"L'usure du monde"
Le titre de mon blog est extrait d'un poème d'Emile Verhaeren figurant dans le recueil "Les villes tentaculaires". Voici ce poème, hypnotique et lunaire, devenu, à mes yeux, une métaphore de la vie, de la résistance, de la vigilance. Si vos pas vous conduisent à Saint-Amand arrêtez-vous au seuil de la maison natale du poète et contemplez ce lieu qu'il décrit ainsi:
Je suis né là-bas, dans les brumes de Flandres/ en ce petit village où les murs goudronnés / Abritent les marins pauvres mais obstinés /
Sous les cieux d'ouragan, de fumée et de cendres.
"Elle a mille ans la ville,
La ville âpre et profonde ;
Et sans cesse, malgré l'assaut des jours
Et des peuples minant son orgueil lourd,
Elle résiste à l'usure du monde.
Quel océan, ses cœurs ! quel orage, ses nerfs !
Quels nœuds de volontés serrés en son mystère !
Victorieuse, elle absorbe la terre,
Vaincue, elle est l'attrait de l'univers ;
Toujours, en son triomphe ou ses défaites,
Elle apparaît géante, et son cri sonne et son nom luit,
Et la clarté que font ses feux d'or dans la nuit
Rayonne au loin, jusqu'aux planètes !"
Verhaeren, "Les villes tentaculaires"