C'est le 2 décembre 2007 que les quatre "pères-fondateurs", Edwy Plenel, Laurent Mauduit, Gérard Desportes et François Bonnet décidèrent d'unir leur conception commune du journalisme pour créer et lancer Mediapart-Le projet. Le lundi 4 décembre 2007, sur les ondes de France-Inter, Nicolas Demorand – grâce lui soit rendue – évoqua cette initiative, dans son tour d'horizon matinal.
J'ai attendu la fin de la journée, activité oblige, pour me précipiter sur le site nouvellement créé et j'ai adhéré immédiatement. Je faisais partie des très nombreux abonnés du journal Le Monde, abattus et égarés par le départ d'Edwy Plenel, consternés et révoltés par la dérive de cet excellent journal et par le scandaleux éditorial de Jean-Marie Colombani, qui, au seuil de la présidentielle, avait osé écrire des lignes tellement honteuses qu'elles préparaient déjà le terreau du "journalisme-sic", pour reprendre une des expressions du Canard Enchaîné. Autour d'Edwy Plenel j'ai découvert des visages, à commencer par celui de Laurent Mauduit, dont les articles m'étaient familiers.
Cette association et cette initiative m'ont immédiatement inspiré une sorte d'exaltation et d'enthousiasme qui non seulement demeure, un an après, mais qui s'est amplifiée. L'aventure était remarquable, elle l'est toujours. Voir se créer un journal de journalistes – j'utilise sciemment la formule délibérément pléonastique et violemment ironique de Jean-Luc Godard remerciant, à Cannes, "les professionnels de la profession", impliquant ainsi la présence de non-professionnels dans cette même profession – avec un support qui élimine (pour l'instant peut-être) le support papier ne pouvait que susciter l'ardeur et engendrer un soutien. A ce quatuor est venue s'agréger toute une équipe de brillantes signatures.
Vivre ainsi l'actualité, loin de toute dépendance politique et financière, et pouvoir participer, par le biais du Club, est un plaisir que ne vient pas polluer le poids d'un annonceur. A propos du Club il ne semble pas inutile de rappeler qu'il existe une charte, que l'on peut être en désaccord avec un point de vue exprimé – "Loin de me léser, ta différence m'enrichit" Saint-Exupéry – encore faut-il argumenter de façon cohérente et courtoise, ce que n'ont pas compris et ne comprendront sans doute jamais les provocateurs, nostalgiques de Rivarol, les trolls, véritables casseroles, qui dégringolent sur chaque billet et dont on a vite ras-le-bol.
Mediapart a apporté un souffle nouveau et le Club a donné naissance à une diversité insoupçonnable, il y a un an. Donc, sans tomber dans une flagornerie superflue, merci aux quatre "pères-fondateurs" et qu'ils sachent que nous serons nombreux à poursuivre l'aventure à leurs côtés.