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Billet de blog 3 juin 2008

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Mugabe s'invite au sommet de l'ONU sur la crise alimentaire

"Obscene!", en français, indécent, c'est le titre de "une" du quotidien britannique, The Independent du 3 juin, pour qualifier l'arrivée inopinée, à Rome, du dictateur zimbabwéen Robert Mugabe qui s'est littéralement invité au sommet organisé par l'ONU sur la crise alimentaire

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"Obscene!", en français, indécent, c'est le titre de "une" du quotidien britannique, The Independent du 3 juin, pour qualifier l'arrivée inopinée, à Rome, du dictateur zimbabwéen Robert Mugabe qui s'est littéralement invité au sommet organisé par l'ONU sur la crise alimentaire qui secoue plusieurs pays de la planète, une conférence étendue sur trois jours et qui rassemble 60 chefs d'état, plus un despote depuis ce jour. Les trois envoyés spéciaux du journal britannique, Peter Popham, Anne Penketh et Colin Brown, n'en ont cru ni leurs yeux ni leurs oreilles, lorsqu'ils ont vu, tout comme leurs confrères, descendre, à l'Ambasciatori Palace Hotel de la via Venetto à Rome, celui qui affame son pays depuis plus de 27 ans et qui a transformé en pays pauvre l'un des greniers de l'Afrique.

LordMalloch-Brown, chargé des questions africaines au Foreign Office, a jugé la situation d'une ironie grotesque et a considéré que la présence de Mugabe à Rome était aussi intolérable que si feu Pol Pot s'était invité à une conférence sur les droits de l'homme, ou, pour nous, si Arnaud Lagardère s'invitait à un colloque sur la liberté de la presse. Cette auto-invitation a plongé dans l'embarras Douglas Alexander, secrétaire d'état au développement international du gouvernement Brown et qui représente son premier ministre à ce sommet. Alexander n'a d'autre choix que de rentrer à Londres désormais, puisque Gordon Brown avait refusé de participer au sommet Union Européenne-Afrique qui s'est tenu à Lisbonne, en décembre 2007, en raison de la présence de Mugabe. Les représentants des Etats-Unis, de l'Australie et de la Hollande se sont déclarés très choqués que celui qui a plongé le Zimbabwe dans la dictature et la pauvreté se permette une telle provocation. Les prochaines heures seront donc intéressantes, d'autant que la visite du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, est également annoncée pour ce soir ou demain. Les menus des prochains jours pourraient inclure chapeaux et couleuvres.

C'est dans le même hôtel que Mugabe, venu, en 2002, assister aux obsèques de Jean-Paul II, avait déjà plongé le Royaume-Uni et la famille royale dans une grande gêne, puisqu'il y avait croisé fortuitement le prince Charles, dans le hall, et lui avait tendu une main que l'héritier de la couronne n'avait pu, à son grand regret, éviter. Le dictateur n'est pas venu seul. Bon prince il a emmené madame, Grace, plus jeune que lui de 44 ans, mais quand on aime, one ne compte pas, c'est bien connu. Grace Mugabe a ses habitudes à Rome puisqu'elle vient souvent y faire du shopping, les avions de la compagnie aérienne nationale étant à son service pour satisfaire ses caprices, depuis son mariage, en 1996, une petite cérémonie toute simple avec 12.000 invités. Interrogée, à Paris, lors d'une précédente tournée d'emplettes, Grace s'était insurgée : "Is it a crime to go shopping?"

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