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Billet de blog 4 décembre 2012

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Cameron s'enfonce un peu plus

Les semaines se suivent et se ressemblent pour le premier ministre britannique David Cameron. Après les deux camouflets administrés sans ménagement par ses concitoyens (lire ici un précédent billet), le leader conservateur a encore passé un vendredi, le 30 novembre, très inconfortable, par la faute des électeurs et par la sienne propre.

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Les semaines se suivent et se ressemblent pour le premier ministre britannique David Cameron. Après les deux camouflets administrés sans ménagement par ses concitoyens (lire ici un précédent billet), le leader conservateur a encore passé un vendredi, le 30 novembre, très inconfortable, par la faute des électeurs et par la sienne propre. En effet, d’une part le parti travailliste a encore gagné trois élections législatives partielles ; d’autre part la position adoptée par Cameron, lors de la publication des conclusions de la commission Leveson, a fait l’unanimité contre lui et a révulsé les victimes de la presse tabloïde.

Sur les trois partielles, le Labour a gardé ses trois sièges, Rotherham, dans le South Yorkshire, et Middlesbrough, dans le North Yorkshire, et Croydon North, situé dans le Greater London. A priori il n’y a donc aucune véritable surprise, puisque les travaillistes bénéficient de l’extrême impopularité du chef des conservateurs. Néanmoins, la double surprise de ces trois scrutins est venue d’une part de la disparition presque totale des LibDems des écrans radars politiques ; d’autre part de l’émergence d’un ovni, UKIP, United Kingdom Independent Party.

A Rotherham, le candidat LibDem est arrivé, suprême humiliation, en huitième position et ne sera pas remboursé des frais engagés. Dans les deux autres partielles, le parti de Nick Clegg se classe respectivement cinquième et sixième. En d’autres termes les LibDems sont devenus marginaux en moins de deux ans. Et comme le mécontentement l’emporte régulièrement sur le débat d’idées, UKIP profite de cette situation. De fait ce parti, qui avait jusqu’à présent surfé sur l’opposition systématique à l’Europe, sort de l’anonymat et des scores ridicules, puisqu’à Rotherham et Middlesbrough UKIP se classe deuxième derrière le Labour, et troisième à Croydon North.

Le quotidien britannique The Guardian avait précédemment ironisé, en reprenant un titre de roman de John Le Carré, sur cet authentique ovni politique : the party that’s coming from the cold, le parti qui vient du froid. Le froid, ou plutôt la glaciation politique engendrée par le retour de choix extrêmes que le Royaume-Uni n’avait pas connus depuis Margaret Thatcher. On savait que la dérive politique de Nick Clegg ressemblait désormais de plus en plus à celle d’un ours polaire sur un morceau de banquise et qu’il n’était plus d’aucune utilité dans la coalition contre-nature forgée avec les Tories. Mais il semble acquis que le premier ministre n’a besoin de personne pour s’auto-détruire.

Au terme de vingt-quatre heures d’un lourd silence après avoir reçu les conclusions du juge Leveson sur les débordements de la presse tabloïde, notamment des titres du groupe Murdoch, Cameron a d’abord tergiversé sur la nécessité de légiférer : "It would mean for the first time we have crossed the Rubicon of writing elements of press regulation into law of the land." Ce qui signifie : Cela (légiférer) signifierait que, pour la première fois, nous franchissons le Rubicon qui consiste à transformer en loi de ce pays des éléments de la régulation de la presse. Cette phrase, dont les accents lyriques se voulaient à la gloire de la liberté de la presse, n’a pas convaincu les nombreux sceptiques persuadés que, derrière cette noble envolée, ce sont les intérêts de son ami Rupert Murdoch auxquels le premier ministre portait secours. Le masque est tombé et tous ceux qui, depuis les parents de victimes jusqu’aux célébrités mises sur écoute téléphonique, ont eu à pâtir de la dictature de la presse à scandales, viennent de comprendre qui est vraiment David Cameron. Peut-être s’en souviendront-ils lors des prochaines élections générales…

http://www.guardian.co.uk/media/2012/nov/29/david-cameron-refuses-to-write-press-law?INTCMP=SRCH

http://www.guardian.co.uk/politics/2012/nov/30/labour-rotherham-byelection-ukip

http://www.guardian.co.uk/politics/2012/nov/26/ukip-party-coming-in-from-cold

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