On n’essaie pas un parti politique comme on essaie une recette
Il y a dans certains discours actuels une dangereuse légèreté : celle qui consiste à dire qu’il faudrait “essayer” le Rassemblement National, “voir ce que ça donne”, “tenter autre chose”. Mais le pouvoir n’est pas un laboratoire d’expérimentation. Gouverner, c’est engager le destin d’un pays, de ses libertés, de son unité. Et confier ce pouvoir à un mouvement qui remet en cause les principes mêmes de la démocratie n’a jamais été un essai sans conséquence.
L’histoire européenne l’a prouvé : chaque fois qu’une société a voulu “tester” un parti autoritaire, elle l’a payé d’un recul des droits, d’une mise au pas des contre-pouvoirs, d’une fracture profonde entre ses citoyens. Les libertés individuelles, la presse indépendante, la justice impartiale n’ont pas disparu du jour au lendemain , elles ont été grignotées, discréditées, neutralisées, au nom d’une prétendue “volonté du peuple”. C’est toujours ainsi que les démocraties s’abîment : lentement, légalement, mais sûrement.
Dire “on verra bien” face à un parti qui méprise les journalistes, stigmatise des millions de Français et oppose les uns aux autres, c’est oublier que la République repose sur un équilibre fragile. Elle ne se défend pas toute seule , elle se défend par le vote, par la vigilance, par le refus de banaliser la haine ou la division.
Protéger la démocratie, ce n’est pas un réflexe partisan, c’est une responsabilité civique. Voter, débattre, s’informer, refuser la désinformation : voilà les gestes simples mais décisifs qui maintiennent vivante l’idée même de République. On ne “teste” pas ceux qui veulent affaiblir ses fondements ; on leur oppose la clarté, la mémoire et la raison.