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Billet de blog 1 décembre 2014

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Mike Nichols (1931-2014), éternel lauréat

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C’est un immense réalisateur qui s’est éteint dans son appartement de Manhattan, le 19 novembre. Il venait d’avoir 83 ans. Mike Nichols avait réussi l’exploit, tout au long de sa riche carrière, d’être loué par le public et par la critique, non seulement aux Etats-Unis, son pays d’adoption, mais aussi au-delà des frontières américaines. Il était connu pour sa capacité à communiquer aisément avec les acteurs et les actrices qui l’appréciaient énormément. Si son parcours est célébré pour avoir facilité l’éclosion de grands talents, comme Dustin Hoffman dans The Graduate en 1967, il l’est aussi pour avoir composé sans difficulté avec des talents confirmés, comme Richard Burton et Elizabeth Taylor, en 1966,  dans Who’s Afraid of Virginia Woolf?

Né, à Berlin le 6 novembre 1931, Mikhail Igor Peschkowsky, fils de Pavel Nikolaevitch Peschkowsky, médecin  juif autrichien, et de Brigitte Landauer, fille de l’anarchiste juif allemand Gustav Landauer et cousine d’Albert Einstein, devint Mike Nichols à  New York, en 1939, où la famille Peschkowsky s’installa après avoir quitté l’Allemagne et échappé de justesse à la déportation par les nazis et à la mort. Les Peschkowsky devinrent citoyens américains, Pavel reprit son activité de médecin et américanisa son deuxième prénom Nikolaevich en nom de famille, Nichols. Après des études secondaires sans histoire à la Walden School, tout près de Central Park, le jeune Mike intégra l’Université de New York, qu’il abandonna pour celle de Chicago pour s’inscrire en médecine afin de suivre la voie paternelle. Mais au bout de deux ans il s’éloigna définitivement de la médecine pour se rapprocher d’une station de radio de musique classique WFMT, où il s’essaya à l’interprétation théâtrale lors de Saturday nights. Il avait trouvé sa voie et devint rapidement célèbre.

Après de nombreux succès à Chicago avec Elaine May, le tandem repartit pour New York pour s’installer à Broadway à partir de 1960, pour lancer An Evening with Elaine May and Mike Nichols, mis en scène par Arthur Penn, prélude d’une série de grands succès sur la scène théâtrale. Mike Nichols entama ensuite une carrière théâtrale de metteur-en-scène qui lui valut neuf Tony (diminutif de Antoinette Perry, directrice de théâtre reconnue, disparue en 1946) awards, équivalent des "Molières" aux Etats-Unis. L’éventail de son travail allait de la comédie jusqu’à l’avant-garde, et, parmi les nouveaux talents qu’il fit découvrir, il y eut le dramaturge Neil Simon, la troupe des Monty Pythons et de jeunes acteurs inconnus à l’époque tels que Robert Redford, Meryl Streep et Whoopi Goldberg, entre autres. Son passage derrière la caméra lui permit de conquérir Hollywood et lui valut de nombreuses nominations aux Oscars en enchaînant d’immenses succès, qui commencèrent donc en 1966 avec Who’s Afraid of Virginia Woolf?, pour lequel on lui prédisait de nombreuses difficultés liées à la perspective de faire travailler deux monstres sacrés, Burton et Taylor, mais il s’en tira avec plus que les honneurs, 13 nominations aux Oscars.

A director’s chief virtue should be to persuade you through a role; Mike’s the only one I know who can do it,” la principale qualité d’un réalisateur est de vous convaincre de vous fondre dans un rôle ; Mike est le seul que je connaisse qui en est capable. Ce fut le compliment de Richard Burton, au terme du tournage. Jack Nicholson, Harrison Ford, Julia Roberts, Gene Hackman, Candice Bergen figurent parmi les célébrités qu’il dirigea au cinéma, après avoir dirigé, au théâtre, Morgan Freeman, Julie Christie, George Scott et Richard Dreyfus. Ses autres immenses succès cinématographiques furent Catch-22, en 1970, Silkwood, en 1983, Working Girl, en 1988, Wolf, en 1994, Primary Colors, en 1998, Closer, en 2004 et Charlie Wilson’s War, en 2007, qui fut son dernier film. La télévision lui conféra récompenses et nouvelles couronnes avec notamment Wit, en 2001, et Angels in America, en 2007. Il fit une dernière incursion au théâtre, en 2012, pour monter brillamment Death of a Salesman d’Arthur Miller. Mais son nom reste et restera à jamais attaché à son film de 1967, The Graduate.

Le Lauréat fut un succès immédiat et lui valut un Oscar, grâce à de nombreux paramètres, le scénario hors du commun dans l'Amérique puritaine de 1967 — un étudiant, fraîchement diplômé de l'université (graduate), qui se déniaise avec la meilleure amie de ses parents alors qu’il est amoureux de sa fille —, l’interprétation exceptionnelle d’un débutant, Dustin Hoffman, et de grands talents confirmés, les magnifiques et inoubliables Anne Bancroft et Katharine Ross, et la musique de Paul Simon et Art Garfunkel qui a marqué toute une génération avec The Sound of Silence, Scarborough Fair et Mrs. Robinson. Les media américains,NYT et LAT, lui ont rendu un vibrant hommage, auquel se sont joints BBC News, The Independent et The Guardian.

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