Donc hier au soir, Arte nous a présenté "la pieuvre", ses turpitudes, ses affidés et ses méthodes. Parfaitement nauséabond. J'ai trouvé un petit défaut à cette édifiante émission: elle n'a fait que gratter la surface.
Non, je n'ai pas de scoop bien horrifique à vous donner. Mais il est un principe intangible: le diagnostic. La "fièvre Goldman Sachs" est-elle due à UN virus , ou est-elle le symptôme d'un malaise plus profond?
Prétendre que cette banque est LA SEULE coupable est risible et ridicule. Nous apercevons bien qu'elle n'est que "le mâle Alpha" d'une meute. Goldman Sachs ouvre le chemin, les autres suivent. Le Mal, si Mal il y a, est donc beaucoup plus étendu qu'il n'y paraît à la seule vision de ce documentaire. Les métastases-Goldman Sachs, répandues apparemment dans tous les lieux de décision, signalent non pas une extension du mal, mais bien une défection des systèmes de l'organisme.
La Crise dont on nous rebat les oreilles n'est PAS une "crise systémique", mais bien une Révolution Systémique. Et là, ceux-qui-savent (en principe) sont désarmés car nous plongeons dans l'inconnu. Dans l'inconnu? Pas tout à fait; il y a des précédents.
Révolution systémique: l'Etrier, introduit aux alentours du VIe siècle, qui assure la suprématie de l'Homme d'Armes sur le champ de bataille, et permet l'ascension de la Noblesse.
Révolution systémique: la Poudre, qui permet entre autres au Roi de France (Charles VII si ma mémoire est bonne), muni d'artillerie "légère" (on dira plus tard "de campagne") d'abattre les murs des châteaux médiévaux des seigneurs, enclenchant le déclin du système féodal.
Révolution systémique: le Mousquet, fils de la poudre, qui permet au manant de faire armes égales avec un reître ou un Noble. C'est le mousquet qui permet aux Réformés de résister aux Princes Catholiques, entre autres. Son fils, le fusil, en fait issu d'une fabrication standard, permet aux Coloniaux Américains de vaincre les mercenaires Hessois de George III.
Révolution systémique enfin: la Révolution Industrielle, qui permet à l'Europe d'asservir le reste du Monde, pour le malheur de tous (mais ceci, comme dirait Kiplingn, est une autre histoire).
A chaque fois, c'est l'organisation de la société qui change. A chaque fois, l'émergence d'un instrument de Pouvoir déplace les détenteurs de ce Pouvoir.
De l'Eglise (en très, très gros) aux Nobles par l'étrier et le chevalier en armure.
Des Barons pillards, maîtres sur leur terre, au Roi par le canon de campagne. Louis XIV le Grand parachèvera l'effacementv de la Noblesse par l'imposition de "paraître à Versailles" et l'octroi de rentes selon le bon plaisir.
Des Rois enfin au Tiers Etat, la Bourgoisie, par la Révolution Industrielle, appliquée presque partout par les seuls Bourgeois, qui prennent par là les rênes du Pouvoir.
Utilisant le formidable instrument des mathématiques, les banques et institutions financières sont simplement en train de prendre le Pouvoir, supplantant les fameuses "classes moyennes" qui le détenaient depuis l'orée du XIXe siècle. C'est tout bêtement ça, la Crise.....
Evidemment, le "terrain" comme disent les médecins, devait être propice. Il l'était: nous sommes toujours dans la culture issue de la Révolution Industrielle.
"La Croissance", sous-entendu le regain de production, qui doit effacer la crise.
"L'emploi", tarte à la crème de "sachants" en mal de savoir. Non! Je ne nie pas le drame du chômage (j'ai été chômeur), la catastrophe humaine qu'il engendre. Mais je ne peux m'empêcher de noter qu'on ne parle QUE des licenciements massifs; et qu'on en parle comme s'il s'agissait d'une "alerte orage" qui n'aurait pas fonctionné. Et qu'on défend soi-disant l'emploi à grands renforts d'aides de toutes sortes; aides qui s'évaporent généralement très vite dans un savant brouillard comptable.
"L'économie", peut-être la plus grande escroquerie intellectuelle de tous les temps. Les exemples sont légion d'économistes jouant les Madame Irma de façon éhontéen, de "prévisions" totalement bafouées par la réalité, de prétendues théories qui s'avèrent aberrantes.
Enfin "les entreprises", au sujet desquelles la théorie ressemble furieusement à celle des Généraux Français de 1914: offensive à outrance, à l'infini.
Une entreprise, quelle qu'elle soit, n'est pas, ne doit pas, ne doit pas être PENSEE comme éternelle, indéfinie. Comme n'importe quelle production, comme n'importe quel modèle (et une entreprise est une production de bénéfices, et un modèle de comportement), elle doit avoir un HORIZON, une "date de péremption" au-delà de laquelle son activité s'arrête, les bénefices (s'il y en a) répartis, et les acteurs libres de rester ensemble pour un nouveau "modèle" ou de se séparer; et ça vaut aussi bien pour les actionnaires que pour les employés.
C'est donc un axe nouveau de conception des entreprises qu'il s'agit d'explorer. Avec des engagements temporaires clairs et connus de tous. Et ce concept implique une Révolution de l'Instruction Publique.
Je déteste le terme "Education Nationale"; un enseignant n'est pas là pour "éduquer", mais pour fournir à l'élève les instruments qui lui permettront d'être "bon père, bon citoyen" (je blague: de mener une vie correcte à ses yeux serait plus juste). Cet axiome entraîne un changement de stratégie en ce qui concerne les programmes: l'école doit devenir le lieu où l'on détecte QUEL EST LE "TALENT" DE L'ELEVE. Chacun de nous a un talent, au moins. Ce talent PEUT très bien devenir le moyen de gagner sa vie.
La détection et l'utilisation des talents entraîne à son tour un constat: SEULES les PME/PMI sont à même de faire fleurir une société fondée sur le talent individuel. Parce que la "mise" de départ est modeste; Henry Ford, Louis Renault ont commencé dans un garage......
Car qu'on le veuille ou non, ce sont les PME/PMI qui sont les plus gros employeurs, les plus GROS GENERATEUR DE VALEUR AJOUTEE, de richesse. C'est par elles que passera la Croissance, si elle doit revenir un jour.
Et, naturellement, cela pose la quetion à un Milliard d'Euros: le financement.
Notre village mondial souffre d'une carence grave. On n'a jamais en fait répondu de manière satisfaisante à la question fondamentale: qu'est-ce donc que l'Argent? Nous croyons tous, je CROIS savoir ce que c'est. En fait, je n'en sais rien. Donc notre économie utilise un moyen qu'elle ne connaît pas vraiment; c'est dangereux, comme celui qui par mégarde a mis ses doigts dans la prise peut enh attester.
Ne sachant pas vraiment ce qu'est l'argent, vaguement d'où il vient (quoique certains seraient surpris..), la fameuse opacité bancaire vient en fait de notre méconnaissance. Le "mur de l'argent", concept applicable aussi bien aux classes très supérieures qu'aux Etats Majors bancaires est en dernière analyse analogue aux murailles des forteresses féodales qui mettaient les Barons pillards à l'abri des Sergents du Roi.
Quelle artillerie pourrait abattre ce mur? Oh! elle est archi-connue: l'émission de monnaie (oui, les billets et les pièces) ne doit être QUE Régalienne. C'est l'Etat qui doit émettre et mettre en circulation le nombre nécessaire de pièces et de billets pour FACILITER les échanges.
Parce qu'alors le prix de fabrication et de répartition peut être maîtrisé (et financé par l'impôt. Indolore), parce qu'alors la monnaie possède une REELLE valeur faciale, non obérée par les intérêts qu'imposent les émetteurs privés de monnaie; et TOUTES les Banques Centrales, Federal Reserve en tête sont des organismes privés.
Cette simple (beaucoup diront "simpliste") mesure est à mes yeux "le canon de campagne" apte à abattre le Mur de l'Argent.
A+