Je ne suis pas "démocrate", je suis républicain. Ce qui m'importe, c'est le bien commun, le bien public, la chose publique, en résumé mes frères humains en ce qu'ils vivent justement en commun.
Et cela m'irrite profondément lorsqu'à longueur de colonnes, à longueur de commentaires je vois des lamentations sur la démocratie, sur le manque de démocratie. Tout comme m'irritent les sempiternelles lamentations sur le déficit en Droits de l'Homme. Non, je ne vais pas vous servir un discours sur "les devoirs du citoyen", indispensable contrepoids à des "droits" incontrôlés, ni sur le laxisme supposé des uns ou des autres. Je m'en vais vous asséner un constat:
Nous sommes entrés dans une "cratie" sans "démos". A été réussi sous nos nez l'escamotage du "peuple" tout en gardant le mot "démocratie" car "le peuple", c'est TOUTE la Nation, riches et pauvres, nantis et démunis; la démocratie c'est en principe "le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple". Et il est à mes yeux évident que "le peuple" au sens aristocratique du terme, a disparu de la sphère non seulement des décisions, mais bien de l'élaboration même des décisions. Je dis bien "au sens aristocratique", car en fait c'est à celà que revient notre foutue manie de discerner et former des élites destinées en principe à mettre en oeuvre les décisions élaborées dans et par le peuple au sens originel.
Nous avons dans un premier temps confié nos vies aux élites. Lesquelles ont ensuite écouté les sirènes de l'abondance promise et laissé les renards entrer dans le poulailler. Et le processus s'est déroulé, inexorable comme un rouleau compressur lancé sans frein.
Ouvrons les yeux une bonne fois: la "mondialisation" n'est PAS un complot monolithique; c'est devenu un système dans lequel des prédateurs se taillent un fief, une baronnie en attendant le royaume et la couronne. Les banksters, les spéculateurs, bref ceux qui mènent les politiCHIENS par le bout de la laisse ne s'entendent pas entre eux; ils ne s'entendent que lorsque leurs objectifs sont concomittants. C'est exactement ce que faisaient les grands Barons avant que certains ne deviennent Rois et que leurs lignées étendent, sur plusieurs siècles, leur force armée pour les mettre au pas. "L'ultima ratio Regum", c'était le canon....
Nous voilà revenus au temps des grands Barons, avec en prime des armées de mercenaires à leur botte. On appelle ça des "armées privées" lorsqu'on est poli, des milices lorsque l'indignation prend le dessus. Eux, préfèrent le vocable plus civilisé de "sécurité", comme Blackwater le faisait naguère.
En un peu moins d'un demi-siècle, depuis les années 1950, nous avons réussi l'exploit TOUS ENSEMBLE de ramener nos sociétés au Moyen Age... avec en plus internet, la Bombe et diverses mignardises telles que l'AK 47, 50 ou 70 (au choix), ou le M16. Et ça, c'est un fait, nu, brut, brutal mais actuel.
Hugues Capet n'a pas été mis sur le trône par la pression "populaire" comme on nous le présentait naguère, mais ELU par les grands Barons de l'ex-Gaule Romaine. C'est exactement ce qui se passe de nos jours, depuis quelques décennies: nos Présidents sont élus avec l'appui discret de grands Barons de l'économie et des finances, et encore plus discrètement grâce à l'aide généralement pécuniaire des puissances étrangères. Et il en va ainsi dans le Monde entier, et pas seulement en France.
Les Barons veulent monter en puissance pour accéder à la dernière marche: le vrai trône, celui devant lequel tous viennent s'incliner. Ils n'ont que faire de l'Elysée de la Maison blanche, de la Cité Interdite ou du Kremlin. Ce sont là lieux trop exposés, trop exposants, faciles en somme à prendre d'assaut et les exposant,eux, physiquement aux vindictes lorsque le peuple justement, ce peuple qu'ils ne méprisent même pas, qu'ils ignorent, à bout de patience, vient à se rebeller. Eux ont bien retenu la leçon: de César à Khadafi en passant par Louis XVI et Nicolas II ils ont compris ce qu'il en coûte d'être au mauvais endroit au mauvais moment.
Alors oui, les lanceurs d'alerte ont raison de parler de "maîtres cachés", de "puissances occultes"; mais ils se sont laissés berner eux aussi, malgré leur vigilance. Les puisances occultes ne sont pas là où ils les cherchent: il n'y a PAS de "complot sioniste", ni "maçonnqiue", ni "islamiste"; ce sont là péripéties au sein desquelles on peut certes trouver de vagues desseins. Mais là, dans ce vague s'arrête le concret car la vraie puissance et la vraie gloire sont toujours cachées. Le Diable nous a fait le coup de "disparaître":"comment peux-tu me craindre puisque je n'existe pas"?
Nous, le peuple, sommes en butte à une coalition parfaitement hétéroclite de Barons voulant devenir Rois. Je l'ai dit plus haut: ils cherchent à accroître leur puissance, leur "ultima ratio". C'est là l'origine de ces crises: ils essaient de rafler ce que les autres (nous) perdent. Pour avoir le plus gros canons et donc être ELUS comme le fit Hugues "de France" en l'an de Grâce 987.
Bienvenue dans le nouveau Moyen Age, mes soeurs, mes frères. George Orwell avait tenté de nosu prévenir, mais nous, moutons écervelés nous sommes contentés de paître et nous repaître des ses admonitions.
R.I.P. "démocratie".
Reste une chance, infime soit, le maître mot est "hétéroclite". Cette engeance se saute régulièrement à la gorge; peut-être y a-t-il là une chance de sauter prestement et de raffler la mise, rendant pour une fois Raminagrobis Grosjean comme devant. Qui sait?