Parallèlement à la guerre d'Afghanistan se déroule la guerre Iran-Irak (1980-1988). C'est une guerre à la fois religieuse et ethnique, ce qui la rend d'autant plus inexpiable.
Les Iraniens sont Persans, pas Arabes et ils sont majoritairement (à 80-90%) Chiites, une dissidence de l'Islam remontant au IV Calife, Hussein. Ils ont des sectateurs parmis les peuples arabes: en Irak même (60%) de la population), au Koweït, en Arabie Saoudite, à Barhein, en Syrie (où un secte dissidente les Alaouites, a pris le pouvoir) et au Liban (le Hezbollah), avec des traces en Palestine (qui grossiront au fil du temps).
Téhéran se souvient de l'intervention anglo-US de 1951 (les Marines avaient débarqué au Liban) parce que le Premier Ministre (élu), le Dr Mossadegh avait voulu nationaliser l'Anglo-Iran Oil, société privée. En meêm tyemps, ils avaient établi le fils de l'acien Shah (exilé pour sympathies envers l'Axe) Rezah Shah Pahlavi, qui entendait se conduire en "despote éclairé", avec les fastes et la Cour correspondants. Cette "corruption", le clergé Shiite l'avait attaquée dès le début du règne, signant un divorce radical entre le Shah et son peuple (majoritairement paysan et conservateur) qui devait amener sa chute en 1979. Les USA ayant soutenu leur créature (et l'Anglo-Iranian) quasiment jusqu'au bout, furent stigmatisés "Grand Satan" par Téhéran, le "Petit Satan" étant Moscou-l'athée. S'ensuivit l'humiliation de la prise de l'Ambassade US à Téhéran et le fiasco du "sauvetage" organisé à l'époque, réminiscence des calamiteux essais d'Air Land Battle héliportée du vietnam, et prémonitoire du "Black Hawk Down" de Mogadiscio. Téhéran sera rangé dans "l'axe du Mal" par ronald Reagan.
Les Irakiens sont officiellement "laïcs et républicains". Ils sont en fait "Ba'assistes", parti-frère du Ba'ath Syrien, un mouvement révolutionnaire politique fondé par un Chrétien Libanais, Michel Aflaq, se rapprochant en frère-ennemi (disons en "frère en froid") du nassérisme, mouvement nationaliste socialisant égyptien. L'Irak avait été un pays "sous mandat Britannique" entre les deux guerres, et "gouverné" nominalement par le Roi Faysal, en fait une colonie déguisée, dont seuls les pétroles de Mossoul et Kirkouk, en région Kurde intéressait Londres (et British Petroleum, BP pour les intimes). Son intérêt stratégique avait disparu depuis que "l'Angleterre avait perdu les Indes", et Londres allait bientôt affirmer qu'elle cessait d'avoir des intérêts "à l'Est d'Aden" (à l'Est d'Eden?).
La population irakienne se compose de 60% de Chiites, de 25% de Kurdes, et de 15% de Sunnites qui jusqu'à la chute de Saddam régnaient sur le pays. Saddam se disait "Tikkriti" (il était né pas loin de Tikkrit) parce que Tuikkrit était le lieu de naissance de Salah Al Din notre Saladin, le grand vainqueur musulmans des Croisades.
Ce qui posait problème, à l'époque, était le "républicanisme" de Saddam, anathème à la fois pour Téhéran, et pour les Monarchies du Golfe toutes très officiellement "pieuses": devant l'ennemi Perse, ces Monarchies n'aidaient l'Irak qu'avec réticnece. Par contre, bien qu'en se pinçant un peu le nez (dame, le Ba'as n'était pas peuple d'enfants de coeur et rappelait fortement l'URSS et son KGB) les Occidentaux pouvaient lui trouver des "qualités" justement à cause de son républicanisme (Saddam notre ami, notre allié). Et surtout, l'Irak était un excllent client, achetant à tour de bras du matériel militaire (pour compenser le déséquilibre démographique avec l'Iran) mais aussi "civil" pour équiper le pays. Les Occidentaux, et la France en particulier (mais pas seulement,la RFA n'était pas loin derrière) firent d'ecllentes affaires avec Bagdad (payées rubis sur l'ongle) et allèrent jusqu'à fournir l'atome (Osirak vendu par les Français et détruit par les Israéeliens) et (discrètement) des gaz de combat utilisés contre les Iraniens (par la RFA).
Après la défaite de l'Irak (1988) Saddam dut reconnaître que cette guerre avait ruiné le pays: ses dettes envers les pays du Golfe, et en particulier le Koweït, dépassaient largement ses capacités de remboursement, même en boostant les exportations de pétrole.
Le Koweït, justement. La Monarchie irakienne fut abolie en 1958, en jusqu'à la prise de pouvoir de Saddam Hussein en 1979, fut le théâtre de nombreux coups d'Etat, que Londres mit à profit pour en détacher en 1961 la Province du Koweït, la faire proclamer "Emirat indépendant et souverain", sous la férule de la famille Al Salah (à qui la démocratie était et reste furieusement étrangère) à charge de respecter les accords d'extraction passés avec BP. Tiens!!!!!
Le déclencheur de l'invasion du Koweït fut... le Koweït lui-même qui exigea le remboursement intégral et immédiat des dettes contractées par l'Irak lors de sa guerre contre l'Iran. Tiens, prends toi ça dans les dents, "bouclier du monde arabe", Vae Victis!
Trouille intense à Washington:
-Saddam devenait avec le pétrole koweïtien le deuxième, sinon le premier producteur de pétrole du Moyen Orient, et LA figure majeure de l'OPEP, de quoi jouer puissamment de "l'arme du pétrole"
- et ses armées étaient aux portes de l'Arabie Saoudite qui eût été bien en peine de lui résister: le pronostic était "Riyadh en 48 heures chrono".
Nasser puissance 10! Avec en prime les Russes (eh oui! bien que l'URSS se soit effondrée) en passe de normaliser leurs relations avec l'Iran et donc rééditer le coup du Détroit d'Ormuz! On comprend la panique des Occidentaux, et la "vertueuse indignation" manifestée dans tous les media de l'époque. Avec la litanie interminable des "crimes de Saddam", le nouvel Hitler. NB: je ne défends PAS le personnage mais on aurait pu "s'en apercevoir" AVANT, non?
Saddam était un naïf: il arrêta ses blindés à la frontière du Koweït et... ne bougea plus. Je pense, pour ma part qu'il ne POUVAIT PLUS bouger: ses armées et leurs matérie'ls étaient à bout de souffle comme devait le démontrer la "libération" du Koweït.
Mais l'engagement US était clair dès le début: protéger à tout prix l'Arabie Saoudite, "notre ami, notre allié". Euh, pas à n'importe quel prix: les Saoudiens, les Emirats et... le Japon payèrent la facture quasi-intégralement. Vous avez bien lu: la guerre ne coûta pas un fifrelin aux "Alliés" coalisés contre Satan-sur-Terre et en particulier à Washington. Ce qui aurait au moins du nous faire réfléchir sur les capacités réelles, tant financières que militaires des USA à prétendre être "la première puissance de la planète".... dès 1991.....
Pendant ce temps, deux évènements planétaires s'étaient produits:
- l'URSS, "l'ennemi héréditaire" depuis ... 1945 venait de disparaïtre, en fait de s'effondrer sous le poids de ses dépenses militaires et de l'obsolescence (pour rester poli) de sa clique dirigeante.
- et en même temps, le PC Chinois s'étant débarrassé de la clique totalement obsolète des derniers Maoïstes, négociait un virage à 120%: passer du maoïsme catastrophique à tous points de vue à un régime mixte PC dirigeant-économie mixte semi capitaliste. Au passage, je note que les vues de Deng Xiaoping ne sortaient pas du néant, mais des schémas dessinés par le Gaullisme du temps du Général: Plan "incitatif" et relative liberté d'action des industriels grâce à des subventions.
Le danger s'était déplacé géographiquement. Dès 1971, un think tank dirigépar Henry Kissinger, et la NSA avaient "planché" sur les dangers de "la surpopulation" de la planète en particulier dans ce que l'on appelait le Tiers Monde. La "modernisation" progressive et donc la demande en ressources, matières premières etc... irait croissant et entraverait le développement de "l'American way of life" (à notre que cet "American" excluiat 90% des Américains, qui ne sont PAS Etasuniens). Ce modèle d'économie Etasunien avait été développé dans les années 50, et le public US y restait attaché comme un morpion: la richesse par le gaspillage (overspill).
En clair, la Chine allait "bouffer" une part notable des ressources nécessaires au confort Etasunien, avec des conséquences catastrophiques.... sur le système électoral. Et derrière la Chine se profilaient (déjà) l'Inde, le Brésil et une myriade d'autres pays "moyens". Ce serait rapidement intenable. C'est vers cette époque que divers think tanks élaborèrent ce que Naomi Klein nomma "la stratégie du choc": une série d'évènements traumatiques susceptibles de bloquer les facultés de raisonnement.... du public étasunien ET de fourrer des pays éventuellement rivaux ous susceptibles de le devenir dans des merdiers inextricables.
- La "crise" financière du Sud Est Asiatique de 1977 acheva.... le Japon déjà mal en point par sa démographie.
- Pour mémoire, la "guerre contre la drogue" qui justifia une série de mesures restrictives.... dont le "Mur du Mexqiue", abbrière surveillée destinée à empêcher.... l'hispanisation du Sud des USA.
- ET la fameuse banqueroute de l'Argentine... juste avant que ne se finalise le Marché commun Sud-Américain déjà entamé avec le Mercosur.
Mais cela n'était que mise en train, mis en bouche, répétitions d'une autre pièce: LE MERDIER AU MOYEN ORIENT. Parce que lorsqu'un commerçant est aux prises avec des voyoux, il hésite à changer de fournisseurs, surtout si ceux-ci sont aussi ses meilleurs clients. D'où le péril "Islamiste" menaçant les Monarchies du Golfe, "peut être" (précaution de style) discrètement encadré par le Pakistan (au fait, les Pakis ne sont PAS Arabes, et ne seraient pas fâchés de prendre la tête d'une anti-Croisade, après tout... Saladin était KURDE).
D'où l'invasion de l'Afghanistan (pour "traquer" Ben Laden, la bonne blague: les Forces Spéciales, même françaises, l'ont un une bonne dizaine de fois littéralement au bout du fusil... l'ordre n'est JAMAIS venu) pour "calmer" Islamabad, qui se mit au garde-à-vous et "traqua" Al Qaëda (à se pisser dessus de rire...).Et aussi, incidemment, pour PRIVER la CHINE de l'accès au lithium, que les Soviétiques connaissaient déjà: le Pakistan est un "ami" de la chine avec laquelle il entretient de fructueuses relations notamment dans l'armement . La Chine payant bien, les Taliban auraient peut-être cédé aux pressions amicales d'Islamabasd pour fournir ce lithium à Pékin (oui, je sais Beijing!)
D'où aussi l'invasion de l'Irak en 2003, pas si "ratée" que ça. Je m'explique: Saddam était au bout du rouleau, et ses armées ne valaient plus grand'chose, matériel obsolète, finances désastreuses. Bref, il était "mûr", il n'y avait qu'à se baisser pour le ramasser. MAIS installer un gouvernement "normal" à Bagdad n'était pas souhaitable du point de vue de Washington qui ne veut pas la Paix au Proche Orient. Et ce pour une raison très simple: la Chine a BESOIN d'énormément de pétrole pour son industrie. Une Péninsule Arabique "apaisée" aurait peut-être été tentée d'augmenter ses exportations vers la Chine.... D'où la continuation de "l'insécurité" à Bagdad: le feu menace toujours, ce n'est pas le moment de penser aux affaires.
Reste l'Iran. L'Iran, au fil du temps, redevient peu à peu un "pays fréquentable", qui entretient de bonnes relations avec la Russie... et l'Asie Centrale, devenue source pétrolière et gazière entretemps. Il n'y a que deux "poids lourds" dans la région: la Turquie et l'Iran, et UN Dauphin à respecter, la Syrie. L'Iran entretient des relations privuilégiées avec Damas, les Alaouites, quoique "dissidents" étant malgré tout des Shiites. Damas fait d'ailleurs office de "coordinateur" des divers mouvements Shiites au Levant, dont le Hezbollah.
Son statut de "République islamique", son palmarès de "défenseur de l'Islam" (même schismatique) vis-à-vis de Washington ET de Moscou (dans le temps), ses "amabilités" envers les Taliban et Al Qaëda (et d'autres), ces intégristes opposés aux Monarchies corrompues du Golfe lui attirent des sympathies (parfois agissantes) dans le camp Sunnite. Ceci constitue un danger majeur et immédiat pour les USA car cela peut entraîner, par des "alliances contre nature" la chute des dites Monarchies et donc du "verrou" qui protège son accès au pétrole du Golfe. Le rival de mon ennemi étant "fréquentable", la Chine, qui profite déjà de la rivalité renouvelée Russie-USA (le Consensus de Shanghaï) pourrait se voir assurer un avantage décisif dans la course au pétrole et au gaz par des accrods avec ces pays musulmans "épurés"....et peu enclins à faire ami-ami avec les Anglo-Saxons et leurs affidés.
D'où les hurlements contre la "nucléarisation" de l'Iran que je perçois pour ma part comme une contre-menace vis-à-vis du Pakistan auquel on consent gracieusement la Bombe.
Parce qu'il ne faut pas se tromper: ce à quoi nous assistons, et qui reste pour le moment périphérique, est le début d'une Guerre de Religion Sunna-Shi'ia. Exactement comme NOS Guerres de Religion du XVIe et XVIIe siècle (la Guerre de Trente Ans, revoyez ça pour avoir une idée de jusqu'où ça peut aller). Voyez les attentats anti-Shiites ou anti-Sunnites en Irak et au Pakistan.
Nous évoluons en plein chaos. Guerres civiles "politiques", "ethniques" et "religieuses" dopées par des intérêts extérieurs. Une chatte n'y retrouverait pas ses petits, et c'est le but recherché. Parce que pendant ce temps là, PERSONNE ne s'avise de se demandersi le Boss n'est pas un peu ramolli, ou gâteux, ou ..... horreur!!!! impécunieux et militairement diminué. Et tout le monde continue à payer "la taxe" et bien sûr, à suivre le Boss (oui Boss, t'as raison Boss, c'est génial Boss, t'es le meilleur) alors que lui, ne pense plus que golf et poulettes.
La Libye, eh oui, il faut y revenir, ce n'était "QUE" rendre caduc un traité passé par Khadafi avec les Chinois: priorité pourles exportations de pétrole. C'est à ça qu'ont servi nos bombes. Et bienvenue au chaos créé par le vide dans lequel d"affreux islamistes se sont inflitrés et s'enkystent: ça entretient la phobie du chaos menaçant. PAS PLUS, mais PAS MOINS.
La Syrie? C'est visiblement pour limer les dents de Téhéran parce qu'un oléoduc Grozny-Iran est en préparation, qui contournerait Ceyhan.
C'est aussi pour "casser" le Croissant Shiite qui menace les "fondementalistes" du Golfe et leurs alliés les Frères Musulmans. Les Wahabites d'Arabie Saoudite sentent le peuple leur échapper (le Saoudien moyen vit moins bien qu'un chien, ce sont les Princes qui vivent une vie de rêve) et, comme à l'instar des Frères Musulmans et de leurs affidés, ils n'ont aucune idée de comment faire marcher un pays (hormis commenter la Shari'a à l'infini), ils s'accrochent aux Monarques, corrompus certes, mais qui, eux, savent (je les compare volontiers à Luther qui opta pour les Princes CONTRE le peuple).
C'est enfin pour supprimer la base navale Russe majeure en Méditerrannée: Lattaquié (ou Lattakié, je fatigue).
Et comme personne n'est vraiment chaud pour aller sur le terrain casser du Bachar, l'usage du sarin est un prétexte tout trouvé pour BOMBARDER, tiens, comme en Libye! Et comme du temps de feu Saddam avec les armes de destruction massive.....
Bonne nuit, les petits, le marchand de sable médiatique va passer.... Pom-Popopom-Pom-Pom.