La France tente donc de préserver ce qui reste de la Françafrique, "macht politik" oblige. Oui, "politique de puissance" et non pas Realpolitik. Et forcément, nous y allons avec les moyens que nous avons; c'est-à-dire assez peu.
Les troupes au sol françaises sont de bonne qualité, mais l'Afghanistan est là pour prouver que ça ne suffit pas face à une guerilla, qui plus est une guerilla alimentée en hommes et matériels depuis l'extérieur. Nous pouvons immédiatement décompter la "force de paix africaine" mal encadrée, mal commandée; tout juste bonne à régler la circulation. Il faudra encore un demi siècle aux Etats africains pour avoir des armées efficaces.
Avenir sombre, donc, une fois passées les premières frappes aériennes: un avion N'OCCUPE PAS, c'est l'Infanterie qui occupe le terrain. Et là..... le harcèlement, vous connaissez? C'était dajà le cas au Maroc dans les années 20.
On peut donc se poser la question: pourquoi diable le Colonel de Réserve Hollande est-il allé nous fourrer dans ce merdier? Il a pourtant l'air intelligent.
Et c'est là qu'intervient la géopolitique. Pour le comprendre, il faut remonter assez loin dans le temps: l'affaire yougoslave. Nous, en France, avons été balladés avec la Bosnie et le Kossovo.
Les coupables sont les Allemands. La chute du Mur de Berlin a sonné l'heure du réveil de l'Allemagne séculaire, le Maître du Mittel Europa, et la reconstitution par Berlin de son réseau traditionnel d'Etats clients: Hongrie, Bulgarie, Turquie pour les Etats existants; Slovaquie, Croatie, Bosnie pour les "Etats potentiels".
Berlin n'a pas eu grand mal à convaincre Washington: la dissolution de l'URSS privait l'OTAN (spécialement formée CONTRE l'URSS nommément) de toute légitimité. Il fallait donc d'urgence trouver "une mission" pour l'OTAN dont il faut rappeler que le Commadement est Américain exclusivement.
Et, surtout, il fallait pour Washington démontrer l'IMPUISSANCE de l'Union Européenne qui menaçait d'évincer l'OTAN avec l'Eurocorps, embryon d'une Armée Européenne qui l'eût rendu obsolète.
Ce qui fut fait avec brio: propagande effrénée anti-Serbe, "reportages" et allégations bidon d'atrocités "gonflées" à outrance. L'Histoire nous apprend que dans les Balkans, toute guerre n'est faite que d'atrocités perpétrées par TOUS les belligérants.
Le traître BHL y alla de son "Bosna", Kouchner y alla de son couplet humanitaire. Les choses, naturellement, s'embourbèrent dans les méandres d'une diplomatie byzantine (dame! Berlin avait la haute main à Bruxelles) jusqu'à ce que (hymne des Marines) les sauveurs US arrivent... et bombardent. Ah! pour bombarder, il s'y entend, G.I. Joe! Des MILLIERS de victimes civiles pour des résultats militaires NULS sur le terrain.
Mais ces maudits Serbes étaient Othodoxes (il ne faut pas désespérer La Mecque ou le Vatican) et de surcroît soutenus par Moscou. Au poteau! Bref, dix ans après, RIEN n'est réglé mais Washington et Berlin ont atteint leurs buts réciproques: l'un gouverne les Balkans, l'autre tient fermement l'OTAN dans sa main. Les Balkaniques, eux, se démerdent comme ils peuvent au milieu des ruines dans l'indifférence générale.
C'est d'ailleurs l'OTAN qui est intervenu en Afghanistan, ce qui est contraire à sa Charte, ou presque: l'attentat du 9/11 a servi de cache-sexe.
Retour en Afrique. C'est la terre de toutes les convoitises, fabuleusement riche en minerais de toutes sortes. Aiguillonées par la perspective de l'épuisement des richesses naturelles, les "puissances" tentent désespérément de capter ce qui peut l'être.
D'où l'intérêt évident de la présence de "terroristes islamiques" armés jusqu'aux dents. Comme l'Occident est en "guerre contre le terrorisme", aller casser du terroriste dans son terrier est comme qui dirait légitime.
D'où les applaudissements unanimes devant le "printemps arabe", ces vilains dictateurs qui la veille encore étaient des amis, que dis-je des FRERES!... renversés par LE PEUPLE! Quel bonheur sans mélange que de voir la démocratie fleurir dans ces contrées charmantes mais arides! BHL en tête (et Kouchner pas loin derrière) on pourfendit le Khadafi. Victoire!
Enfin, presque: les Salafistes puisqu'il faut les appeler par leur nom, en profitèrent pour faire main basse sur l'armement qui traînait un peu partout et s'en allèrent au Nord Mali où justement mijotait une rébellion touareg contre le régime putschiste de Bamako.
Et, franchement, en tant qu'étudiant en stratégie je reste béat d'admiration devant la manoeuvre. Des insurrections POPULAIRES servant de vecteur à l'entraînement et à l'armement des Djihadistes, fallait le faire! Tunisie (un peu), Egypte (un peu plus), Libye (beaucoup), Syrie (encore plus). De l'admirable expansion quasi exponentielle de "criminels terroristes" à la faveur d'insurrections applaudies en Occident, chapeau l'Artiste! Maestro!
Car cette expansion en tache d'huile (et n'oublions pas le Soudan ni la Somalie) est un argument imparable pour l'implantation de "bases" pour justement lutter contre elle...
Et depuis quelques années il me vient aux oreilles d'étranges allégations d'implantations militaires US en Afrique sub-Saharienne. Cette Afrique Equatoriale dans toute sa largeur plongée depuis des décennies dans le chaos, que les "puissances coloniales" n'arrivent pas à pacifier. L'échec du Vieux Monde (selon Rumsfeld) le "sauveur US" , le shériff qui vient mettre de l'ordre, c'est une bonne recette qui a fait ses preuves dans les Balkans.
Et c'est sans doute pour cette raison: pour contrer l'influence grandissante de Washington dans ce que Paris considère encore (contre vents et marées) comme son Pré Carré que M. Hollande envoie nos forces armées. Géopolitique quand tu nous tiens......
Bonne nuit les petits (pom, po-po-pom, pom, pom)