Comme tout le monde, j'ai regardé la désolation à la télé ce week-end, ces gens qui n'avaient plus rien. Une tristesse.
Au bout d'un moment, on regarde ces images défiler sans trop se poser de questions. Des pleurs, des silences de gens qui n'arrivent plus à parler, des voitures renversées, une maison de retraite évacuée... Le bordel. Et ça défile à toute berzingue. Alors on se retrouve submergé et on regarde un peu bêtement tout ce "spectacle".
Puis, soudainement, quelque chose m'a choqué. Sept personnes sont mortes dans un stationnement. Bon sang, mais qu'est qu'elles foutaient dans un stationnement?
Explication d'une voisine: des couples, des célibataires, des gens simples sont descendu en trombe dans le garage pour essayer de sauver leur caisse. Franchement, ça m'a fait pleurer, mais vraiment pleurer et pour beaucoup de raisons.
Tout les témoins racontent le cataclysme que fût l'orage, l'ambiance de fin du monde, et qu'est ce que ces gens là vont faire? Ils courent sauver leur voiture. Pas les photos, pas les souvenirs, pas la voisine qui crie, la voiture.
J'ai eu l'impression de voir le visage hideux de notre société en train de rire en face de moi.
Ça fait déjà un bon moment que j'entends ces histoires de gens qui se tuent pour avoir une voiture, pour pouvoir rouler dans un gros 4x4, une grosse BMW ou que sais-je, qui leur donnera un succédané de bonheur jusqu'à la prochaine vidange qui leur coûtera les yeux de la tête. Parce que c'est chère une vidange pour ces gros bolides, mais on ne va pas le vendre quand même, hein? Alors on va pleurer devant le garagiste pour payer en 5, 10, 15 fois la vidange.
Il faut bien la payer la vidange, alors on se sert la ceinture, on renâcle sur ces vacances, sur le petit resto, on bosse plus et finalement on la paye enfin la sale vidange. Heureusement, qu'on la paye, parce qu'il faut changer les pneus et ça vient d’Allemagne, ces gros pneus là, alors merde. On va les payer en 20 fois, il faut bien ça pour aller frimer avec les potes, même avec le ventre vide. Ou plutôt avec une boule dans le ventre, parce que ça stresse tout de même de devoir payer tout ça.
Alors voilà, quand un gros orage vient, quand la fin du monde arrive, c'est trop bête de larguer sa belle voiture dans la garage et on va mourir avec. En une fois ce coup-ci. La mort, cette connasse, elle ne fait pas crédit, faut payer d'un coup.
Sept morts dans le garage quand même. Ça fait beaucoup à l'arrivée et ça laisse un méchant goût amère.
Et puis j'ai pensé à tous les autres qui meurent à feu doux pour la payer leur grosse voiture, jusqu'au prochain orage.