Jean-Louis Legalery (avatar)

Jean-Louis Legalery

professeur agrégé et docteur en anglais retraité.

Abonné·e de Mediapart

552 Billets

20 Éditions

Billet de blog 6 octobre 2008

Jean-Louis Legalery (avatar)

Jean-Louis Legalery

professeur agrégé et docteur en anglais retraité.

Abonné·e de Mediapart

The Prince of Darkness is back

The Prince of Darkness est le surnom qui a été donné à Peter Mandelson par l'hebdomadaire satirique Private Eye, en raison des nombreuses affaires qui ont, toutes, jeté un certain discrédit sur le personnage.

Jean-Louis Legalery (avatar)

Jean-Louis Legalery

professeur agrégé et docteur en anglais retraité.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

The Prince of Darkness est le surnom qui a été donné à Peter Mandelson par l'hebdomadaire satirique Private Eye, en raison des nombreuses affaires qui ont, toutes, jeté un certain discrédit sur le personnage. Elu, en 1990, député de Hartlepool, dans une circonscription acquise au Labour, dans le nord-est du Royaume-Uni, Peter Mandelson s'est surtout fait connaître d'une part comme un inconditionnel de Tony Blair, d'autre part comme un artisan, avec Roger Liddle, autre blairite éminent, de la mise en place des deux concepts, relativement fumeux, de New Labour et de Third Way, imaginés par Anthony Giddens, directeur de la London School of Economics and Political Science. Mandelson est l'incarnation du spin doctor, ce prototype de chargé de communication prêt à déformer la réalité, à la tordre [sens littéral de to spin] pour faire passer le présumé message politique. Cette passion pour la communication vient, sans doute, de sa première activité. Avant d'entrer en politique Peter Mandelson était producteur de télévision pour London Weekend Television, membre du groupe ITV.

La surprise est donc grande, dans l'ensemble des partis politiques britanniques, y compris et surtout au parti travailliste, de voir Peter Mandelson quitter Bruxelles, où il était commissaire européen depuis 2004, pour entrer dans le gouvernement de Gordon Brown comme Business Secretary, secrétaire d'Etat au commerce et à l'industrie, où il a été nommé vendredi 3 octobre. Tout d'abord parce que les deux hommes ont toujours été de farouches rivaux et se détestent, comme le rappelle Lee Glendinning, dans l'édition du Guardian, du même jour. Ensuite parce que le nom de Mandelson est lié à plusieurs scandales et, seule l'amitié indéfectible de Tony Blair a pu empêcher que sa carrière ne soit terminée depuis longtemps.

La première affaire remonte à décembre 1998, quand il doit démissionner, alors qu'il est secrétaire d'Etat à la culture, du premier gouvernement Blair, pour avoir emprunté 373.000 livres sterling à 0% à son collègue député, le milliardaire Geoffrey Robinson pour acheter une maison à Notting Hill, et avoir omis de déclarer cette acquisition. Avant cela, en 1987, un des amants de Mandelson avait vendu de croustillants détails, à l'hebdomadaire à scandales The News of the World,sur leur vie intime. Vite pardonné par Tony Blair, Mandelson revient au pouvoir en 1999, comme secrétaire d'Etat à l'Irlande du Nord. Deux ans plus tard il est de nouveau contraint à la démission, pour avoir tenté d'obtenir la nationalité britannique pour deux hommes d'affaires indiens, les frère Hinduja, qui avaient la caractéristique majeure d'être de généreux contributeurs au gouffre financier du Dôme du Millénaire. Mandelson fut, à cette occasion, surnommé ministre du Dôme.

C'est donc non seulement un ennemi intime que Gordon Brown rappelle, mais également un élu dont la probité est loin d'être avérée. De fait la question posée par Brian Brady et Jane Merrick dans l'édition du 5 octobre du quotidien The Independent, est judicieuse : s'agit-il, de la part de Gordon Brown, d'un acte de désespoir ou d'une véritable inspiration ? Les deux mêmes journalistes rappellent également qu'à Corfou, il y a quelques six semaines, Peter Mandelson a dîné avec un membre du cabinet fantôme conservateur, George Osborne, et lui a confié tout le mal qu'il pensait de Brown. Dans le dernier numéro de The Observer, Andrew Rawnsley s'interroge, lui aussi, et se demande si Mandelson n'a pas plus à perdre que Brown de ce vaudeville travailliste, dans la mesure où, avec l'arrivée de ce blairite de poids, l'initiative de David Milliband [qui, néanmoins persiste et signe dans les colonnes de l'excellent mensuel Prospect] n'a pas du plomb dans l'aile. Le même Rawnsley renvoie au dernier sondage commandé par The News of the World et effectué par l'institut de sondage ICM, selon lequel le parti conservateur culmine toujours à 43% et le parti travailliste s'essouffle à 33% d'intentions de vote. Si les élections législatives avaient lieu demain au Royaume-Uni, le leader conservateur, David Cameron, aurait une majorité de 78 sièges à la chambre des communes. L'initiative de Brown ressemble fort à la politique de la terre brûlée.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.