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Billet de blog 1 avril 2009

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VOA News rend hommage aux pionnières de la radio

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Le 26 mars, le site de VOA (The Voice of America) News, qui est à la fois la plus ancienne radio américaine et, désormais, une chaîne de télévision également, a rendu hommage, par l'intermédiaire de la journaliste Deborah Block, à Margaret Rupli Woodward (cf photo), l'une des cinq femmes qui furent les premières voix à couvrir les premières heures de la seconde guerre mondiale depuis l'Europe. Margaret Rupli Woodward était en Hollande, en 1940. Elle travaillait pour NBC hors antenne, comme la plupart des femmes de radio à qui le micro n'était jamais confié.

Elle vivait à Amsterdam, avec son mari David Woodward, journaliste britannique. Elle n'était pas journaliste, mais parlait plusieurs langues et avait une formation universitaire. Mais surtout elle était une authentique American voice, et comme le réseau NBC ne trouvait personne, on lui confia l'antenne. Margaret s'acquitta de sa tâche comme une grande professionnelle, devint une voix familière pour l'Amérique profonde et raconta, sur les ondes courtes à l'époque, la vie quotidienne en Hollande avant l'invasion des nazis.

Certes Margaret Rupli Woodward bénéficia des conseils de son mari et de l'envoyé spécial de CBS, Edward R. Morrow, qui, lui aussi, embaucha une journaliste, Mary Marvin Breckinridge pour tenir l'antenne. Mais elle fit preuve d'un grand talent, d'un courage exemplaire et d'une force de caractère peu commune, puisqu'elle voulut rester à son poste pour raconter l'invasion allemande. Elle dut néanmoins obéir à sa hiérarchie, qui l'a sauva d'une mort certaine. En effet elle quitta son studio, en compagnie de son mari, précipitamment. Quelques heures plus tard l'immeuble tout entier tombait sous les obus allemands.

Elle raconte, avec humour et détachement - elle a aujourd'hui 99 ans -, dans la vidéo de VOA News, qu'elle dut abandonner le poulet qui cuisait dans la pièce adjacente, prendre les brosses à dents et deux paires de chaussettes pour David, puis fuir sur un navire charbonnier à destination du Royaume-Uni, où elle continua son métier de journaliste pendant six mois. Puis de retour aux Etats-Unis, forte de cette expérience faite de courage et d'audace, elle s'en alla frapper à la porte de NBC, dans l'espoir d'y être embauchée définitivement comme journaliste. En guise de réponse et de remerciement pour tout ce qu'elle avait fait, sa hiérarchie masculine lui rigola au nez. Aucune des quatre autres pionnières de la radio ne fut reconnue ou remerciée pour la prise de risques considérable. Aucune ne put devenir journaliste. Comme le disait l'excellent Philippe Meyer, au terme de ses chroniques sur France-Inter : nous vivons (depuis plus de soixante ans) une époque moderne.

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