Etude Numéro 2 concernant l’épidémie de coronavirus du printemps 2020
Rédigée à compter du 29/04 18H00
Préambule
La première analyse avait porté sur la létalité apparente du coronavirus et sur une segmentation des victimes. Elle m’avait conduit à énoncer les hypothèses suivantes :
1/le taux de létalité est inférieur à celui qui était annoncé dans les médias. Chaque fois que l’on peut rapprocher les chiffres des décès d’une estimation de chiffres de contamination (Institut Pasteur, Etat de New York, situation à Gangelt en Allemagne) ou bien que l’on peut observer un épisode épidémique en milieu clos (Porte- avions Charles de Gaulle, Paquebot Diamond Princess) nous sommes loin du chiffre initial de l’OMS (3,8%). Ceux qui se risquent à une estimation avancent plutôt un chiffre autour de 0,5%.
2/La plupart des morts sont des personnes âgées. En France 74% des victimes ont plus de 75 ans. L’âge médian des décès dans les pays européens est supérieur à 80 ans.
3/De plus 67% des personnes décédées présentent des comorbidités sérieuses. La liste est disponible sur internet. . Il s’agit des insuffisances cardiaques de classe III ou IV (sévères à première vue), d’hypertension artérielle compliquée (ayant impliqué un AVC ou un infarctus)…etc …
4/ Seulement 2,5 % des décès concernent des personnes de moins de 65 ans, ne présentant pas de comorbidité. Tout âge confondu, sur les années 2018, 2019, 2020 la mortalité des 0 à 64 ans est constante sur une période équivalente.
5/Les Ehpad qui accueillent moins de 1% de la population comptent pour près de 40% des décès en France.
Le propos de cette deuxième analyse est de tenter de comparer les réponses apportées par les différents états et de tenter d’en mesurer l’efficacité, au moins au travers des statistiques disponibles à ce jour.
1/La perception du Covid 19 a évolué rapidement chez les dirigeants de notre pays. Dans un premier temps le virus a été considéré comme devant rester en Asie, au même titre que le SARS. Dans un second temps l’idée que nous aurions à y faire face s’est imposée mais tout portait à croire qu’il s’agirait d’un épisode de grippe saisonnière plus ou moins traditionnel. Dans un troisième temps la panique devant des prévisions catastrophiques de décès (dont la véracité est contestée depuis par une partie de la communauté scientifique) a conduit à prendre des mesures parmi les plus coercitives du genre.
Pour pouvoir répondre le plus sereinement possible à la pandémie, il fallait pouvoir bénéficier des atouts suivants :
-une capacité en matière de prévention et de détection. (Masques, gel, gants, combinaisons pour les personnes exposées, laboratoires mobilisables, kits de test).
-une capacité hospitalière suffisante et un réseau de médecine de ville opérationnel.
-une population prête à jouer le jeu.
-la compréhension du taux réel de létalité et de la segmentation des victimes potentielles.
Or en France, aucune de ces conditions n’était vraiment remplie :
-passage en flux tendu pour les masques après la disparition des stocks antérieurs et difficulté de se doter d’une capacité domestique de tests
-situation de tension préexistante au sein du monde hospitalier
-divorce d’avec l’opinion publique suite aux gilets jaunes et à la réforme des retraites
-prévisions apocalyptiques des modèles mathématiques
Tout cela ne pouvait conduire qu’à un confinement dur, sévère (plus de contraventions que de tests), et à un message fort peu empathique et très pessimiste.
Beaucoup de pays ont fait de même, d’autres non. Nous allons essayer de faire le point sur les différentes stratégies.
2/ Les pays à confinement rigoureux.
L’Espagne, l’Italie, la France et la Belgique se sont lancées dans un confinement rigoureux. Devant l’arrivée de la vague, le manque de moyens et le manque de solutions alternatives, la stratégie qui s’est imposée a été un confinement absolu et une prise en charge relativement tardive des malades (à l’apparition de la détresse respiratoire). Ces quatre pays ont des résultats relativement élevés en matière de mortalité .Décès par millions d’habitants (au 30 avril) :
Belgique : 690
Espagne : 528
Italie : 457
France : 365
La stratégie affichée est de stopper l’épidémie par le confinement. L’acquisition d’une immunité collective est reportée, le dépistage préventif inexistant, la distribution de moyens de protection modeste.
3/Le confinement à l’anglo-saxonne.
La Grande Bretagne et les USA partagent la même démarche initiale. Au départ leur idée était de lisser dans le temps les contaminations afin d’acquérir l’immunité collective sans perturber gravement le fonctionnement du système de santé, et de ne pas endommager l’environnement économique et social par des mesures de confinement trop strictes. Un certain courage initial est donc affiché face à l’adversité.
En Grande Bretagne il a malheureusement fallu avec une semaine de retard prendre des mesures de confinement comparables (quoique un peu moins répressives) à celles des quatre pays susnommés.
Bilan en Grande Bretagne : 401 morts par million d’habitants (la Grande Bretagne a rejoint le groupe précédent en terme de mortalité)
Aux USA la situation est complexe parce que différente Etat par Etat. Dans certains Etats les commerces sont rouverts, les plages accessibles…dans d’autres c’est différent. En tout cas aucune attestation n’a été imposée et les hypermarchés sont restés ouverts. Les transports aériens intérieurs fonctionnent. Beaucoup d’américains sont plus attachés à leur liberté qu’à une sécurité imposée par le gouvernement, d’où des manifestations anti-confinement. Le débat est permanent sur la limitation des mesures de restriction.
Bilan aux USA : 188 morts par million d’habitants
4/Le confinement intelligent, couplé à une bonne organisation des soins
Le plus libéral dans cette catégorie les Pays-Bas : commerces ouverts, promenade libre. Le pays ne cache pas qu’il cherche à obtenir l’immunité collective.
Bilan : 283 morts par million d’habitants.
5/ La discipline et l’organisation.
L’Allemagne une fois de plus fait preuve de talent. Une bonne politique de tests et une infrastructure hospitalière de qualité, ont été complémentaires du confinement.
Bilan : 80 morts par millions d’habitants et un dé-confinement qui a commencé le 20 avril. (3 semaines avant la France)
6/La pro-activité : Identifier et isoler les contagieux
La Corée a été capable de faire un incroyable travail de tests et de traçage des personnes contagieuses. L’idée est de confiner les malades plutôt que les bien-portants.
Et cela fonctionne formidablement bien
Bilan : 5 morts par million d’habitants
7 /Pas de confinement du tout
La Suède a opté pour la recherche de l’immunité collective avec mesures de prévention pour éviter de saturer les hôpitaux mais en excluant le confinement. Les paroles des responsables restent lucides sans dramatisation à outrance et sans optimisme béat.
-Les écoles sont ouvertes
-les restaurants sont ouverts
-les transports publics n’ont pas de règles spécifiques
-pas de masque
-plages ouvertes
-soirées, réunions autorisées jusqu’à 50 personnes.
Bilan : 264 morts par million d’habitants
Conclusion :
1/Il est très efficace d’isoler les personnes contagieuses (mais il faut avoir les moyens de test et de traçage). Il est nettement moins efficace d’isoler tout le monde.
2/ La dureté du confinement fait peu à l’affaire. Les services de santé sont plus importants que les services de police pour faire face à la pandémie.
Comparons la Belgique et les Pays-Bas, l’Allemagne et la France. Quant à la Suède ou les Etats-Unis on est loin de l’hécatombe promise par le laxisme des Vikings ou les « errements » de Donald Trump.
Partout la segmentation des victimes est la même : écrasante proportion de personnes âgées et /ou présentant des comorbidités sévères.
3/Ne traiter sérieusement les gens que lorsqu’ils ont des difficultés à respirer est trop tardif.
4/La question de l’immunité collective est intéressante. Nous saurons quoi en penser dans quelques mois.
La pertinence d’un confinement dur est donc posée : son efficacité sanitaire versus ses nuisances psychologiques, sociales, économiques. Le discours anxiogène qui l’accompagne ne facilite pas le retour à la « normale ». A suivre…
Fini de rédiger le 30/04 à 18h00