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Billet de blog 25 mars 2013

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Pays de fous

Pays de fous.Le paradoxe helvète.Alors que la France s'englue dans des affaires et des débats surréalistes vus de la Suisse, je regarde par ma fenêtre. Débattre sur la pertinence du mariage homosexuel paraît, depuis ici, tellement antinomique avec la réalité de ce que vivent des humains qui sont nos concitoyens que plus personne ne cherche à comprendre. Entendre, à Genève, qu’un ministre aurait eu un compte à l’UBS en espérant que personne ne le sache est simplement hallucinant.

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Pays de fous.

Le paradoxe helvète.

Alors que la France s'englue dans des affaires et des débats surréalistes vus de la Suisse, je regarde par ma fenêtre. Débattre sur la pertinence du mariage homosexuel paraît, depuis ici, tellement antinomique avec la réalité de ce que vivent des humains qui sont nos concitoyens que plus personne ne cherche à comprendre. Entendre, à Genève, qu’un ministre aurait eu un compte à l’UBS en espérant que personne ne le sache est simplement hallucinant. Dans la ville de Calvin, il est simplement impossible d'ouvrir un compte à l'UBS sans que la banque sache tout et plus que tout sur la personne qui ouvre le compte et la provenance de l'argent que cela en devient simplement ridicule. L'UBS a tellement peur de se faire reprendre la main dans le sac qu'elle confine au ridicule les contrôles et les questions posées aux simples péquins qui veulent ouvrir un compte et décrochent la totalité du bloc fusible dès que le moindre centime arrive sur le compte. Essayer d'expliquer durant deux heures à un fonctionnaire de banque que le chèque de plusieurs milliers d’euros posé sur le compte est, comme son nom l'indique, le versement de droit d'auteur venant de Paris, Rivages, France. Après le pourquoi, le comment et le où, il suffit de faire un aller et retour à Londres, de prendre la première banque sur le « strand » et d’ouvrir en moins de six minutes un compte au nom de Franck Zappa car il y a trop de Donald Duck. La bande audio renforce le doute car, passée au crible des outils informatiques, il n’y as pas de correspondances entre la bande et le son direct de la voix prise à la télé. Le volume d’air ne correspond pas et c’est impossible à contrefaire. Le système est capable d’identifier les imitateurs et les vraies voix il n’y a jamais de doutes. Dans l’affaire les certitudes volent assez bas. Même surprise quand l’ex grand de la France est mis en examens pour un chef d’accusation qui est, dans la plupart des cas, impossible à démontrer.  C’est généralement à posteriori que l’on juge en demandant à l’auteur d’avoir des notions médicales que peu de médecins ont. Pourtant, lors de son investiture il y a eu le cadeau ? A peine une année après son arrivée la riche dame n’a elle pas touché un chèque de 200 millions ? Si vraiment elle a joué sur le cheval sarko son tiquet fût gagnant.  Ici l’on vote pour des hommes et des femmes que croise au super marché lesquels choisissent les sept sages. Ceux qui travailleront pour eux ne feront que très rarement la une des journaux. Pays de fous. Ici il y a plus d’armes par tête d’habitants qu’aux USA mais les drames sont rares. Même le malheureux qui se suicide aura une amende pour utilisation non conforme de l’arme et paiera la TVA aussi sur la balle.

Exploser le temps d’antenne car en France on confond parler français et parler en français devient, l’espace d’un dimanche, incompréhensible. Dans un pays où il y a quatre langues dont trois utilisées par les politiques plus aucune importance donnée à la parole politique. Seuls les actes et les paroles lâchées à l'étranger sont commentés, les erreurs de français ou d'allemand très vite pardonnées car soi-même on rame dans la langue de gothe ou de l’autre.

A côté de la frontière le meilleur chanteur suisse d’origine « jenisch » utilise toutes les langues. Avec l’accent de la capitale Eicher me souhaite une bonne nuit.

Le matin sur inter c'est la peur de l'extrême droite aux Européennes qui devient la conclusion de la semaine. La voix de 09.00 est tellement érotique que l'on oublie les propos. Ici l'UDC représente plus de trente pourcents. Au pouvoir, la représentante des « nein-sager » fait du social et à un œil plus humains sur les émigrés que ses prédécesseurs. Son collègue conseillé fédéral ne fait rien et ne dit rien. Les nationalistes isolationnistes qui arrivent au pouvoir se plient au jeu du consensus. Leurs anciens amis éructent la bave aux lèvres et rien n’y fait. A croire que le pouvoir n’a pas de couleurs politiques.  À y regarder de prêt, elle fait plus dans le social que la gauche de la gauche. Elle est pourtant bien la représentante d'un parti qui a fait interdire les minarets sur le territoire, ce qui est inconstitutionnel et maladroit à outrance. Le même peuple vote oui à l'interdiction des retraites-chapeaux, des stocks-options et des salaires délirants versés alors que la boîte perd des milliards. Pays de fous. Plus personne ne se pose la question sur la représentativité de nos élus, peut-être parce que l'on vote deux fois par mois et que seuls trois Suisses sur dix se donnent la peine de remettre l'enveloppe gratuite dans une boîte aux lettres. Il y a pourtant toutes les personnes installées dans une commune depuis 10 ans qui peuvent voter au niveau communal, mais les pourcentages restent les mêmes.

Des années de politiques communales font perdre la notion du prix des choses. Quand un giratoire coûte un million de francs suisses et que des toilettes publiques préfabriquées sont à trois cent milles on ne s’étonne plus qu’une villa mitoyenne monte à deux millions. En y regardant de prêt nulle part dans la zone euro un ouvrier du bâtiment gagne 6000 francs et une infirmière 5000. Pourtant les Suisses ne veulent pas de ces jobs et 96 % du personnel infirmier sont étrangers. Vouloir leur départ reviendrait à se soigner soi-même et s'occuper de ses anciens. Autant se tirer une balle dans le pied, les centenaires sont légions et une crèche qui a coûté six millions à un coût de fonctionnement d'un million pour 25 enfants et de deux millions pour 50 marmots. Ce ne sont que des chiffres, plus personne ne compte les zéros.

Personne ne connaît le nom de nos élus et des plus puissants. Les plus grands dirigeants se trompent sur le nom de notre président.

Cela vient peut-être du fait que la Suisse, vieille de 700 ans, n'est pas un pays.  Contrairement aux Français qui pensent encore être une puissance mondiale et qui aimeraient que les Allemands paient pour leur permettre de conserver une bombe atomique que personne n'osera utiliser, la Suisse n'a pas de passé glorieux. Il est difficile de s'identifier à un guignol qui tire à l'arbalète sur une pomme posée sur la tête de son fils et encore moins aux rigolos habillés en clowns payés à protéger le Vatican. Il est préférable de ne pas connaître les écrits de nos glorieux ancêtres qui ont pourtant un mur dont la seule jouissance était d'écrire des modes d'emploi sur la meilleure façon de faire crever un catholique dans les pires souffrances. Mes voisins ne se posent jamais la question du pourquoi du nom de tranche pied du village voisin. C'est peut-être à cause de mes racines ritales et du fait que l'État a changé mon prénom de Giacomo en Jean-Jacques et collé un S à la fin du prénom de mon frère que je me pose des questions. A l’époque, il fallait tout mettre à la même hauteur, au même niveau. Le Code civil contient la hauteur des haies et la distance entre une barrière et le mur de la maison. Il n’y manque que la longueur des poils, mais ça viendra. Tout est géré par le Code civil et cela ne prête à discussion ni en allemand ni en italien. Quant à faire on ne s’inquiète plus de la place du français car l’école du coin contient plus de 100 langues et éduque moins de 400 bambins. Pays de fous. Ici l’ont doit parler trois langues et quatre c’est mieux.

D'ici, la France est un mystère. Nos gosses croient encore qu’elle est une monarchie. Les Français ont pourtant guillotiné à tour de bras les rois sont encore là. Ici nos banquiers cirent les babouches des rois saoudiens, les employés de banque ont une prime de fidélité quand un dictateur du continent africain se fait tuer. Pays de fous.

Ici l'ennemi n'est pas Bruxelles où la troïka, plus personne ne sait qui décide quoi. Des lois obsolètes restent valables et les nouvelles sont méconnues. Toutes décisions sont soumises à référendum et même un citoyen qui se bat contre les millions du monde économique gagne. Pays de fous. Pourtant le modèle suisse aurait été la solution européenne. Nous ne l’avons pas inventé, le système a été copié sur la jeune Amérique. Penser une seconde qu’un continent qui ne partage pas la langue peu partager la monnaie sans que les états acceptent de perdre un peu de souveraineté nationale est un délires étonnants. Pays de fous.

Fatigué par la volonté des médias de faire du bruit avec rien je m’abonne à Mediapart. Mon pays d’origine présente un spectacle tellement délirant que je ne sais encore quel média lire quotidiennement. Sciascia, Giovanni Falcone et Jim Thompson sont morts, personne ne m’expliquera un monde dans lequel les cosmonautes américains paient l’ennemi héréditaire pour aller dans l’espace et l’ancien pays du communisme pratique la « flat taxe » ce qu’aucun des fous de libéraux ricains n’a osé proposer. Pays de fous. Ce matin je m’abonne à Mediapart.

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