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Billet de blog 19 août 2025

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Anonymat numérique : liberté ou catalyseur de cruauté ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La cruauté ordinaire derrière l’écran

Chaque clic, chaque commentaire, chaque rire derrière un écran participe à une mécanique qui dépasse l’individu : celle de la cruauté ordinaire. Sur certaines plateformes, des victimes sont exposées au spectacle de leur propre souffrance, tandis que les agresseurs, protégés par leurs pseudonymes, accumulent visibilité et gains financiers. La distance créée par l’écran dilue la responsabilité, mais ne change rien à la réalité : quelqu’un souffre. Toujours.

L’anonymat comme bouclier moral

L’anonymat, tel qu’il est utilisé dans ces contextes, devient un bouclier moral. Il justifie la moquerie, banalise la violence, et transforme la victime en objet de divertissement. Les spectateurs, souvent inconscients, confortent cette illusion en applaudissant, commentant ou partageant. La société, à travers ses plateformes, ferme les yeux tant que l’audience et l’argent circulent.

Liberté d’expression vs impunité

Pourtant, cet outil n’est pas intrinsèquement mauvais. Il protège des dissidents, des victimes de violences, des esprits créatifs. Il permet de s’exprimer sans crainte. Mais liberté et impunité sont deux choses différentes. La question n’est pas de censurer, mais de responsabiliser : responsabiliser les auteurs, responsabiliser les spectateurs, responsabiliser les plateformes. Derrière chaque pseudo, il y a un être humain, avec sa vulnérabilité et sa dignité.

Le révélateur Kick

Le drame sur Kick n’est pas isolé : il est révélateur. Il montre ce que peut devenir un espace numérique où l’anonymat n’est pas encadré par la conscience et l’éthique. La cruauté devient spectacle, la souffrance monnaie d’échange, et l’humanité elle-même, un enjeu secondaire.

Réflexion et responsabilité

Il est urgent de réfléchir à ce que nous tolérons derrière nos écrans. Sommes-nous prêts à laisser l’anonymat servir de permis de nuire ? Ou allons-nous enfin exiger que la liberté numérique s’accompagne de responsabilité et de respect ? Car si nous ne définissons pas nos limites, le numérique ne sera plus un outil d’expression, mais un théâtre où la cruauté prend le pas sur l’humanité.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.