
Photo : Chris Radum /PA
Alors que la France, comme le chantait Jean Ferrat« celle du vieil Hugo tonnant de son exil, qu’elle monte des mines, descende des collines, … la belle, la rebelle…celle de trente-six à soixante-huit chandelles » enrage devant la morgue de l’oligarchie, dont la honteuse affaire Cahuzac est tout à la fois l’expression la plus révoltante et, en même temps, la toute petite partie émergée de l’iceberg de la mafia internationale selon le rapport de l’ICIJ, The International Consortium of Investigative Journalists, pour la reine d’Angleterre c’est business as usual, la routine.
En effet sa très gracieuse majesté Elizabeth II, 12ème fortune mondiale, avec un patrimoine de 349 millions de livres sterling, soit environ 413 millions d’euros, a obtenu une augmentation, a pay rise, comme l’annonce, non sans humour, le Guardian du 2 avril, de 5 millions de livres sterling, soit 6 millions d’euros, du gouvernement de coalition Tories-LibDem dirigé par le très obligé David Cameron. Le sovereign grant, qui remplace l’ex- civil list, passera donc de 31 à 36,1 millions de livres sterling pour l’exercice 2013-2014. Au-delà du glissement sémantique assez cocasse, puisque grant désigne une allocation, vocable que l’on utilisait jusqu’alors pour évoquer une aide soit aux chercheurs, soit aux plus démunis, que Tony Blair, dans la droite ligne de Margaret Thatcher s’est efforcé consciencieusement de réduire jusqu’au néant — ainsi pour désigner les bourses accordées aux étudiants, on parle de grants ou de scholarships — on rappellera que le sovereign grant, tout comme son prédécesseur civil list, provient intégralement du budget du royaume, en d’autres termes il est abondé par les taxpayers, les contribuables britanniques.
Le sovereign grant couvre les frais de fonctionnement des différents palais royaux, y compris les salaires du personnel, ainsi que les royaux voyages à travers le monde. Au premier janvier 2013, le taux de chômage au Royaume-Uni était de 8% de la population active, soit 2.620.000 personnes, chiffre qui semble moins important qu’en France, mais qui n’inclut pas (depuis le passage au pouvoir de Blair) les chômeurs en fin de droit qui n’ont plus aune aide, chiffre qui est donc en dessous de la réalité. Voilà donc un pay rise qui va leur mettre du baume au cœur et leur faire prendre conscience des limites de l’adage a friend in need is a friend indeed…