Etude sur l’épidémie de Coronavirus du printemps 2020.
Rédigée à compter du 27/04 2020 à 14H00
Préambule
Cette étude entend n’être que factuelle. J’assure donc tous les malades de ma compassion et tous les personnels soignants de mon soutien et de mon admiration. Je souhaiterais ne choquer personne en ne reprenant que des statistiques .Certains de mes amis ont été touchés par le virus, un membre de ma famille immédiate a passé trois semaines à l’hôpital, je suis donc conscient que derrière ces chiffres se trouvent des hommes et des femmes. Mais je voulais par soif de comprendre revenir aux faits, rien qu’aux faits.
Mes sources ne comprennent que des chiffres cités par des organes de presse crédibles ( AFP en particulier) des agences ou des organisations de premier plan (Institut Pasteur). Aucun site politique n’a été consulté, encore moins les sites complotistes. Tout est vérifiable grâce à google en quelques secondes. Et je serai très intéressé d’en débattre si des personnes ont des informations complémentaires ou différentes.
Je ne suis pas médecin, encore mois épidémiologiste. Je suis ingénieur à la base. Je ne fais donc que reprendre des données communiquées par les spécialistes et reprises par les médias. En revanche je m’abstiens de tout commentaire qualitatif. Il m’a semblé qu’en reprenant les seules informations publiques on pouvait arriver à une perception différente sur la situation.
Je ne cherche surtout pas à mettre l’épidémie en perspective avec le réchauffement climatique, la situation des minorités sexuelles ou ethniques, les défauts du capitalisme libéral…je cherche juste à comprendre ce qui nous arrive.
1/Le taux de létalité
La première question que je me suis posé à titre personnel c’est évidemment la dangerosité de la maladie. Concrètement sur 100 personnes qui l’attrapent combien vont mourir. Nous avons tous en mémoire les films de zombie (pour la fiction) et la peste noire (pour l’histoire).
La peste noire a tué lors des épidémies du moyen-âge plus de 30% de la population de l’époque, et on estime son taux de létalité était à 60%.
Rien de tel pour le corona virus même si les premières images de Wuhan ville morte laissait attendre le pire.
Comme dans de nombreux endroits les tests ne s’appliquent qu’à des personnes déjà très malades, les taux de létalité par rapport aux cas officiels ne valent rien. Le fait que parmi mes amis nombreux étaient ceux qui bien qu’atteints n’avaient pas été testés, et que l’on savait par ailleurs qu’un certain nombre de contaminés étaient asymptomatiques impliquait un taux de létalité bien inférieur aux taux affiché.
J’ai trouvé deux sources pour tenter de trouver un chiffre crédible :
-L’institut Pasteur estime que 4 millions de Français ont été infectés par le virus. Elle met en avant ce chiffre pour expliquer que nous sommes loin de l’immunité (qui nécessiterait 60% de contamination). Etant donné le nombre de victimes, cela nous donne un taux de létalité à 0.6%.
-Autre approche, l’Etat de New York qui par voie de tests aléatoires pense que 2,7 millions de personnes (13,6% de 20 millions) ont été infectés par le virus. Si on rapproche ce chiffre des 15 000 morts déplorés on retombe quasiment sur le même taux à 0,6%.
Taux de létalité apparent à ce jour du coronavirus : 0.6%...
2/ La répartition des victimes en France
2-1/Sommes-nous tous égaux devant ce taux de létalité général à 0.6 % ? La réponse est non et tout le monde le comprend très vite en regardant la segmentation des décès qui nous sont communiqués quotidiennement.
Chiffres du 26/04 au soir : 22856 décès depuis le début de l’épidémie dont 8654 en Ehpad. 38% des décès ont donc lieu en Ehpad…certains résidents d’ Ehpad sont d’ailleurs peut-être transportés à l’hôpital avant leur décès…je n’ai pas trouvé de chiffres.
Les résidents des Ehpad sont en France 600 000. C’est un univers que je connais bien pour avoir accompagné un membre de ma famille immédiate qui a séjourné 4 ans dans un de ces établissements avant son décès. C’est un endroit que personne ne quitte un jour avec sa valise en disant au revoir aux voisins. C’est un endroit où l’on vient mourir lorsqu’âgé et malade on ne peut plus vivre dans le monde. Le personnel y est dévoué et si la famille vient voir le résident souvent cela peut rester supportable pour la personne concernée.
Moins de 1% de la population, les personnes âgées et dépendantes, représentent au moins 38% des décès
2-2/Est-il possible d’avoir la répartition par âge des victimes du coronavirus ? La réponse est oui. Les chiffres existent. J’ai une segmentation datant du 21 avril 2020.
Elle était la suivante :
0-14 ans : 0 ( les décès d’enfants sont extrêmement rares. Les quelques cas mentionnés par les médias comprennent aussi bien les US, le Portugal, le Royaume uni, la Belgique)
15-44 ans : 0,9%
45-64 ans : 8,3%
65-74 ans : 15,6%
75 ans et plus : 75,3%
L’âge médian des décès est à 84 ans
Par ailleurs 67% des personnes décédées présentaient des comorbidités. La liste des comorbidités concernées est disponible sur internet. Il s’agit des insuffisances cardiaques de classe III ou IV (sévères à première vue), d’hypertension artérielle compliquée (ayant impliqué un AVC ou un infarctus)…etc …
Seulement 2,5 % des décès concernent des personnes de moins de 65 ans, ne présentant pas de comorbidité.
Le coronavirus semble être essentiellement un tueur de personnes âgées et/ou souffrant de pathologies sérieuses.
3/Deux situations singulières
Une autre façon d’appréhender les chiffres m’a semblé l’étude de deux cas très particuliers puisqu’ils se sont passés à bord de 2 navires, milieux fermés par excellence. Les données sont publiques.
3-1/Le Diamond Princess
Il ‘agit d’un navire de croisière qui a connu un épisode épidémique du 22 Janvier au 22 Mars 2020. Tout le déroulement des évènements est disponible sur Internet.
3711 personnes étaient à bord, dont un millier de personnes appartenant à l’équipage que l’on peut considérer comme jeunes et en bonne santé. La clientèle était constituée comme souvent pour ce type de croisière de retraités appartenant à des classes sociales aisées, donc plutôt bien soignés mais relativement âgés.
Le début de l’épidémie a été détecté assez précocement et a entraîné de la part du commandant un confinement dans les cabines 12 jours après l’apparition du premier cas.
Bilan chiffré :
3711 personnes à bord
712 contaminés dont 18% d’asymptomatiques
7 décès soit 1% de la population contaminée.
Les experts estiment que le nombre d’asymptomatiques est bas du fait de l’âge des passagers et qu’il faut s’attendre dans une population classique à un taux bien plus élevé. Idem pour le taux de létalité qui corrigé, avec les données disponibles par ailleurs, serait estimé à 0,50% dans une population normale.
3-2/Le Porte-avions Charles de Gaulle
Après une escale à Brest le 15 Mars, une épidémie éclate à bord du PA, l’obligeant à abréger sa mission et à rejoindre Toulon le 12 avril. La spécificité de la vie militaire et de la mission a empêché une mesure de confinement contrairement au Diamond Princess.
Bilan chiffré :
1706 personnes à bord, toutes jeunes et en bonne santé.
1046 contaminés (dont 50% asymptomatiques)
12 hospitalisés au 24 avril (après 25 hospitalisations initiales) dont 2 en réanimation (je souhaite à mes camarades de tout cœur de s’en sortir).
Confirmation de l’impact limité du virus sur une population jeune. Confirmation d’un taux de létalité général autour de 0.5%.
4/Il y a-t-il une trace statistique en matière de surmortalité de l’épidémie ?
La réponse est oui mais elle est complètement biaisée vers les âges élevés. Je vous engage à aller sur le site suivant qui comprend les données INSEE (période du 1Er Mars au 6 Avril)
En substance, en dessous de 57 ans il n’y a pas de traces statistiques d’une évolution de la mortalité par rapport à l’année dernière. Entre 58 et 70 ans la surmortalité est de 8% à 10% par rapport à l’année dernière. Elle augmente ensuite pour passer de à 30% autour de 85 ans.
Cette évolution serait moins marquée si on considérait l’année 2018 où sévissait une épidémie de grippe.
Tout âge confondu, sur les années 2018, 2019, 2020 la mortalité des 0 à 64 ans est constante sur la période.
Le coronavirus ne laisse aucune trace statistique de surmortalité sur l’ensemble de la population de 0 à 64 ans. Au dessus cette surmortalité monte sensiblement au-delà de 75 ans et encore plus au delà de 85 ans.
5/Quid des épisodes épidémiques précédents ?
Si on exclut la grippe espagnole qui par son ampleur et son agressivité dépasse de très loin l’épisode actuel on peut faire référence à 2 épidémies plus récentes :
5-1/La grippe asiatique de 1956 à 1958
Elle provoque la mort de 1 à 2 millions de personnes dans le monde dont 69800 à 116 000 aux USA.
5-2/La grippe de Hong Kong de 1968 à 1970
Elle provoque la mort de 1 million de personnes dans le monde. Les dernières études estiment les pertes en France à 31 226 morts. J’étais au collège à l’époque et je n’en ai aucun souvenir contrairement aux fameux évènements de 1968. C’est dire que son traitement par les médias a été soft. L’ORTF, le Monde, France Soir traitent le sujet avec légèreté. Il faut dire que les images horribles du Biafra ne nous poussent pas l’auto apitoiement. Nous sommes encore une société jeune, qui croit au progrès et à son avenir, sans réseaux sociaux et la mort des anciens est socialement acceptée.
Ce qui est très spécifique dans la crise du Covid c’est son traitement médiatique, les mesures draconiennes prises par le gouvernement, et le regard que la société porte sur tout cela.
6/L’efficacité des traitements
Pour beaucoup, l’immense majorité des contaminés, le traitement a consisté en un verre d’eau s’ils étaient asymptomatiques ou du doliprane pour beaucoup d’autres. Pour les cas sévères l’hospitalisation pour 3% des contaminés (si l’on part de 4 millions) et la réanimation pour 1%.
C’est au niveau de la réanimation que se pose le problème de l’embouteillage ultime, à savoir au cas où nous serions saturés qui faut-il essayer de sauver ou qui doit passer en soins palliatifs ?
En effet on peut penser que pour le suivi des autres patients hospitalisés des cliniques voire des hôpitaux de campagne peuvent prodiguer les soins nécessaires.
Je cherche à savoir quelle est la proportion de gens qui décèdent sous ventilation. La presse française parle de 30% à 40% de décès (Le Monde, Libération). La presse anglo-saxonne est moins optimiste et cite des chiffres de décès au-delà de 60% (Independent, AP). Il serait également intéressant de pouvoir mesurer ces données à la lumière des comorbidités.
7/La situation à Chicago
Pour des raisons familiales la situation à Chicago m’intéresse. Le site suivant édite des statistiques quotidiennes :
https://www.chicago.gov/city/en/sites/covid-19/home/latest-data.html
2 choses me frappent:
-le biais ethnique (et donc socio économique) qui fait que la population afro-américaine est surreprésentée parmi les décès vraisemblablement du fait de sa situation sanitaire (diabète, obésité, hypertension sont plus répandus dans cette communauté)
-le biais de la comorbidité qui vient réduire même le biais de l’âge (tel qu’observé en France). En effet 92% des personnes décédées avaient une affection chronique.
Comme en France, l’âge et les affections chroniques, diabète, hypertension, insuffisance cardiaque, non maitrisées expliquent la plupart des décès.
Etude fini e de rédiger le 27/04 à 21H30.