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Nadhim Zahawi est député conservateur de la circonscription de Stratford-upon-Avon dans le Warwickshire depuis mai 2010, un fief des Tories depuis 1909 qui fut même celui de feu John Profumo (1915-2006), de 1950 à 1963, ministre des armées du gouvernement conservateur de Harold Macmillan (1960-1963) et contraint à la démission pour avoir eu une liaison avec une ravissante jeune femme de dix-neuf ans, Christine Keeler, qui était également la maîtresse du premier attaché d’ambassade de l’ex-URSS à Londres. Elu sans aucune difficulté avec 51,5% des suffrages exprimés en 2010, Zahawi est monté à 57,5% en juin 2015 lors des nouvelles élections législatives.
De prime abord il n’y aurait pas beaucoup à dire de cet élu, né à Baghdad en 1967 et ayant fui avec ses parents le régime de Saddam Hussein, puis devenu sujet de sa gracieuse majesté après des études secondaires sans histoire et supérieures jusqu’à la licence de chimie à l’université de Londres. Un député au-dessus de tout soupçon ? Pas vraiment si l’on en croit l’enquête approfondie de Holly Watt menée pour le Guardian et publiée le 3 janvier. Apparemment les règles d’éthique établies par The House of Commons Code of Conduct, notamment les articles 15 et 16* ne semblent pas perturber le Right Honourable Nadhim Zahawi ni lui avoir fait perdre le sommeil. En effet depuis 2013, Zahawi est propriétaire d’un immeuble de six étages, dans le centre de Londres, d’une valeur équivalente à 30 millions d’euros dont la location lui rapporte des centaines de milliers de livres sterling chaque année en plus de son indemnité parlementaire. Mais ce n’est pas tout.
Nadhim Zahawi est également le directeur d’une entreprise d’exploitation pétrolière, Gulf Keystone, installée au Kurdistan irakien (dont le siège social est à Hamilton aux îles Bermudes), ce qui lui procure un salaire mensuel de 25.000 € depuis juillet 2015 et qui s’ajoute à des primes régulières de 30.000 € en sa qualité de conseil de l’entreprise. Gulf Keystone est actuellement en négociations avancées avec l’entreprise publique chinoise Sinopec qui semble disposée à racheter la dite entreprise pour la coquette somme de 415 millions d’euros. Que fera Nadhim Zahawi le jour où le parlement britannique discutera des relations avec le Kurdistan, l’Irak ou la Chine ? Sans doute ira-t-il jouer au tennis avec son excellent ami David Cameron qui lui a littéralement concocté cette circonscription dorée de Stratford-upon-Avon, alors qu’il était généreux donateur du parti conservateur depuis de longues années.
En outre Nadhim Zahawi doit certainement être d'un naturel très distrait car, passionné d'équitation, tout comme son épouse, il a fait payer par le parlement des dépenses pour un montant de 7.500 €, en novembre 2013, dans les écuries de sa propriété de Stratford, dépenses qui n'avaient strictement rien à voir avec ses frais de parlementaire, puisqu'il s'agissait d'améliorer l'électricité dans les dites écuries. C'est le Sunday Mirror qui avait révélé l'affaire et le député de Stratford a dû non seulement présenter ses excuses officielles mais aussi, bien évidemment, rembourser cette somme. Le même journal a aussi révélé que Zahawi fait partie des 130 députés britanniques qui ont les frais annexes les plus élevés. Mais tout ceci ne pose aucun problème au député Tory.
En effet il a déclaré sans rire à la journaliste du Guardian : My first priority, before anything else, is my constituency work, lisez : Ma toute première priorité, avant n’importe quelle autre, est le travail dans ma circonscription…Difficile de distinguer l’arrogance du cynisme ! Nadhim Zahawi possède également The Belgravia House, dans un des endroits les plus chics de Londres, tout près de l’ex-résidence de feu Margaret Thatcher, plusieurs immeubles à Walton-on-Thames, à Putney et un à Wimbledon qu’il loue à la National Westminster Bank. Selon le Guardian ses participations à divers conseils d’administration lui ont donné, depuis 2014, l’équivalent de 415.000 €. Nadhim Zahawi est tout à fait dans l’air du temps de ce qui se prépare de l’autre côté de l’Atlantique, mais pour les électeurs britanniques épris d’éthique, de morale, de respect de la loi et des règles parlementaires et opposés aux conflits d'intérêts, cela ressemble fâcheusement à une sévère « gueule de bois »...
*15. Members are personally responsible and accountable for ensuring that their use of any expenses, allowances, facilities and services provided from the public purse is in accordance with the rules laid down on these matters. Members shall ensure that their use of public resources is always in support of their parliamentary duties. It should not confer any undue personal or financial benefit on themselves or anyone else, or confer undue advantage on a political organisation.
16. Members shall never undertake any action which would cause significant damage to the reputation and integrity of the House of Commons as a whole, or of its Members generally.
P.S. : Dans une nouvelle enquête publiée aujourd'hui dans le Guardian, Holly Watt affirme que le nom de Nadhim Zahawi est lié à deux autres (en plus des îles Bermudes) entreprises d'évasion fiscale installées à Gibraltar, Balshore Investments et Berkford Investments.
https://www.theguardian.com/politics/2017/jan/04/tory-mp-nadhim-zahawi-tax-haven-balshore-berkford-investments-gibraltar