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Billet de blog 17 mars 2013

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Produire en France

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Encore une fois, M. Bayrou met le doigt là où ça fait mal. En 2007, il évoquait le noir nuage de la dette, message qu'il sut faire passer à la faveur d'un autre point sensible: la collusion media-affaires-politichiens. L'averse prédite étant venue, on loua un peu tard sa clairvoyance; l'élection était jouée et le sauve-qui-peut de ses "amis indéfectibles" le marginalisa.

Aujourd'hui, il récidive sur le thème de la production et donc de l'emploi, LE défi général comme le décrit si bien, Joseph Stiglitz "le problème majeur dans le monde est la faiblesse de la demande". Homme politique Français, François Bayrou plaide pour un redémarrage de la production  sur le territoire national, ce qui semble à beaucoup une lapalissade, une niaiserie.

C'est pourtant une évidence: sans un emploi soutenu, corollaire immédiat de la production, la demande intérieure restera faible. Or, malgré tout, c'est là le problème majeur de tous les pays, qu'ils soient isolés ou regroupés, grands ou petits: la demande intérieure est le moteur essentiel de l'accumulation primaire sans laquelle rien ne peut se faire.

Car c'est oublier une vérité première que de le contredire: ce n'est pas un hasard si la Belgique, la Suisse ou l'Allemagne ont ces dimensions aujourd'hui, et leur nombre d'habitants. Résultat d'un très lent processus dont par commodité on peutt faire remonter l'origine à l'Empire Romain, ces Nations sont le résultat d'une équation, d'une adéquation entre les forces et les faiblesses géographiques et humaines. Ce n'est pas fair l'apologie du nationalisme, c'est simplement constater CE QUI EST.

Donc rémédier au mal en "produisant en France". Fort bien, mais comment?

A mon humble avis, l'humanité a tenté de sauter une étape dans sa marche vers un avenir meilleur. Grisés par les foudroyants progrès scientifiques et techniques, nous avons tous adhéré au postulat "Big is beautiful". Les grandes productions de masse ne sont pas une erreur en soi et très souvent elles ont apporté un net progrès. L'erreur a été de NE VOIR QUE CELA: la performance qui devait nécessairement être "individuelle" (en acceptant de considérer Total, General Motors ou EADS comme des "individus collectifs").

Métaphore: les bolides de Formule I sont certes des exploits techniques. Mais accepterions nous de les voir utilisés comme nos automobiles courantes, c'est-à-dire poduits et vendus EN MASSE, et vrombissant dans nos rues? Absurde, n'est-ce pas?

Le substrat essentiel d'une production et par extension de l'emploi est et demeure l'ensemble PME/PMI/PMA (pour agricullteurs). Les résultats comptables individuels peuvent être "minimes", c'est la CIRCULATION des biens produits qui crée la richesse d'une Nation.

Ah....

Pour qu'il y ait circulation, ou si vous voulez demande, encore faut-il que le bien offert ait quelque attrait pour l'acquéreur potentiel. Et là se pose la question, justement, de l'attrait de l'offre: sur quel CRITERE est elle jugée?

Il y a bien longtemps que les organisations de consommateurs ont tranché: le rapport qualité/prix. il ne s'agit pas donc d'une mesure in fine, mais d'un EQUILIBRE entre la qualité et le prix que l'acheteur consentira à payer. Et c'est TOTALEMENT CONTRAIRE à la philosophie de la production de masse, forcément standardisée qui elle ne vise qu'à faire baisser le prix de vente (en principe, en pratique...).

Je vais être grossier, et quasi inexact, mais si l'on ne frappe pas parfois sur la table.... La "France", entendez par là le complexe politico-industriel a choisi LA GAMME MOYENNE: qualité moyenne, prix moyen en relation avec le fameux "Français Moyen" apparu dans les années 60. L'idée était de toucher à "une offre de masse" en adéquation avec une "demande de masse" au moyen de gammes standardisées.

On en vint ainsi à ne considérer QUE la quantité sans trop se préoccuper, la concurrence aidant, de la QUALITE. Et ce fut le début de la descente aux enfers.

Car la gamme moyenne est attaquée sans cesse "par en-dessous" par l'amélioration des "bas de gamme", et "par-dessus" par la compression des prix de vente des 'hauts de gamme". Dans les deux cas, la variante d'ajustement fut d'abord les salaires, puis à travers du concept de la masse salariale, l'emploi lui-même. Le déclin continu de l'emploi, suite logique de l'erreur stratégique du choix de gamme, devait à partir des années 80 entraîner les déséquilibres macro économiques aboutissant à la situation actuelle de crise aigüe.

La gamme moyenne était la réplique économique de la fameuse Ligne Maginot. bonne idée de départ, mais non révisée au vu des circonstances.

Mac Arthur disait "rien ne remplace la victoire"; je dirai "Rien ne remplace la QUALITE".

Et c'est précisément là que gît le lièvre, la qualité du bien ou du service offert. Inspirons nous pour une fois des Teutons "Deutsche qualität", le facteur PREMIER de l'argument de vente. Revitaliser le tissu PME/PMI/PMA serait relativement facile ("relativement", hein!...): réorienter les aides vers la QUALITE des produits plutôt que vers la QUANTITE, vers la DIVERSITE des gammes plutôt que leur uniformité.

Deux obstacles: l'UE et ses "normes", l'OMC et ses traités. Notamment l'accord su les semences, qui est littéralement une "loi scélérate" privant l'humanité toute entière d'unerichesse alimntaire quasi infinie.

ET ALORS? Je répète ET ALORS? L'UE n'est pas contente? Veto Français, 'léquivalent de "sors si t'es un homme". Papandréou l'a fait avec son référendum. L'OMC râle ? Ciao poulet. Car lorsque "tous sont égaux", chacun est la clé de voûte de l'édifice. Et quid de l'effet d'entrainement? Nombre de Nations seraient ravies d'emboîter le pas, notamment les pays latino-américains las de la dictature d'United Fruits et consorts. Ce pourrait être le point de départ derévisions déchirantes de la géopolitique mondiale et un coups salutaire d'arrêt à cette fausse mondialisation qui est en réalité une privatisation mondiale.

Premiers employeurs, les PME/PMI/PMA seraient ainsi le MOTEUR d'une sortie de crise "par le haut" sans qu'il soit vraiment besoin de "dépenser plus" (les aides seraient réorientées) ni d'envisager de méga-plans de relance "européenne". Les européens retrouvant la noblesse du travail bien fait n'auront pas besoin d'affectueux mentors perchés sur leur Olympe de pacotille. Et ça, je le crois fermement, est le PREMIER et le SEUL bénéfice que nosu tirerions de ce ré-aiguillage.

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