Coronavirus : il est temps de ne plus avoir peur
« Vos plus grandes peurs sont créées par votre imagination. Ne cédez pas devant elles. »
Churchill
Une maladie épidémique frappe l’humanité. Elle est certes très contagieuse et s’est répandue rapidement autour du globe du fait des échanges internationaux mais elle a un taux de létalité relativement faible et une propension à épargner les jeunes pour au contraire se montrer implacable à l’encontre des vieux.
Il y un siècle ou plus la pandémie aurait été considérée comme un des aléas de notre destinée humaine et nos valeurs auraient fait le reste. Les chrétiens auraient trouvé refuge au pied de la croix du Christ qui donne sens à la souffrance. Les républicains auraient repris nos anciens hymnes « formons nos bataillons » ou encore « un français doit vivre pour elle, pour elle un français doit mourir ». Les révolutionnaires y auraient vu l’annonce de la fin du capitalisme et l’avènement de la société sans classe .Tout le monde se serait retrouvé derrière Jeanne d’Arc , la bannière tricolore, le drapeau rouge, le drapeau noir…selon ses espérances.
Le peuple aurait montré une fois de plus son courage, sa foi en l’avenir, et remercié la providence que les forces vives de la patrie, de la nation, ou du prolétariat soient préservées contrairement aux guerres qui tuent tant de valeureux jeunes gens dans la force de l’âge.
Rien de tel aujourd’hui, hélas. Les décennies de principe de précaution ont élevé la peur en vertu cardinale alors que depuis l’antiquité nous n’avions de considération que pour le courage. Nos mythes fondateurs s’appuyaient sur des morts glorieuses, des sacrifices héroïques…nos chants patriotiques ou révolutionnaires célébraient des cohortes qui montent au combat avec peu d’espoir d’en revenir, et des enfants et des épouses fiers du sacrifice des pères.
Tout dans la culture contemporaine nous a conditionné à avoir peur de notre ombre, de la cigarette, du verre d’alcool, de la circulation routière, des fumées des usines qui nous restent. Notre sécurité doit être assurée au prix de notre liberté. Nous sommes devenus les chiens de la fable de Jean de La Fontaine, alors que nous étions fiers d’être des loups.
Il est donc à craindre que la peur fasse encore plus dégâts que la maladie, mais nous vivons dans un monde d’où la mort a été évacuée. Le décès des vieillards est lui-même inacceptable.
Aucune voix stoïcienne ne s’est élevée, nos églises ont fermé, les luttes sont en pause, le seul salut pour l’instant est le confinement…les avancées en matière de traitement, les nombreuses guérisons, le fait que la situation épidémique semble se stabiliser ne font pas la une des médias contrairement aux anecdotes les plus anxiogènes.
Pire, beaucoup profitent même de la situation pour noircir encore plus le tableau.
Je suis en train de lire les carnets de souvenirs de Che Guevara, dont les débuts particulièrement chaotiques de la guérilla dans la sierra Maestra en 1957…pertes considérables, conditions de vie critiques. Il serait étonnant que des militants qui s’inscrivent dans la tradition révolutionnaire décrivent la situation actuelle comme apocalyptique… elle est juste surréaliste.
De la même façon, les héritiers de Verdun et de la résistance, ne devraient pas sombrer dans la désespérance et la panique et préparer résolument le retour à meilleure fortune.