Garbarek est français il s’appelle Brahim Maalouf
S’il fallait une preuve de l’apport des étrangers à une culture l’album de Monsieur Maalouf en est l’ultime démonstration.
Dès les premières mesures du disque c’est une promotion du savoir faire technique français. Enfin des toms correctement enregistrés et un batteur qui relègue Manu Katché au rang des antiquités et qui écrit la leçon suivante, reprenant à son compte les créations de Phil Collins quand il était batteur. Merci monsieur Joinville de démontrer que le cd est supérieur au MP3. À l’écoute de cet album on rêve d’une version SACD de l’album.
Le premier morceau est une ouverture, une introduction. Le soliste, la star va bientôt arriver. Salaud de bassiste Laurent David qui m’a fait lâcher le volant de ma voiture en passant de blanches appuyées à un riff à la croche qui donnerait à Pastorius envie de reprendre un cour.
Comme ensuite j’ai fermé les yeux au premier solo de trompette apparaissant dans une réverbe parfaitement dosée j’ai décidé d’aller l’écouter chez moi, sur des C4 de Dynaudio. Le son est beau, rond chaud parfaitement mixé. Il y a encore des techniciens qui savent enregistrer une batterie, et quel batteur. Dès la fin de l’ouverture, Maalouf le magnifique lance un concerto pour trompette et band jazz rock. Une section cuivre de la mort qui tue, basse batterie comme le cœur et les tripes, une guitare électrique et un orgue en roue libre. Comme dans n’importe concerto c’est la bagarre entre le soliste et l’orchestre, Dieu et l’homme. Seul le talent du compositeur donne une chance à l’humain de s’exprimer. Le soliste et le groupe se répondent, se parlent, c’est l’humain qui a les plus belles envolées, même si il reste dans l’orchestre car le technicien du son a évité le piège de monter le micro si fort qu’on croit que l’homme peut faire plus de bruits que les Dieux.
Et quand Monsieur Maalouf s’exprime l’on croit en Dieu, l’homme à une chance, l’homme est beau. Le band attaque plus fort, lâchant des séries de réponses comme autant de catastrophe naturelle. J’aimerais couper un doigt du bassiste pour qu’il soit au niveau des autres bassistes européens. Il a le talent de Tony Levine, un son de rêve et comme la période est au nivellement par le bas, c’est plus simple de l’estropier que de l’égaler. Le son sert la musique et pas le contraire. Maalouf écrit une pièce maîtresse ou les influences du tour de la méditerranée sont omniprésente. A l’instar de Liszt qui allait se promener chez les Hongrois pour enrichir le répertoire musical, Maalouf prend le meilleur de part et d’autre de notre maman commune. Ce n’est pas à la mode qui est au repli sur soi et aux reprises de la médiocrité passée mais Maalouf n’en a cure. Il nous absout de nos péchés à chaque notes et termine par une bénédiction sous la forme d’un chorus que Chet Baker apprécie de là haut.
Jamais Maalouf ne prend le dessus sur la section de cuivre que Zappa n’aurait pas renié. Il les respecte, leur parle, les interpellent. Dieu que c’est beau et que la trompette est belle. Mes dettes pour sonoriser un ensemble de cette qualité en concert. Merci Monsieur Maalouf. Merci pour ce que vous donnez, apportez, créez. Merci