La crise ukraineinne a au moins eu le mérite de relancer la réflexion sur les rapports Europe/Russie. Et, pour l'instant du moins, de désigner qui est en somme le plus fin manoeuvrier.
Ne montez pas sur vos grands chevaux tout de suite; je ne sais plus quel Général Allié en 40-45 a dit "Depuis que je vois fonctionner une coalition, j'admire beaucoup moins Napoléon". En langage militaire, Poutine a deux avantages: il manoeuvre sur ses lignes intérieures et il a l'unité de commandement. Bref, il faudrait qu'ils soient saouls du soir au matin, au Kremlin, pour rater leur coup. On ne peut pas en dire autant de Washington, qui semble tomber des nues devant une réaction qu'un Caporal des Douanes aurait subodoré au premier coup d'oeil.
Oui, bien sûr, comme je l'ai dit dans un billet précédent, les néocons veulent réduire la Russie à l'ancien Duché de Moscovie. Comme les Alliés voulaient en 1943 réduire l'Allemagne à la poussière d'Etats d'avant l'unité allemande.
Tout aussi naturellement, les néocons d'Allemagne (qui a détruit sous Kohl la Yougoslavie) veut effacer la défaite subie sur le Front de l'Est naguère.
Remarque: je me cantonne à la Russie; il faudrait y rajouter une bonne grosse louche de pays pour être exhaustif, et d'abord "notre cher et vieux pays" qui n'a toujours pas digéré et la râclée de Mai-Juin 40 et la PERTE de ses colonies (la décolonisation? ouaf! ouaf! comme si nous l'avions voulu... tristes sires! "Ils" nous ont foutu dehors, oui, et avec raison en plus!).
Pour atteindre leur objectif, les néocons de tous poils nous ont mis... à poil (pardon pour la répétition, mais je n'ai pas pu résister). Désertification industrielle, raréfaction agricole, plus grave: crise des transports. D'où chômage massif, sur lequel vient s'abattre une crise financière que pour ma part je crois montée de toutes pièces. Oh! ça part d'un principe simple, bien éprouvé et qui marche toujours: en temps de PENURIE la tendance est à la récrimination dans un premier temps, puis à la violence. Stratégie du choc.....
Et ça marche: le "péril islamque" qui entraîne les "bons Français" à regarder de travers tous ceux qui sont basanés, en les soupçonnant d'être des djihadistes, le "péril Rom", ça marche bien aussi, non? Et, en sous-main, le "péril sioniste" qu'on voit pointer çà et là dans les commentaires fait partie du lot. Halte! Je voudrais bien me faire comprendre: il existe DES djihadistes, des voleurs chez les Roms et des fondus du Grand Israël. Mais ce n'est pas une raison pour mettre tous les musulmans, tous les Roms et tous les Juifs dans le même sac que l'on irait jeter ensuite à la mer. Déjà penser ça est un crime contre l'esprit. Très simplement; provoquer une crise grave est un moyen sûr de dresser les gens les uns contre les autres.... et se faufiler pour rafler ce qu'on convoite.
Bon, les "révolutions de couleur" ont été au mieux discrèteùment aidées, je dirais plutôt suscitées et encouragées pour dissoudre les défenses de Moscou en Europe de l'Est. Se rappeler: les Serbes sont des Slaves, 'Yougoslavie" signifiait "Slaves du Sud"; vous voyez maintenant pourquoi il fallait absolument faire pêter cette Fédération? L'Ukraine, c'était pour "couper" la principale source de revenus du Kremlin: le gaz et le pétyrole vendus à l'Europe de l'Ouest, qui passaient par l'Ukraine. Mieux: les gisments "miraculeusement" découverts par nos medias en Mer Noire étaient un bonus sur lequel "on" comptait pour se rembourser du "prêt" qu'"on" avait promis à Kiev (le même traitement qu'on a infligé à l'Irak). Enfin ,à moyen terme, c'était aussi amputer la Flotte Russe de Mer Noire d'une base majeure: l'Ukraine libre aurait opu très bien renier les accords sur Sébastopol.
Mais ça a foiré, l'U.E. n'a pas tenu son rôle.
Par contre, cette Union s'est démasquée définitivement aux yeux de ses populations: le rôle de chien policier de Washington. Bof, les Yankees croyaient avoir un Rottweiler avec l'OTAN, ils viennent de s'apercevoir que c'est un basset: grande gueule mais courtes pattes. Et les Européens s'aperçoivent peu à peu que décidément les cousins d'outre-Atlantique sont de bien dangereux amis.
Donc, des deux côtés, des révisions déchirantes s'imposent. Et du point de vue européen, les VRAIS décideurs (que nous ne connaîtrons sans doute jamais) commencent à "conseiller" de lever le pied. L'amusette de refuser les visas et de geler les avoirs des méchants ne pisse pas loin. quant aux sanctions "dures" on en reparlera; il y a trop à perdre dans ce jeu de cons.
Finalement, un constat s'impose: l'Ouest a le savoir-faire, l'Est, la Russie a les ingrédients, les ressources naturelles. Ce qui ne veut pas dire que l'Ouest n'a pas de ressources, ni que la Russie manque de cerveaux. Mais disons que l'un dans l'autre nous nous complétons.
Un coup d'oeil sur une mappemonde montre une autre évidence: l'Eurasie a une "profondeur stratégique" sans équivalent dans le monde. Mieux: son orientation Est-Ouest la pose en véhicule idéal d'extension des espèces végétales et animales puisque les climats sont à peu près semblables sur des parallèles communs. les autres continents majeurs, l'Afrique, les Amériques, sont Nord-Sud, ce qui entraîne des barrières climatiques quasi-infranchissables. Le merveilleux Jared Diamond explique ça à merveille.
Plutôt donc qu'un fumeux "Traité de l'Atalntique Nord" renouvelé sous la forme de Grand Traité Transatlantique, et qu'une éphémère Eurafrique, une Eurussie serait un moyen pratiquement "clés en mains" pour sinon accéder à la puissance perdue sottement au cours des deux Guerres Mondiales, du moins nous affranchissant partiellement d'alliances contraignantes et pour tout dire incertaines dans un futur pas si éloigné que ça. "Les Nations n'ont pas d'amis, elles n'ont que des intérêts" Palmerston et De Gaulle disaient "Etats", mais c'était une autre époque.
Cela ne frappe donc personne qu'à chaque fois qu'ils apparaissent sur des écrans, les Yankees parlent "des intérêts des U.S.A."? Eux, au moins, rendons leur cette justice, sont francs. Mais il se trouve que souvent les intérêts des U.S.A. ne sont pas les miens.....
Donc trouver une sorte de partenariat renforcé avec la Russie. Je vois les objections: Poutine est un dictateur, les droits imrecriptibles des Pussy Riots ont été bafoués, et une longue liste de journalistes et d'opposants assassinés est là pour nous rappeler que côté sensibilité et humanité "y'aurait à redire" comme disait Audiard. Mais dites moi, les Français étaient-ils tous des clones de Sarkozy, ou sont-ils tous devenus de clones de Hollande? Les Russes sont des gens comme vous et moi. Il ne tient qu'à NOUS de les ré-accueillir dans la famille humaine. J'exagère? Mais comme il ne tient qu'à NOUS d'accueillir VRAIMENT nos frères Roms, Arabes, Africains et j'en oublie des tonnes dans NOTRE famille.
Aller les uns chez les autres, partager le pain et le SEL (le vin aussi, mais faut pas le dire, les Torquemada de la SANTE ETERNELLE l'interddisent, alors le sel, d'autant que le sel, ça donne soif...) vivre en osmose fera plus pour faire avancer "la démocratie" sur les bords de la Volga que nos récriminations sempiternelles envers ces Soviétiques-mal-repentis. Et, de leur côté, ces peuples de l'Est, TOUS ces peuples de l'Est, qui ont une expérience "approfondie" (horrible humour) de la dictature et de l'esclavage, auraient sans doute quelques conseils utiles à nous communiquer sur ce chapitre. Et, au fait, ni Poutine ni Medvedev ne sont éternels....
Il ne s'agit PAS de "Pacte Germano-Soviétique" 1940 modifié-2015. D'abord parce qu'à Moscou, mes amis russes (qui ne sont pas du FSB) n'en veulent pas, et qu'à l'Est de l'Europe, il y a une floppée de pays qui n'en veulent pas non plus. Mais, comme ce fut le cas pour l'Europe des 6-jusqu'à-15 un "Marché Commun" qui, par les échanges permettrait de soulager la misère des uns et des autres. Car, comme le disait Adam Smith "c'est la CIRCULATION des biens qui fait la richesse des Nations", et non pas "l'accumulation du fric dans les Paradis Fiscaux".
Ah! Refaire "l'Europe" alors? cette s.... qui affame les peuples? Eh bien non, car voyez vous, du côté de Moscou, les apparatchiks, on connaît, et on ne les aime pas, mais alors pas du tout. C'est d'azilleurs pourquoi NOS apparatchiks sont si remontés contre Poutine.
Dans le fond, qu'est-ce qu'on risque? Les oligarques? Mais mes agneaux, ils sont déjà là, avec le tapis rouge de Bercy comme d'habitude. Une guerre avec les Yankees? Ce sont des pragmatiques, et une fois débarrassésdes idéologues néocons, ils vont redevenir ces G.I.s que nosu avons aimés en 44. Comme le peuple Russe, comme tous les peuples au fond, le peuple des U.S.A. est digne d'affection, capable de générosité. Ce sont LES "ELITES" qui sont haïssables.