondée sur la capacité de la monnaie à se reproduire sans passer par la pénible phase de création de richesses (ouaff! ouaff! excusez moi, c'est nerveux...). Les sombres arcanes de Wall Street (pas de blague, hein! c'est un "nom générique") la mulitude de cumulo-nimbus encombrant l'azur du système boursier, permirent ainsi de créer des "fortunes" assises sur rien, sur de l'air, du vent.

Dans le même temps, un certain nombre de pays "du Tiers Monde" comme on disait alors, essayaient de sortir de la misère noire. Et certains réussirent: Brésil, Argentine, Inde puis Chine (dans l'ordre historique). Ces pays étaient grands et très peuplés. Une  économie de "premier équipement", celle qui fit chez nous les Trente Glorieuses: la première machine à laver, la première automobile, la première télé,  etc.... appliquée sur cette échelle alait au mieux renchérir fabuleusement le prix de TOUT (la bonne vieille loi de l'offre et de la demande), au pire assécher les ressources en tous genres de la planète.

Il y avait déjà eu une alerte avec des pays de taille disons moyenne: le "Cinq Dragons" menés par le Japon. Outre que la vente de leurs produits mettait en difficulté les producteurs "occidentaux", leur consommation de matières premières était alarmante.

"Heureusement" (avec des guillemets géants) l'adhésion plus ou moins suivie de ces Cinq Dragons aux "valeurs" occidentales les confronta au problème récurrent de la répartition des richesses: les employés réclamaient des augmentations. Même accordées chichement, elles permirent de "réguler" l'activité productrice de ces jeunes affamés. Le Japon abandonna ainsi la filière textile, puis la fillière bois, puis la construction navale, etc.... En fait les Kaidanren délocalisèrent "en cascade" vers des pays accueillants (c'est ce qu'on appelait dans lea années 70 le "modèle japonais"... comme quoi les c... n'ont jamais manqué).

Il ne fait aucun doute pour moi que les délocalisations font partie d'une doxa issue de l'Ecole de Chicago.

Outre qu'elles permettent aux actionnaires, C.E.O. et autres diables à queue fourchue de maintenir leurs dividendes, honoraires et autres avantages "dorés" (ce qui a permis de les "vendre" à nos soi-disants élites) les délocalisations présentent un autre avantage, bien plus important. Lequel? Elles "économisent" les matières premières.

Réfléchissez: si DEUX usines fabriquent disons LE MEME produit, en quantités égales pour simplifier, elles auront besoins de DEUX FOIS PLUS de matières premières qu'une seule usine fabriquant toujours la même quantité. Car, contrairement aux idées reçues, la demande pour un produit donné n'est pas "infinie", elle est "quasi-fixe"; et une fois "le premier équipement" satisfait, la demande pour renouvellement chute brutalement. Là-dessus, la loi de l'offre et de la demande vient conforter le raisonnement: SI un produit n'est pas offert "en quantités infinies", son prix suivra les quantités disponibles.

Donc, les délocalisations qui vous mettent au chômedu sont "écologiques"! C'est pour économiser les ressources de la planète.... Amis écologistes, vous avez presque soixante ans de retard avec votre préservation de la Nature! Parce qu'il y a soixante ans que Bilderberg (pour faire court) a bien reçu et bien compris le message du Club de Rome. Et agit en conséquence..

Mais car il y a un "mais", et de taille: la demande potentielle des pays émergents est énorme, sans commune mesure avec la demande à l'issue de la Seconde Guerre Mondiale. Et ils n'entendent pas jouer les bons élèves, et réduire leur consommation grandissante. A leur tour, ils faut que leurs dirigeants "délivrent" s'ils veulent rester en place (et souvent garder la tête sur leurs épaules).

Les "toujours dominants" occidentaux (jusques à quand?) doivent donc essayer de réduire, d'endiguer la consommation effarante de matières premières de ces pays émergents. Littéralement "pour garder de quoi manger": rappelez vous: la Terre est un circuit fermé..... Faute de mieux, pour l'instant, ils essaient l'arme du pétrole: monopoliser son extraction et sa commercialisation et priver ainsi les émergents d'une source d'énergie majkeure pour la production. Problème: ça peut à la rigueur marcher avec l'Inde, mais pas avec le Brésil ni avec la Chine, qui ont des sources d'énergie diversifiées.

D'autant que le challenger principal, les Chinois, finauds, ont accumulé des Dollars US et des Bons du Trésor. S'ils ouvrent les vannes, s'ils VENDENT leurs Bons du Trésor et SORTENT les US Dollars accumulés, Jésus, Marie, Joseph! la crise de 29 paraîtra une agréable partie de pique-nique...

Et là, NOUS sommes coincés. Je dis "NOUS", les Européens, tous tant que nous sommes, et les Etasuniens: nous avons délocalisé. On ne rebâtit pas un outil productif du jour au lendemain. Donc, inutile d'essayer de tenir la ragée haute: à terme nous n'en avons plus les moyens. Les dettes des émergents envers nous? En 1913 la France et l'Angleterre étaient LES CREANCIERS DU MONDE; en 1919, les deux tiers de nos créances s'étaient évaporées..... pfuitt! PAS de remboursement.... Et je ne parle pas que de l'emprunt Russe.

D'où cette idée loufoque de "grand marché transatlantique": l'aveugle qui se joint au paralytique pour lutter contre un grizzly....

Bien sûr, le Grand Satan c'est la Chine.... Vous avez remarqué? La "Prêêêêssseeuu" pointe du doigt depuis quelques jours les frasques des "fils de", des enfants de dirigeants Chinois. Et ça ne vous rappelle rien? Les fils de Saddam, ceux de Khadafi..... Elle ressort, comme naguère le Monstre du Loch Ness, les exécutions en Chine. Je ne conteste pas leur réalité, ni le caractère dictatorial du gouvernement Chinois, je dis simplement "quand on veut tuer son chien..."

Parallèlement, et beaucoup plus inquiétant, Washington "repositionne" la Flotte du Pacifique (et fait des manoeuvres conjointes avec Taïwan, autant ajouter un chiffon rouge devant un taureau) tout en s'accrochant comme un morpion à ses bases en Asie Centrale. Non, non, je vous le dis, ça ne sent pas bon tout ça.

Le "meilleur" moyen d'effacer une dette est encore de tuer le créancier.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.