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Billet de blog 4 novembre 2013

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Royales obsèques pour la liberté de la presse britannique

Mercredi 30 octobre la liberté de la presse britannique a été enterrée dans la plus stricte intimité du Privy Council (1) lors d’une réunion, à Buckingham Palace, dont personne ne sait exactement le nombre et l’identité des participants.

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Mercredi 30 octobre la liberté de la presse britannique a été enterrée dans la plus stricte intimité du Privy Council (1) lors d’une réunion, à Buckingham Palace, dont personne ne sait exactement le nombre et l’identité des participants. Si la présence du souverain à cette mystérieuse mise en scène n’est pas confirmée, ce dont on est sûr aujourd’hui c’est que Nick Clegg, le vice-premier ministre y était. Et ce dont on est absolument certain c’est qu’il n’y avait aucun représentant de la presse. Certes la composition et le fonctionnement du Privy Council sont laissés à la discrétion de sa gracieuse majesté, qui peut, selon l’ordre du jour, inviter une ou plusieurs personnes dont la compétence est à la fois avérée et nécessaire au développement des débats et à la décision finale. Mais pour décider de l’avenir de la presse le Privy Council a donc considéré qu’il était préférable de n’inviter aucun directeur de rédaction, ni aucun journaliste, encore moins un directeur de publication.

L’ordre du jour, en ce 30 octobre, appelait l’adoption définitive de The Royal Charter on self-regulation of the press, traduction littérale La charte royale sur l’auto-règlementation de la presse. Les prémices de cette exécution sommaire ont été expliquées dans un précédent billet, à relire ici. Quant à l’incongruité et l’indécence de cette réunion, elles sont telles que Jon Henley – très connu de ce côté-ci de la Manche pour avoir été le correspondant du Guardian à Paris, pendant plusieurs années – en a conçu un article savoureux de fiction sur le déroulement présumé de cette réunion et intitulé avec humour What may have happened. Possibly, ce qui a pu se passer. Probablement, à lire ici. Il convient de rappeler que la coalition Tories-LibDems a profité d’une part du sinistre épisode du phone hacking (2) par certaines publications du groupe de Rupert Murdoch, d’autre part des dissensions au sein de la presse pour museler toute la presse, en supprimant le PCC (3) et en écartant la presse de cette même PCC  qu’elle gérait. Au moment où le sort de la presse britannique était scellé commençait le procès du couple infernal, dont les liens d’amitié avec David Cameron sont connus de longue date, Rebekah Brooks / Andy Coulson, qui ont commandité les écoutes téléphoniques mentionnées plus haut, à lire ici. Difficile d’y voir l’œuvre du hasard, d’autant que ce procès va habilement détourner l’attention du public du forfait perpétré contre la liberté de la presse. Difficile également de dissocier toute cette situation de la réaction du premier ministre britannique à la suite des révélations d’Edward Snowden. En effet, en cette occasion, Cameron s’en est pris non pas à la surveillance organisée mais…au journalisme d’investigation ! En menaçant même les journaux dont le Guardian qui feraient de nouvelles révélations.

(1)  Petit rappel historique.

(2)  Les écoutes téléphoniques mises en place par les journalistes de feu The News of the World et du Sun sur les téléphones privés d’actrices et d’acteurs, ainsi que de familles dont les enfants avaient été portés disparus ou assassinés.

(3)  Press Complaints Commission.

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