Malgré sa courte victoire à Porto-Rico, Hillary Clinton n'arrêtera pas le cours de l'histoire. Or, depuis sa sinistre déclaration du 25 mai, il semble que la chute soit lente mais inéluctable. Il semble aussi que désormais l'intelligentsia démocrate se détourne fermement non seulement de la candidate à la candidature, mais aussi de l'ex-président, qui inspire, en coulisses, non seulement la stratégie, mais aussi les dérapages verbaux. Depuis cette petite phrase de référence à l'assassinat de Bob Kennedy, un des éditorialistes du Washington Post, Robert Novak, a entrepris, dans l'édition du 29 mai, de faire le tour de tous ceux qui ont du poids et de l'activité au sein du parti démocrate, et il n'a trouvé absolument personne, ni du côté des supporters d'Obama, ni dans le clan Clinton, pour défendre la sénatrice de New York.
Au mauvais goût de Mrs. Clinton s'ajoute, selon Novak, une pauvre connaissance de l'histoire, ce qui implique une rectification quant à l'utilisation des faits. La situation actuelle au sein du parti démocrate n'a rien de comparable à ce qu'elle fut il y a quarante ans. Tout d'abord lorsque Robert Kennedy a été assassiné, il ne s'était lancé dans la campagne pour l'investiture que depuis deux mois. Obama a vraiment commencé à la fin de l'automne, et Hillary Clinton à la fin de l'été 2007.
Ensuite, contrairement à l'impression donnée par la sénatrice, Bob Kennedy n'était pas un candidat incontournable, en juin 1968, puisque son rival pour l'investiture démocrate, HHH, Hubert Horatio Humphrey, avait déjà, en nombre de délégués, une avance que le jeune frère de John Kennedy aurait été incapable de rattraper. Enfin, lorsqu'elle a suggéré, dans cette lamentable déclaration du 25 mai, que son mari, Bill Clinton, s'était battu jusqu'au bout, en 1992, c'est également archi-faux, puisque ce dernier était assuré de l'investiture dès le mois d'avril. Hillary Clinton fait donc une utilisation de l'histoire qui s'avère non seulement spécieuse mais aussi très sélective. Elle a, du reste, déclaré que, pendant le premier mandat de son mari, elle était arrivée à Sarajevo dans des conditions de sécurité extrêmes, alors que les images d'archives ont prouvé qu'elle avait été accueillie en fanfare et avec bouquet de fleurs en prime.
Toutes ces approximations, ces manœuvres, ces bassesses ont, en tout cas, fait le vide progressivement autour du couple Clinton. Le New York Times a pris position récemment, en conseillant fermement à la candidate démocrate de jeter l'éponge. Maintenant c'est au tour de l'association FOB, Friends of Bill, de se vider complètement de ses membres et de faire pression pour qu'elle abandonne. Il reste quand même des supporters, notamment l'AFSCME, American Federation of State, Council and Municipal Employees, qui fait huer le nom d'Obama, à chaque meeting. Un soutien à la fois révélateur et très encombrant.