Autrefois, lorsque le propriétaire d'un magasin entreprenait des travaux, la clientèle était informée par une formule lapidaire, "pendant les travaux, la vente continue", qui exprimait essentiellement l'angoisse légitime de voir la dite clientèle s'en aller vers d'autres horizons commerciaux. En ce dimanche 7 avril 2013, on pourrait aisément transposer cette annonce aux suites potentielles de l'affaire Cahuzac : après le séisme politique et moral, les connivences et les complaisances médiatico-politiques continuent de plus belle. En effet, on a le souvenir que le ministre de l'économie, Pierre Moscovici, avait largement utilisé les colonnes du JDD pour crier, en janvier, urbi et orbi qu'un document helvétique, que personne n'a jamais vu, blanchissait Jérôme Cahuzac. Quand la confraternité gouvernementale atteint de tels sommets, le citoyen lambda qui a espéré le changement de toutes ses forces ne peut qu'être groggy, dévasté par le coup pour parler le Cahuzac dans le texte.
Loin d'adopter la ligne Cahuzac, tout aussi perméable que la Maginot, les agences de communication se sont remises en action pour annoncer haut et fort que le même Pierre Moscovici va être l'invité d'Itélé, Europe 1 et le Parisien, en cette fin d'après-midi. Quel courage ! Quelle audace ! Et par qui va-t-il être mis sur le gril ? Jean-Pierre Elkabbach d'Europe 1, Michaël Darmon d'Itélé et Thierry Borsa du Parisien. On en tremble d'avance pour lui pour ce qui ressemble, en termes de football, à un arbitrage à la maison. Devant un auditoire aussi féroce, on en est inquiet. De quoi demain sera-t-il fait pour ce pauvre Moscovici ? Devra-t-il aller affronter le redoutable Apathie, puis Mère Pascale-Théresa Clark, qui, vendredi, sur les antennes de France-Inter, s'inquiétait du sort de Cahuzac :" Va-t-il bien ?" face à son interlocuteur médusé.
En termes de qualité d'information, on peut dire que pour le citoyen épris de démocratie c'est un bloody Sunday, d'autant que le journal de la mi-journée de France-Culture, d'ordinaire si brillant, avait choisi d'évoquer la moralisation de la vie publique à partir de l'affaire Cahuzac en interrogeant Michel Noir ! Une suggestion pour les prochains dimanches, avec une liste non exhaustive de témoins de moralité, Tapie, Carignon, Bédier...